Accueil > La LCR à la peine, Michel Soudais
La LCR à la peine, Michel Soudais
Publie le mardi 26 septembre 2006 par Open-Publishing1 commentaire
La LCR à la peine
Michel Soudais
Le refus de la Ligue de rejoindre le rassemblement antilibéral passe mal, alors que cette perspective séduit de plus en plus le PCF.
Les fêtes de l’Huma se suivent mais ne se ressemblent pas. L’an dernier, l’attention médiatique s’était portée sur l’accueil bruyant fait à Laurent Fabius lors d’un débat auquel le député de Seine-Maritime avait été convié pour parler de l’avenir de l’Europe après le rejet du traité constitutionnel. On se souvient qu’un oeuf lancé par un petit groupe de provocateurs, en présence de quelques caméras, avait aussitôt été interprété comme une manifestation d’hostilité des communistes à l’encontre de l’ancien Premier ministre. Rien de tel cette année, où le candidat à la candidature socialiste s’est promené dans les allées de la fête sans rencontrer d’hostilité. En revanche, c’est une véritable bronca qui a accueilli Anne Leclerc, membre dirigeante de la LCR, quand celle-ci est venue expliquer, à la tribune du débat organisé par le collectif d’initiative unitaire national, le refus persistant de son organisation de rejoindre le rassemblement antilibéral qui se dessine en vue de présenter des candidatures communes aux élections présidentielle et législatives de 2007.
Interrompue aux cris d’« unité, unité », elle a eu toutes les peines du monde à expliquer pourquoi la LCR refusait l’accord politique adopté, le 10 septembre, lors de la rencontre nationale des collectifs unitaires, à Saint-Denis (Politis, n° 917). Devant le stand de la LCR, où des militants distribuaient une lettre ouverte aux militants et aux sympathisants du PCF, Alain Krivine a dû aussi mouiller sa chemise pour répondre aux critiques incessantes de militants déçus du cavalier seul de la Ligue. Samedi après-midi, face à des communistes landais qui lui reprochent de dire « on ne peut pas gagner » alors que le 29 mai a montré que c’était possible, le fondateur de la LCR explique : « Il ne faut pas avoir d’illusion. La gauche anticapitaliste n’est pas majoritaire. Si le "non" a été majoritaire, c’est grâce au vote fasciste. »
Isolée dans une fête où le nécessaire rassemblement de toutes les forces antilibérales était le principal mot d’ordre, la LCR est aussi profondément divisée. Pour la première fois, des militants de sa minorité distribuaient dans les allées de la fête une appréciation radicalement différente de celle de leur direction sur la réunion du 10 septembre. « L’exigence portée par la LCR et d’autres forces d’une clarification sur la question d’une éventuelle participation à un gouvernement du PS a été prise en compte », y affirment Léonce Aguirre et Christian Picquet, estimant qu’il est « possible d’aller plus loin ». Ce dernier a d’ailleurs rejoint le collectif de porte-parole provisoire mis en place à l’issue de la réunion de Saint-Denis. Une participation qui irrite la direction de la LCR. « Jusqu’à preuve du contraire, c’est à la LCR de choisir ses propres représentants ! », lit-on dans sa lettre interne, la Lettre rouge, en date du 11 septembre. Elle y reconnaît aussi l’« incontestable éclatement » des interventions des membres de la LCR, et juge « grave » le fait que certains « camarades minoritaires » se soient « désolidarisés des positions majoritaires de la LCR ».
Lire la suite dans Politis n° 918
Messages
1. > La LCR à la peine, Michel Soudais, 26 septembre 2006, 18:21
Je remets cette analyse qui me semble assez complète et qui pour ma part me convient très bien. Je ne suis pas sûr que ce soit ceux qu’on croit qui soient à la peine...
OC
Lettre à ceux qui pensent que la LCR est raide, bloquée et manœuvre au lieu de faire de la politique.
1. Pour nous (à tort ou raison n’est-ce pas) la question clé qui se pose en France comme en Europe est la suivante :
Suite à dix ans de montée du mouvement des Résistances au libéralisme
– soit celles-ci arrivent à se structurer de façon indépendante des jeux politiciens et institutionnels du système, et sur une orientation politiquement claire : anticapitaliste (ce qui n’est pas synonyme de révolutionnaire),
– soit elles se laissent entraîner dans le jeu institutionnel et politicien du système autour en gros du social libéralisme et de ceux qui n’arrivent pas à s’en dégager et ses « élites » et partis y perdront leur âme et leur crédibilité auprès des travailleurs lorsque comme au Brésil ils seront amenés à ne pas remplir leurs promesses voire à s’opposer au mouvement de masse.
Pour nous c’est l’enjeu majeur et nous voulons donc contribuer à construire un courant politique large qui se déclare radicalement indépendant du social libéralisme*** et radicalement anti-libéral c’est à dire anticapitaliste. Et qui ne démoralise pas par des trahisons ou des politiques sinueuses incompréhensibles.
2. Nous pensons que dans les collectifs les forces organisées : PCF, PRS, Alternatifs, équipe Debons Salesse, les Bovétistes ont certes comme objectif de créer une force antilibérale (voir la plateforme). Mais ils la veulent « assez réaliste » pour une fois construit un rapport de force (qu’ils surestiment, mais on verra) négocier avec le PS un programme « plus à gauche ».
3. Pour nous le PS n’a pas seulement un projet social libéral, il est par sa direction, la grande majorité de ses élus, sa culture et ses pratiques social libéral jusqu’à l’os.
