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La LCR rénove ses statuts et défie la gauche libérale

Publie le mardi 27 novembre 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

de Caroline Monnot

Le 15e congrès de la Ligue communiste révolutionnaire s’est achevé, dimanche 2 novembre, sur un appel à la création d’un "parti anticapitaliste de masse". Le mouvement trotskiste a abandonné la référence à la "dictature du prolétariat " mais adopte une position très hostile au PS.

C’est dialectique. La Ligue communiste révolutionnaire (LCR), dont le 15e congrès s’est achevé dimanche 2 novembre à la Plaine- Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), entend concilier " effet Besancenot" et alliance électorale avec Lutte ouvrière (LO) qui, à ses yeux, doit permettre à l’extrême gauche trotskiste de s’affirmer comme " la quatrième force politique" à l’occasion des élections régionales et européennes du printemps 2004.

Les 350 délégués présents au congrès ont ainsi entériné, à une large majorité - 69 % des mandats - le protocole d’accord avec l’organisation d’Arlette Laguiller. Parallèlement, ils ont plus massivement encore - à 82 % des suffrages cette fois - adopté un appel à la formation d’un " grand parti anticapitaliste et pluraliste", s’adressant au mouvement social, aux altermondialistes, à la gauche radicale comme aux militants socialistes, communistes, écologistes déçus par leurs formations respectives. Des assises nationales en vue du lancement de ce futur grand parti sont d’ores et déjà programmées pour la fin 2004.

Pour boucler le tout, les délégués au congrès se sont enfin dotés - à plus de 85 % des suffrages - de nouveaux statuts qui abandonnent notamment toute référence à " la dictature du prolétariat" et tournent désormais le dos à une certaine orthodoxie léniniste. Traversée par des inspirations plus libertaires, la LCR y affiche son engagement en faveur d’un projet de société autogestionnaire et d’une " démocratie sans précédent".

" Il s’agissait de se doter de statuts compréhensibles et diffusables auprès de nouveaux adhérents et de se mettre en conformité avec la réalité de la Ligue d’aujourd’hui", explique Léon Crémieux, membre du bureau politique.

La LCR, dont les effectifs - qui tournent autour de 3 000 militants - ont doublé depuis le précédent congrès, il y a trois ans, entend ainsi prendre acte du rajeunissement de ses troupes et du petit appel d’air créé à l’issue de la campagne présidentielle d’Olivier Besancenot en 2002.

Du coup, la réécriture des statuts est sans précédent depuis 1969, date de la création de la Ligue communiste, même si de multiples petites corrections avaient été apportées depuis. " En 1969, on s’était doté de statuts ultra-léninistes car l’analyse en cours à l’époque était que Mai 68 était une répétition générale avant une révolution qui nécessiterait un parti d’avant garde et de militants professionnels dûment sélectionnés", poursuit Léon Crémieux. Il y a dix ans, la Ligue avait déjà abandonné l’obligation statutaire de pseudonymes, celle de prévenir le parti de ses mutations géographiques ainsi que la période de probation de six à dix-huit mois imposée à ses militants avant d’acquérir le droit de vote.

Avec sa réforme des statuts, la LCR couronne un aggiornamento programmatique engagé à la suite de la chute du mur de Berlin. " C’est une manière de dire que le cycle ouvert par octobre 1917 est aujourd’hui refermé, qu’il faut fonder un nouveau projet de transformation sociale où les idées de socialisme, de lutte des classes, mais aussi de démocratie sont centrales", expliquent ses dirigeants, tout en notant que le débat sur les formes de la démocratie reste ouvert dans la Ligue.

A l’occasion de son congrès, la LCR a également appliqué pour la première fois une parité hommes-femmes intégrale dans ses instances dirigeantes. Par ailleurs, le comité central rebaptisé "direction nationale" a été renouvelé " à plus de 40 %", avec l’arrivée de 34 nouveaux entrants.

Reste que le télescopage entre ces signes d’ouverture et l’alliance électorale nouée avec Lutte ouvrière laisse perplexe. La direction de la LCR dément vouloir chercher à gagner sur les deux tableaux. Il ne s’agit pas, selon elle, de chercher ainsi à corriger auprès d’une partie de son électorat l’impression de repli que pourrait donner l’alliance avec LO. " Ces orientations sont tout à fais complémentaires", estimait dimanche après-midi, Alain Krivine, l’un des porte-parole de la Ligue. " Les listes communes avec LO prouvent qu’on sait faire un accord et l’appel à un grand parti anticapitaliste montre que l’on ne se limite pas à un tête-à -tête exclusif à l’extrême gauche politique", expliquait-il.

Pour Christian Picquet, chef de file de l’opposition à l’accord avec LO, " la réforme des statuts tout comme l’appel à la formation d’un grand parti anticapitaliste montre le fossé béant qui existe entre les deux organisations d’extrême gauche". " Avec le score de Besancenot à la présidentielle, on avait de l’or entre les mains. J’ai peur, malgré tout, qu’on soit en train de le transformer en plomb", confiait pour sa part Alain Mathieu, autre opposant à l’accord.

L’abandon à la référence à la dictature du prolétariat à la LCR devrait en tout cas faire grincer quelques dents du côté de Lutte ouvrière et conforter l’organisation d’Arlette Laguiller dans son appréciation générale d’une LCR peu fiable.

