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La Turquie résolue à intervenir contre les rebelles kurdes
Publie le lundi 22 octobre 2007 par Open-PublishingPar Evren Mesci et Gareth Jones
ANKARA (Reuters) - La Turquie s’est déclarée déterminée à agir contre les rebelles kurdes qui ont tué 17 de ses soldats, mais elle a indiqué que Washington lui avait demandé de s’abstenir pendant quelques jours de se lancer à leur poursuite dans leurs repaires du nord de l’Irak.
L’attaque, la plus meurtrière en plus de dix ans lancée par les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), est intervenue quatre jours après l’adoption par le Parlement turc d’une motion autorisant l’armée à pénétrer dans le nord de l’Irak pour combattre les rebelles.
Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a déclaré que la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice avait demandé à la Turquie d’observer une pause de quelques jours avant une éventuelle riposte.
"Nous attendons des Etats-Unis qu’ils prennent des mesures rapides (contre le PKK) compte tenu de notre partenariat stratégique", a déclaré Erdogan dimanche soir lors d’une conférence de presse, laissant entendre que la Turquie espère une intervention de Washington contre le PKK.
Les Etats-Unis redoutent une intervention militaire turque contre le PKK dans le nord de l’Irak, de crainte que cela déstabilise la région.
La Turquie a déployé le long de la frontière quelque 100.000 hommes soutenus par des chars et des hélicoptères de combat. Des avions militaires ont été aperçus dimanche soir atterrissant à l’aéroport de Diyarbakir, principale ville du sud-est turc, à dominante kurde.
Un communiqué du secrétariat du président Abdullah Gül assure que la Turquie paiera le prix qu’il faudra pour vaincre le terrorisme.
"Tout en respectant l’intégrité territoriale de l’Irak, la Turquie ne reculera pas devant le prix nécessaire à payer, quel qu’il soit, pour préserver ses droits, ses lois, son unité indivisible et ses citoyens", affirme le communiqué publié à l’issue d’une réunion de crise.
Le ministre de la Défense Vecdi Gonül a déclaré à Kiev, après des discussions avec le secrétaire américain à la Défence Robert Gates, que 17 soldats avaient été tués, 16 blessés et que 10 autres étaient portés disparus.
SOLDATS ENLEVES
Prié de dire s’il y aurait une riposte militaire, il a répondu : "Pas dans l’immédiat. Ils (les militaires turcs) projettent une incursion au-delà de la frontière".
"Nous aimerions entreprendre ce genre de choses avec les Américains", a-t-il ajouté.
Gates a déclaré de son côté qu’il ne croyait pas imminente une incursion d’envergure de la Turquie en Irak. Il a aussi dit que Gonül avait laissé entendre qu’il était réticent à agir unilatéralement contre le PKK.
Le président américain George Bush a déclaré inacceptables les attaques du PKK.
"Le gouvernement irakien et les autorités régionales kurdes doivent prendre rapidement des mesures contre les attaques en provenance du territoire irakien", a déclaré Gordon Johndroe, porte-parole du Conseil de la sécurité nationale de la Maison blanche.
L’état-major turc a dit que 32 rebelles avaient été tués au cours d’affrontements dans le sud-est. La Turquie a bombardé dimanche matin des régions en territoire irakien, mais aucune victime n’a été signalée.
Abdul Rahman Jaderji, responsable du PKK dans le nord de l’Irak, a déclaré que les rebelles avaient tué 40 soldats. Ce nombre n’a pu être vérifié de source indépendante.
Selon Firat, une agence de presse pro-PKK basée en Europe occidentale, huit soldats ont aussi été pris en otages. Gonül a démenti l’enlèvement de militaires.
"Nous ne pouvons donner de détails sur le nombre de capturés, tout ce que je peux dire, c’est qu’ils ne sont pas en Irak. Ils sont en Turquie", a dit à Reuters une source haut placée au PKK.
Le gouvernement irakien a dit prendre d’importantes mesures pour mettre fin à ce qu’il a qualifié d’"actes terroristes" des rebelles kurdes.
Mais le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani a prévenu que sa région autonome se défendrait en cas d’invasion turque.
"Nous n’allons pas nous laisser entraîner dans la guerre PKK-Turcs, mais si la région du Kurdistan est prise pour cible, alors nous défendrons nos concitoyens", a dit Barzani à des journalistes à l’issue d’une rencontre avec le président irakien Jalal Talabani, kurde lui aussi.
Talabani a exhorté le PKK à renoncer au combat et à se transformer en organisation politique. "S’ils veulent continuer le combat, ils devront quitter le Kurdistan irakien", a-t-il dit.