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La bombe à retardement du statut des intermittents

Publie le mercredi 31 mars 2004 par Open-Publishing
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Le conflit des intermittents du spectacle est central dans l’évaluation
du passage de Jean-Jacques Aillagon Rue de Valois. Le constat général
est sévère. La façon "catastrophique" dont le ministre de la culture a
géré l’affaire et les multiples "erreurs politiques" qui ont suivi sont
la cause de sa brutale chute de popularité auprès des acteurs culturels
et de la perte de confiance de l’opinion publique. Certains lui
accordent des "circonstances atténuantes" mais tous se demandent s’il
pourra "s’en relever."

Premier faux pas, le calendrier : "Il aurait pu négocier ce dossier
sensible de manière plus sereine en laissant passer les festivals de
l’été", souligne Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS. Hubert Astier,
ancien directeur de Jacques Toubon au ministère de la culture, estime
que M. Aillagon a péché par témérité : "Ce dossier est une bombe à
retardement que les ministres se refilent depuis vingt ans, parce que,
face aux partenaires sociaux, ils n’ont pas les pouvoirs de le régler."
Sans doute le ministre a-t-il commis la faute de croire qu’il
s’agissait d’ "un bon accord", parce que le principe d’un régime
spécial pour les intermittents avait été sauvegardé contre l’avis du
Medef. Le député (UMP) de Nancy Laurent Hénard évoque surtout une
mauvaise appréciation du dossier : "Le spectacle vivant et
l’audiovisuel ne participent pas de la même économie. Le premier porte
l’exception culturelle et le second relève de l’industrie. Les
comédiens et les techniciens n’ont pas les mêmes besoins ni les mêmes
exigences. Il fallait découpler ces problèmes délicats, mais, pour
cela, il fallait du temps. Le problème est que l’administration du
ministère connaissait mal le dossier."

"L’ACCORD NE RÈGLE RIEN AU FOND"

Cette méconnaissance - deuxième faux pas - est également soulignée par
un haut fonctionnaire de gauche qui dirige un gros établissement
régional : "Le ministre s’est fait duper. Le problème relevait d’abord
d’un plan social, comme la sidérurgie en son temps, puisqu’il va mettre
au tapis 15 000 ou 20 000 intermittents. Il fallait l’aborder avec le
même sérieux. De plus, l’accord signé est mal ficelé techniquement. Il
ne règle rien au fond. De toutes les manières, il va falloir
renégocier, mais sur une base désormais complètement plombée." M. 
Aillagon aurait aussi sous-évalué la combativité des intermittents
après l’été.

Autre interprétation : Dominique Sagot-Duvauroux, universitaire
spécialiste des économies culturelles, affirme, elle, que la position
du ministre est liée à une conviction, défendue publiquement le 18
février 2003 lors du Conseil national des professions du spectacle :
"Il a dit en substance qu’il y avait trop de compagnies, trop
d’artistes, qui produisent parfois des spectacles médiocres. La réforme
permettait de faire le ménage. Il aurait mieux fait de se focaliser,
tout de suite, sur le périmètre de l’intermittence et les abus
incontestables de ce régime." M. Négrier va dans le même sens :
"Aillagon a subi ce conflit alors qu’il aurait pu montrer qu’il était
du côté des créateurs, même en dénonçant les abus. En fait, il pense
qu’il faut favoriser l’excellence au prix d’une lessive."

Troisième faux pas : la gestion de l’après-festivals : "Le ministère a
joué le pourrissement, les acteurs culturels se sont sentis humiliés ,
affirme un haut responsable culturel. On ne les a pas écoutés, on ne
les a pas reçus, il n’y a pas eu le moindre geste symbolique. Sans
doute Matignon n’est-il pas étranger à cette réserve. Maintenant, la
rupture est consommée." Et Philippe Bélaval de conclure : "A partir du
moment où le gouvernement sous-estimait le caractère explosif du
dossier des intermittents, il était inévitable que Jean-Jacques
Aillagon en fasse les frais."

Michel Guerrin et Emmanuel de Roux

LE MONDE

Messages

  • Bonjour,
    je m’appelle Miléna et je suis étudiante en Soins Infirmière de troisième année àl’IFSI de Lons-le-Saunier. En module optionnel nous devons présenter les principaux problèmes de santé des intermittents. Mais pour écrire sur un groupe social il faut le connaître. Or, je n’ai que vaguement entendu des problèmes des intermittents. Pourriez-vous me renseigner sur les conditions de travail des intermittents, leurs droits, leurs demandes.
    Merci d’avance
    Milena
    Mon adresse email : mnikolova69@yahoo.com