La Plan B n° 16

Très stimulé par la crise économique, Le Plan B s’en prend aux « sous-doués » qui avaient tout compris et qui refont le monde. RTL, en particulier, qui, après avoir remis Jean-Marc Rouillan en prison, estime que les banques françaises se portent à merveille et que Sarkozy doit accélérer ses réformes. Le journal prend également un malin plaisir à citer les grandes plumes qui ont (provisoirement, espérons-le) retourné leur veste quant à leur analyse du capitalisme : Plenel, Joffrin, Attali, Julliard, Minc, Giesbert.

Oublions les crédits toxiques, comme à Toulouse où la Caisse d’Épargne a piégé des bailleurs sociaux avec des produits financiers risqués.

Le Plan B dénonce la présence active de Bernard Maris (directeur-adjoint de Charlie Hebdo) dans des pince-fesses de l’UMP (http://blogbernardgensane.blogs.nou...), avant de s’en prendre à une nouvelle coqueluche des médias français, le journaliste étatsunien Ted Stanger, pour qui la France est « le dernier pays soviétique ». Cet anti-communiste primaire est également un spécialiste des prévisions ratées (il a longtemps vu McCain victorieux). Il souhaite à la France plus de « discipline » et la disparition du Code du travail que "même Einstein ne pourrait pas comprendre". On conçoit qu’un observateur aussi nuancé soit invité partout et fasse pouffer de rire Pascale ClarK.

Le Plan B s’apitoie sur le sort de Philippe Val, conférencier au Conservatoire de Paris, où il défend son ami B-H L : « Sauf si on n’aime pas les chemises ouvertes, qu’il suscite de la haine, c’est louche ! »

Le journal détaille le parcours rectiligne de Claude Askolovitch, de gauche sous Jospin, chiraquien sous Chirac, tout dévoué à Sarkozy aujourd’hui. Jouit-il des mêmes avantages acquis que la fine fleur de ses confrères (Imbert, Duhamel, Giesbert) qui ont table ouverte et gratuite dans les meilleurs restaurants de Paris, ce qui leur permet, l’esprit tranquille, de peaufiner leurs critiques contre les avantages sociaux des cheminots et des enseignants ?

Le Plan B retourne à Mulhouse et décrit longuement la coté radieuse de « HLM garantis sans pauvres ».

Le journal met également en regard le traitement par nos médias d’un très important mouvement en Corée contre l’importation de viande étatsunienne suspecte (700000 manifestants) et de l’affaire du couple français qui avaient caché ses nourrissons dans un congélateur. Inutile de se demander de quoi les médias n’ont pas parlé.

On n’en a jamais fini avec les éminences qui déraillent. Ainsi Denis Olivennes, patron du Nouvel Obs : « Nous sommes dans une société qui, du point de vue de son mode de fonctionnement et de ses valeurs, est en fait une société de gauche ». Les lecteurs du prestigieux hebdomadaire risquent d’être un peu déboussolés, d’autant qu’ils ont perdu Askolovitch qui, phare de l’obamisme, déplore qu’il n’y ait qu’une seule élue de couleur à l’Assemblée nationale. Il oublie qu’on n’y trouve qu’un seul ouvrier contre 51 cadres supérieurs et 39 avocats. Il y a plus de quarante ans, après avoir observé l’existence de classes à l’intérieur de la communauté noire, Malcolm X expliquait : « On aurait tort de définir la révolte des Noirs comme un simple conflit racial entre Noirs et Blancs, ou comme un problème purement américain. Au contraire, nous assistons aujourd’hui à la rébéllion générale des orrpimés contre leurs oppresseurs, des exploités contre leurs exploiteurs. La révolution noire n’est pas une révolte raciale. »

Dans sa page histoire, Le Plan B évoque « le plan Paulson des sans-culottes », quand, en 1793, le petit peuple affamé propose une solution originale à la crise économique : abolir le marché et pendre les accapareurs. Tout naturellement, 200 ans plus tard, François Furet, ami d’Alain Minc, qualifiera cela de « dispositif absurde contraire à la rationalité économique », porteur en germe d’une « administration largement inefficace, chère et tyrannique. »

Et puis il y a cet extraordinaire verbatim de François Chérèque (http://blogbernardgensane.blogs.nou...), où le syndicaliste "de dialogue" laisse clairement entendre, devant une assemblée choisie de vingt patrons, qu’il a voté Sarkozy à la dernière présidentielle.