4. Toute tentative d’accord avec lui ne serait pas antilibéral sauf à la marge, il se paierait de renoncements terribles, au mieux par exemple par le report de la sortie du pacte de stabilité, l’étalement de mesures antilibérales, etc.
Donc de la poursuite d’une politique sur le fond libérale, même atténuée.
Et qui dit report et étalement dit abandon : travail d’usure du PS soutenu par la droite et le patronat, démobilisation des travailleurs (appelés à la patience par… les antilibéraux signataires de l’accord avec le PS) etc.
Nous pensons donc qu’il ne faut prévoir ni accord parlementaire ni accord gouvernemental avec le PS.
ET MENER LA CAMPAGNE UNITAIRE CLAIREMENT SUR CETTE BASE pour ne donner aucune illusion
1) sur un accord antilibéral possible avec le PS
2) sur une majorité de changement avec le PS
Pour nous c’est une condition décisive de tout accord.
Maintenant des camarades nous disent mais le texte des collectifs est en gros d’accord là dessus, la direction pinaille car elle ne veut pas d’accord et veut présenter à tout prix Besancenot et les amendements en particulier celui sur le PS sont manœuvriers.
1) pourquoi si tout le monde dans les collectifs est tellement attaché à ce que la LCR en soit, n’a-t-il pas été accepté notre formulation :
« Pas d’accord ni parlementaire ni gouvernemental avec la direction du PS » ?
N’est-ce pas parce que justement le projet politique des uns et des autres (je parle du PCF, des Alternatifs, du PRS et de l’équipe Debons-Salesse ) ...est un accord avec le PS et que les collectifs de base non tenus par le PCF se font mener en bateau ?
Ou alors il faut qu’on m’explique.
2) les camarades disent que le texte et le paragraphe 10 en particulier veulent dire qu’il n’y aura pas d’accord avec le PS.
Si c’est ce que ça VEUT DIRE, alors pourquoi est-ce que ça NE LE DIT PAS ?
Pourquoi ces dirigeants si unitaires ne veulent-ils pas faire cette unité là avec nous ?
Parce qu’il y a là un problème beaucoup plus gros : un projet politique que les camarades tout impatients et affolés par leur soif compréhensible d’unité et leur peur de la droite sarkozyste, ne veulent pas voir.
Une autre raison peut être que des camarades renoncent pour le moment à construire une organisation et un courant anticapitaliste indépendant et se satisfont d’une force antilibérale floue en espérant y découper un jour un courant révolutionnaire ou anticapitaliste. L’expérience du Brésil devrait les faire réfléchir, celle de l’Italie aussi et la rupture en cours en Allemagne entre le PC local et la gauche de la gauche WASG pourtant antilibérale, aussi.
Nous pensons que cette dérive, cette satellisation par le social libéralisme et ce retour dans le giron des jeux institutionnels et politiciens classiques, pendent au nez du mouvement des collectifs, et que cela justifie notre obstination et notre refus d’entrer dans le jeu. Et la jouer « Olivier est un des porte parole des collectifs mais qui dirait autre chose que… le texte » est un double langage que contrairement à ce qui se dit nous ne pratiquons pas.
3) le but n’est-il pas plutôt depuis le début
a) de casser la LCR en deux (le PCF aime tellement la LCR qu’il en veut deux) et des camarades se prêtent à ce triste jeu.
b) d’éliminer la figure Besancenot qui est la seule fondée sur une indépendance radicale vis à vis du PS et dont la popularité et l’audience plombe les autres, en particulier Buffet.
c) de tirer les courants issus de la bataille du non vers une compatibilité critique avec le social libéralisme.
d) d’assurer au PCF une survie (un poids et des élus) avec des personnalités issues du mouvement social plus ou moins autoproclamées mais comme par hasard faisant toutes parties ou ayant fait partie d’une exécutif sous domination du PS ( de Clémentine Autin à Yves Salesse) ou étant d’accord pour y aller (Bové).
4) est-il innocent que ni le collectif national ni le PCF ne protestent contre la liste municipale de Bordeaux, formée contre Juppé où le PCF a refusé une liste des antilibéraux que nous proposions pour faire une liste avec le PS dirigé par le chef des ouistes locaux ?
Savez vous sur quels arguments ?
Pas la « gagne antilibérale assurée d’être majoritaire » de Buffet, mais l’inverse : que si on veut battre Juppé (demain Sarkozy ?) il faut s’allier au PS !
Et deuxième argument : que si le PCF veut conserver autant d’élus il faut l’alliance avec le PS.
Si le paragraphe 10 voulait dire ce que certains veulent y lire, alors Bordeaux en plein débat sur les candidatures unitaires, sur le programme, l’indépendance vis à vis du social libéralisme devrait faire scandale ! Pas les positions de la LCR !
5) enfin , j’en termine, les collectifs débattent actuellement de savoir les conditions d’une négociation avec le PS s’ils ont plus de députés que lui.
Etonnant non ?
Voilà en gros ma position.
Alors on peut crier aux manœuvres de la direction, feu sur le quartier général etc… il est plus difficile de garder son sang froid, de cerner les enjeux décisifs et de faire ses choix même si ceux-ci sont lourds à porter et peuvent conduire à un sentiment d’isolement… vis à vis des autres forces politiques.
Jacques
*** c’est pourquoi nous n’avons pas de consigne de vote AUTOMATIQUE de deuxième tour, si Ségolène continue à mener une campagne sarkozyste de gauche, nous pourrions dire que nous souhaitons la défaite de la droite mais qu’il appartient hélas au PS de convaincre nos électeurs, que nous on n’y arrive pas au vu de sa campagne.