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La France en totale asphyxie carcérale
Publie le samedi 14 juillet 2007 par Open-Publishing1 commentaire
CLAUDE ANSERMOZ
En supprimant les grâces présidentielles collectives du 14 juillet, Nicolas Sarkozy relance le débat sur la surpopulation dans les prisons françaises. Ce d’autant plus que le nombre de détenus ne cesse d’augmenter dans des établissements pénitentiaires dépassés.
La fin de l’Etat de grâce. Plus d’amnistie collective pour les prisonniers français. Ainsi en a décidé Nicolas Sarkozy, qui veut rompre avec cette mesure symbole, accordée par les présidents de la République tous les 14 juillet.
L’an dernier, près de 3500 détenus avaient ainsi pu bénéficier d’une libération anticipée. Une goutte d’eau par rapport à la surpopulation carcérale française actuelle. En juin, on comptait 63 ?598 « personnes sous écrou », alors qu’il n’y a que 50 329 places opérationnelles. Dans certains établissements, le taux d’occupation dépasse allègrement les 200%.
Une note de l’administration pénitentiaire, présentée le 11 juillet, vient compléter ce constat alarmant : pas moins de 80 000 personnes pourraient être détenues en 2017. Le problème semble donc durable. A ceci s’ajoutent des prisons vétustes et des conditions d’hygiène souvent déplorables. « Inhumain et dégradant », jugeait un rapport du Conseil de l’Europe datant de 2003.
« Les rats arrivent »
« Personne ne regrettera la fin de la grâce présidentielle qui ressemblait à un emplâtre sur une jambe de bois, admet Christophe Marques, de FO pénitentiaire. Même si au niveau psychologique, la pilule a été difficile à avaler pour certains prisonniers. » Et le maton syndicaliste d’égrener les maux : « La moitié des maisons d’arrêt, 100 sur 192, ont été construites avant 1914. Certaines datent du XVIIe siècle. Et toutes sont pour une bonne part suroccupées à plus de 150%. Les murs s’écroulent sous les infiltrations d’eau. Les rats arrivent. On met parfois quatre prisonniers dans une cellule individuelle de 9 mètres carrés. Avec des matelas par terre. Souvent, les détenus n’ont droit qu’à deux douches par semaine, au lieu des trois réglementaires. Une vraie cocotte-minute. » Et si 13 200 nouvelles places de prison devraient sortir de terre d’ici 2012, c’est avant tout pour remplacer un parc pénitentiaire vieillissant.
« La surpopulation carcérale a commencé avec le 11 septembre 2001 (ndlr : en octobre 2001, il n’y avait en France « que » 46 000 détenus) et une montée au créneau contre le non-lieu suite à plusieurs affaires, analyse Pierre-Victor Tournier, chercheur au CNRS. Depuis 2002, l’arsenal de ces nouvelles lois répressives a jeté 10 000 personnes dans les prisons. » Avec la prochaine entrée en vigueur du nouveau dispositif instaurant des peines planchers pour les récidivistes (lire notre édition du 6 juillet), la situation devrait empirer. Le scientifique a fait une projection : Dans les cinq ans, la surpopulation carcérale pourrait atteindre 32 000 détenus : « Le coût d’une nouvelle place de prison, c’est 100 000 euros. Si vous multipliez ce chiffre par 32 000, vous dépassez l’entier du budget duMinistère de la justice. »
Peu de mesures alternatives
Pour l’ensemble des professionnels, la réforme doit passer par une meilleure politique des aménagements de peine. « Moins de 5% des prisonniers ont eu droit à un régime de liberté conditionnelle, a calculé Tournier. C’est un taux ridicule en comparaison européenne. » Idem pour la semi-liberté, les bracelets électroniques, les placements à l’extérieur ou les travaux d’intérêt général. « En France, on préfère remplir les prisons à des mesures alternatives », constate Anne Franco, du Syndicat de la magistrature. La juge estime « que cela reflète un choix politique et non pas la réalité de la violence dans notre pays ». Christophe Marques déplore « ceux qu’on relâche, on les met dans la rue et on ne s’en occupe plus. Comment voulez-vous qu’ils ne récidivent pas ? »
Messages
1. La France en totale asphyxie carcérale, 15 juillet 2007, 11:11
je l’ai vu dans 24H .... et pas sur la tribune Sorry
mais peut-être est-il reproduit ds tribune