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La crise des banlieues : dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés
Publie le vendredi 18 novembre 2005 par Open-Publishing5 commentaires
Des jeunes Blancs issus de milieux défavorisés comparaissent devant la justice.
de Haydée SABERAN
C’est un Français « issu de l’immigration », mais pas celle que l’on croit. Jérémy V. habite Arras. Il porte un nom flamand, preuve que ses ancêtres venaient de... Belgique. L’arrestation de ce jeune homme de 20 ans, jeune intérimaire à Arras, prouve que les jeunes des quartiers en difficulté qui brûlent des voitures échappent aux clichés.
A Lille, ces prévenus inattendus ont peuplé les tribunaux ces derniers jours. « Les deux tiers des jeunes qui passent en comparution immédiate après les incendies nocturnes sont des Jean-Marc et des Maxime », indique un journaliste familier du tribunal de grande instance.
« Ce ne sont pas que des bronzés », confirme Serge Damiens, éducateur à la mission locale de Lille. « Dans le quartier des Bois-Blancs à Lille, quand l’école a brûlé, la première demi-heure, ils étaient tous blancs. » Ça ne l’étonne pas. « La couleur de la peau est un handicap à l’embauche, c’est vrai. Mais l’adresse aussi. Ceux qui veulent s’en sortir donnent souvent l’adresse fictive d’une tante, hors du quartier, ou dans la ville voisine. » Il reconnaît que ces enfants des quartiers populaires partent quand même dans la vie avec un handicap de moins : « Les CRS passent plus de temps à contrôler les têtes frisées que les Patrick et les Gérard. »
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, terre d’immigration ancienne, l’immense majorité des quartiers populaires sont ethniquement mixtes. Les fils d’ouvriers et de plus en plus, de chômeurs qui vivent dans les quartiers en difficulté sont français dits « de souche », ou issus de l’immigration belge, polonaise, portugaise, espagnole, maghrébine et africaine. La présence de ces jeunes « Blancs » dans les tribunaux correctionnels depuis deux semaines n’étonne pas non plus Maryse Esterle-Hedibel, sociologue. « Le contraire m’aurait surpris », dit-elle. Ancienne éducatrice de rue en région parisienne, elle travaille sur les quartiers de Roubaix depuis quatre ans. « Contrairement à ce que j’ai vu dans le Val-d’Oise et le Val-de-Marne, j’ai découvert ici une population très spécifique, sans discriminant "immigré-pas immigré". » Il y a ici des familles « blanches » très pauvres. « Des enfants qui ne mangent pas assez, qui vivent sans chauffage parce qu’EDF a coupé l’électricité, des mères de famille qui ont seize ans. Le quart monde. »
Pour elle, les émeutes urbaines de ces derniers jours ne s’analysent pas en termes ethniques : « Cet argumentaire autour de la polygamie, c’est de la propagande pure et simple. En revanche, ce qui est certain, c’est que des quartiers entiers ont été dévastés par la déshérence économique. Les anciennes solidarités ouvrières ont disparu, remplacées par l’assistanat. Le quartier de l’Alma, à Roubaix, c’est 40 % de chômage. Les mères de ces jeunes filles qui quittent l’école à quinze ans en présentant un certificat de grossesse, elles auraient été ouvrières à La Redoute, il y a trente ans. C’est quand même autre chose qu’être au RMI. »
Autres lieux, autres profils, et autres clichés. Alors que Nicolas Sarkozy déclarait, péremptoire, que « 75 à 80 %» des jeunes interpellés étaient « déjà connus pour de nombreux méfaits », les magistrats de différents tribunaux de grande instance ont montré, hier, chiffres à l’appui, que la plupart sont plutôt des gamins sans antécédent judiciaire. Ainsi, à Bobigny, « la très grande majorité » des mineurs ont « un profil de primo délinquant » a déclaré Denis Fauriat, secrétaire général du parquet. Même analyse à Lyon, Nancy, ou Marseille.
Messages
1. > La crise des banlieues : dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés, 19 novembre 2005, 00:07
J’aime bien les chiffres
70% des français sont favorables à la politique actuelle de fermeté, selon les sondages.
