Accueil > La Chine sur trajectoire stratosphérique

La croissance de la compagnie gérée par l’Etat PetroChina a été si considérable qu’en mi 2007 elle n’était plus que second derrière ExxonMobil sur le marché des valeurs des entreprises sur l’énergie. En fait, cette année, trois compagnies chinoises sont arrivées sur la liste des 10 sociétés les plus fortement évaluées du monde. Seuls les USA en ont eu plus avec cinq. Les réserves de devises étrangères de la Chine, de plus de 1.300 milliards de dollars, ont maintenant surpassé celles du Japon. Avec son produit intérieur brut (PIB) montant en flèche dépassant l’Allemagne, la Chine se classe N° 3 de l’économie mondiale.
Dans l’arène diplomatique, les dirigeants chinois ont franchi un nouveau cap en 1996 en parrainant l’Organisation de Coopération de Shanghai (SCO), se composant de quatre pays limitrophes : La Russie et les trois anciennes Républiques Soviétiques du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tadjikistan. Le SCO a commencé en tant qu’organisation de coopération avec l’objectif de parer à la contrebande de drogue et au terrorisme.
Plus tard, l’Ouzbékistan a été invité par le SCO à le rejoindre, bien qu’il se soit pas contiguë à la Chine. En 2003, le SCO a élargi son domaine en incluant la coopération économique régionale dans sa charte. À tour de rôle, cela a mené à accorder le statut d’observateur au Pakistan, à l’Inde et à la Mongolie — tous contiguë à la Chine — et à l’Iran, qui ne l’est pas. Quand les USA ont fait une demande de statut d’observateur, ils ont été rejetés, une mésaventure embarrassante pour Washington, qui aimerait avoir un tel statut à l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique.
Au début de ce mois-ci, la veille du sommet du SCO à Bichkek, capitale du Kirghizstan, le groupe a conduit ses premiers exercices militaires communs, la mission au nom de code Mission de Paix 2007, dans la région russe de Chelyabinsk dans l’Oural. « Le SCO est destiné à jouer un rôle essentiel en assurant la sécurité internationale, » a dit Ednan Karabayev, ministre des affaires étrangères de Kirghizstan.
À la fin de l’année dernière, comme l’hôte du forum Chine-Afrique à Pékin attendait les dirigeants de 48 des 53 nations africaines, la Chine a laissé les USA terriblement derrière dans la course diplomatique pour ce continent (et ses hydrocarbures et autres ressources). En échange du pétrole d’Afrique, du minerai de fer, de cuivre et du coton, la Chine a vendus des marchandises à bas prix aux Africains, et a aidé les régions africaines dans le bâtiment et l’amélioration des routes, les chemins de fer, les ports, les barrages hydroélectriques, les systèmes de télécommunications et les écoles. « L’approche occidentale d’imposer ses valeurs et son système politique à d’autres pays ne semble pas acceptable pour la Chine, » a dit Wang Hongyi, spécialiste de l’Afrique de l’Institut de Chine des Études Internationales. « Nous nous focalisons sur le développement mutuel. »
Pour réduire le coût du transporter du pétrole d’Afrique et du Moyen-Orient, la Chine a commencé à construire un pipeline pétrolier à travers le Myanmar (la Birmanie) depuis la Baie du Bengale jusqu’au sud-ouest de la province du Yunnan, réduisant de ce fait la distance parcourue actuellement par les navires-citernes. Cela a sapé la campagne de Washington pour isoler le Myanmar. (Plus tôt, le Soudan, boycotté par Washington, avait émergé comme principal fournisseur de pétrole africain en Chine.) De plus, les compagnies pétrolières chinoises ont concurrencé avec acharnement leurs homologues occidentales, obtenant l’accès aux réserves d’hydrocarbures au Kazakhstan et en Ouzbékistan.
« La diplomatie pétrolière de la Chine met le pays sur une trajectoire de collision avec les USA et l’Europe de l’ouest, qui ont imposé des sanctions à certains pays où la Chine réalise des affaires, » commentait William Mellor de Bloomberg News. Ce sentiment est reflété de l’autre côté. « Je vois la Chine et les USA entrant en conflit sur l’énergie dans les années à venir, » a dit Jin Riguang, conseiller pétrolier et gazier au gouvernement chinois et membre du Comité Permanent du Conseil Consultatif Politique Chinois.
L’industrialisation et la modernisation de la Chine ont aussi stimulé la modernisation de ses militaires. Le test de tir du premier missile antisatellite du pays, qui a réussi à détruire un satellite chinois périmé en janvier, a démontré dramatiquement ses prouesses technologiques croissantes. Washington alarmé avait déjà remarqué l’augmentation de 18% du budget de la défense de la Chine en 2007.
Attribuant l’élévation à des dépenses supplémentaires dans les missiles, la guerre électronique et autres articles de haute technologie, Liao Xilong, commandant du département de la logistique général de l’Armée de Libération du Peuple, a dit : « Le monde actuel n’est plus pacifique, et pour protéger la sécurité nationale, la stabilité et l’intégrité territoriale, nous devons augmenter convenablement les dépenses pour la modernisation militaire. »
Le budget avoué de la Chine de 45 milliards de dollars était une fraction minuscule des 459 milliards de dollars du Pentagone. Pourtant en mai, un rapport du Pentagone a noté l’élévation rapide de la Chine « comme puissance régionale et économique avec des aspirations mondiales » et a affirmé qu’elle était en train de planifier des projets militaires au-delà du Détroit de Taiwan dans la région Asie-Pacifique, en préparation à de possibles conflits pour des territoires ou des ressources.
L’unique superpuissance dans le champ de l’histoire
Ce défi disparate à la prééminence mondiale des USA provient, comme beaucoup de conflits acerbes, des ressources naturelles, en particulier du pétrole et du gaz naturel, comme des différences idéologiques sur la démocratie, du style US, ou les droits de l’homme conçus et favorisés par les décideurs occidentaux. Les perceptions au sujet de l’identité nationale (et impériale) et de l’histoire sont aussi en jeu.
Il est remarquable que les responsables russes applaudissant la rapide montée post-Soviétique de la Russie en se référant tendrement à l’ère de la révolution pré-Bolchevique où, selon eux, la Russie tsariste était une grande puissance. Les dirigeants chinois restent eux aussi fiers du long passé impérial de leur pays, unique parmi les nations.
Une fois vue globalement et dans le grand déroulement de l’histoire, la notion de l’exceptionalisme des USA qui a conduit les néo-conservateurs à proclamer le Projet pour le Nouveau Siècle US vers la fin du 20ème siècle — adopté aussi inconditionnellement par l’administration Bush — n’a rien de neuf. D’autres superpuissances ont été là avant, et elles aussi ont été témoins de la perte de leur position principale au profit des puissances qui montent.
Aucune superpuissance des temps modernes n’a maintenu sa suprématie pour plus de quelques générations. Et même si leurs dirigeants exceptionnels peuvent eux-mêmes l’avoir pensé, les USA, déjà manifestement au delà de leur zénith, n’ont aucune chance de devenir une exception de ce modèle séculaire de l’histoire.
IlROsso....
Source :
– http://www.atimes.com/atimes/Middle...