Dans un entretien au Monde du 5 février, Robert Barcia dit "Hardy", dirigeant historique de Lutte ouvrière avait, il est vrai, qualifié "d’ opportunisme" la référence d’Olivier Besancenot à la tradition libertaire et réaffirmé l’attachement fondamental de son organisation aux principes du centralisme démocratique. Principes que vient tout juste d’aménager la LCR.

Le vote trotskiste tente 22 % des Français

Près d’un Français sur quatre (22 %) n’ayant jamais voté pour un candidat d’extrême gauche le fera "peut-être" lors des prochaines élections régionales (contre 57 % qui ne le feront jamais), révèle un sondage de l’IFOP publié le 2 novembre par Le Journal du dimanche. Par ailleurs, 9 % des sondés déclarant avoir déjà donné leur voix à un candidat trotskiste affirment qu’ils le referont "sans doute" (9 % ne le referaient pas) au printemps prochain, portant ainsi le réservoir de voix des trois mouvements trotskistes (LO, LCR, PT) à 31 %.

Selon ce sondage, 71 % des personnes interrogées ne souhaitent pas que la gauche recherche un accord électoral avec l’extrême gauche aux prochaines élections, tandis que 79 % des sondés ne veulent pas que la droite passe un tel accord avec l’extrême droite. Cette enquête a été réalisée les 30 et 31 octobre auprès d’un échantillon de 1 007 personnes âgées de 18 ans et plus.

Le Monde, 4.11.2003

Messages

  • Encore un grand complot du capital contre le grand parti lancé à pleine vitesse sur les rails d’acier (au carbure de titane) de la vérité certifiée.... Hi hi...

    Le courant dont parle l’article n’a pas démérité, vu d’où il venait, ce qu’il était et à qui il était confronté. J’en connais bien d’autres qui ont disparu, torchés de la surface de la terre. Pendant que d’autres partis de 20% se retrouvaient à 2% (prêts à hurler de victoire et de soulagement si ils remontent à 5%)..

    Sérieux, évidemment que ce courant politique se cherche , mais tous les courants, partis se cherchent actuellement, réfléchissent en se battant. Et c’est tant mieux.

    Ne serait-il pas meilleur de débattre du fond comme de l’orientation tactique, que tous nous avons à prendre ?

    Pour l’instant, ce n’est pas seulement la reconstruction d’un parti que nous avons à faire, mais en toile de fond la reconstruction d’une classe ouvrière dans sa force, ses organisations permanentes, ses réseaux, ses associations, ses syndicats et ses partis. Et pas comme des bébés collés à la tétine d’un mandat d’élu.

    Et en même temps réussir à contrer l’offensive des ultra-libéraux, au moins l’endiguer pour pouvoir repartir à la contre-offensive.

    Le reste,.....

    Copas

    • Copas...Toujours aussi pointu dans la réflexion,mais une camarade élue ,dans notre débat sur le renouveau du PCF au cours de notre dernière réunion de cellule préparant l’assemblée extraordinaire, ne voulait entendre parler que de la prochaine élection municipale jugée primordiale .Nous lui avons répondu que tout se tient et que le résultat sera encore meilleure si nous combattons la politique Sarkhoziste et sa représentante locale avec vigueur avec un parti communiste présent partout par ses militants dans l’action et le débat sur le changement de socièté.Certains élus parfois croient encore que leur action municipale est majeur dans le combat contre la bourgeoisie,alors qu’ils ne font que gérer avec un peu de social la pseudo-démocratie bourgeoise .D’ailleurs 8 élus de Marseille ont rejoint Guérini sans l’avis des camarades,ce qui prouve le degré 0 de leur réflexion révolutionnaire...Mais peut-être changeront-ils d’avis devant le mouvement populaire en action.? Bernard SARTON,section d’Aubagne

    • Il y a un énorme problème avec ce que j’appelle la culture électoraliste....

      Des dizaines d’années de pratiques "aculturées" de celle-ci et les gens ne savent plus d’où vient la force d’un parti de travailleurs, ils ne comprennent plus pourquoi ils prennent une avoine.

      Ce n’est pas dans des élections que ça se joue ! Les municipale c’est secondaire, SECONDAIRE ! Pourtant une campagne électorale c’est passionnant, des fois même enthousiasmant... Mais l’objectif c’est la conscience, que les gens s’organisent , ....

      La force électorale des banlieues "rouges" procédait d’abord et avant tout d’une organisation des travailleurs et de conquêtes sociales, de mouvements durs du front populaire, des usines occupées, de la résistance, de cellules d’entreprises, du journal qu’on vendait dans les cages d’escalier. Ceux qui ont cru que c’était une affaire de 51% ont tout perdu, et nous avec.

      Les batailles dans le monde du travail et las classes déshéritées sont les plus importantes et c’est là que se règle notre avenir (et incidemment des victoires électorales) .

      Si les victoires électorales suffisaient nous aurions fait mille fois la révolution. Regardons ce qu’il en est advenu au concret des victoires électorales de la gauche quand celles-ci étaient considérées comme le fin du fin et l’arrivée au havre de l’espérance. Ca c’est du concret, pas du procès d’intention...

      Ce n’est pas là de l’anti-électoralisme mais de la nécessité de relativiser la place des batailles électorales, de ré-équilibrer les batailles politiques en les recentrant sur la capacité d’initiative autonome des travailleurs, leur organisation (assoss partis syndicats...), leur indépendance totale vis à vis de l’agglomération en appareil d’élus...

      On voulait avoir Solferino et on a eu Neuilly, comme toujours ... (chanson...)

      De la méthode !

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