Mais en lisant l’article on peut en déduire aussi que 70% d’une catégorie non sondés ne sont pas tout à fait de cet avis. Indépendemment de leur identité.
Les sans-espoirs n’ont donc pas de couleurs, et c’est le seul espoir restant.
jyd.
1. > La crise des banlieues : dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés, 19 novembre 2005, 02:03
D’autant plus que l’on ne s’attarde pas sur l’énoncé précis de ces sondages et son amorce auprés des dits "sondés". Tout cela se présente sous des "pour - plutôt pour - plutôt contre - contre". C’est vrai, entre le "plutôt pour - la politique du ministre vilipendieux mais je pense qu’il y a d’autre attitude possible", il est facile de tirer la conclusion que 70 % des Français seraient disposés à donner un coup de main "aux pt’i gars de la division". Au principe falacieux des "micros trottoirs", on lance le principe de "macro politique" ! Le vrai deni de démocratie, très en vogue près de chez nous...
2. > La crise des banlieues : dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés, 19 novembre 2005, 04:56
Moi les sondages je ne fais plus confiance. Depuis le mensonge pour le OUI à la constitution européenne.
Daniel
2. La stigmatisation d’une catégorie minoritaire a toujours été plus facile que de regarder les réalités en face. , 19 novembre 2005, 13:28
La stigmatisation d’une catégorie minoritaire a toujours été plus facile que de regarder les réalités en face. Il est toujours plus facile de désigner comme coupable celui qui est le plus différent. Il est toujours plus facile de généraliser à partir de quelques exemples choisis parce-qu’ils correspondent à ce qu’on veut démontrer. Il est toujours plus facile d’inventer des mythes sur le coupable "en soi". Cela s’appelle la politique du bouc-émissaire. C’est la bonne conscience de ceux qui sont du bon côté, celui de la majorité bien-pensante et bien placée, car ils trouvent facilement un coupable idéal qui ne leur ressemble pas, ce qui les place du bon côté, des gens biens, respectacles, ou tout du moins mieux que "l’autre". La bonne conscience des majorités se constitue sur le dos des minorités. Nous sommes tous concernés par ce travers de l’esprit humain : l’esprit de groupe, de clan. Nous avons tous plus ou moins consciemment, nos boucs émissaires coupables de tous les maux qui nous arrivent. Et la plupart des politiques et des médias, dont l’objectif, pour des raisons différentes, est de se conformer à ce que pensent les majorités, jouent de ce "réflexe" pour parvenir à leurs fins.
3. > La crise des banlieues : dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés, 19 novembre 2005, 16:50
Votre témoignage est pour mon expérience tellement réel et le vécu des différences : pauvreté, origine, famille , commence lorsque ces ados arrivent dans le cycle du Collège ;
Un Inspecteur d’Académie du 93 m’a dit en 1989 : -"Les Collèges ont 100ANS de retard sur leur précepte de réussite et si l’éducation nationale ne veut pas se remettre en question cela ira de pire en pire-" 16 ANS après rien n’a bougé
Je m’exlique ; ; lorsque dans les conseils de classe on peut entendre :
– les enfants venant d’une famille monoparentale
– les enfants ayant redoublé dans le primaire
– les enfants dont les parents ne répondent pas aux convocations ou ne prennent pas régulièrement RV avec les profs
– les enfants pourvus d’un nom à consonnance étrangère
auront de très grandes difficultés à choisir des études de leur choix et arrivent avec un fort handicap
pour l’obtention du BAC...
et ces jugements sont énnoncés dès la 6EME et suivent sans remise en question naturelle
Donc, lorsque vous relisez la liste des préceptes ; Combien et QUI sont ces ADOS catalogués dés 11ANS ? Sont-ils Tous de "couleur" NON
Tant que L’enseignement restera dans un cadre pré-établi
Tant que les CIO ne seront pas dans tous les collèges et réactualisés à notre siécle
Tant que les fédérations de parents d’élèves ne recruteront que des dames "patronnesses politisées ou non
rien ne bougera et les ados qui ne sont pas "conforme" au préceptes se sentiront humiliés rejetés
puis l’extérieur, les modes (qui n’en a pas eu) l’exagération de la réussite financière de la consommation à outrance ne fait qu’accentuer une révolte , un raz le bol.
nicole