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La diplomatie volante de Superman Sarkozy

Publie le lundi 5 novembre 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

ÉDITORIAL | 00h05 /tribune de genève
ARTHUR GROSJEAN, RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

Après les infirmières bulgares, les hôtesses de l’air espagnoles et les journalistes français, le président Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois enfilé sa combinaison bleue, frappée du S de Superman, et volé au secours d’Européens retenus dans les méandres judiciaires d’un pays africain. En Libye, il avait envoyé sa femme en vol de reconnaissance. Pour le Tchad, il a dû faire sans Cécilia pour les raisons que l’on sait.

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy passe par-dessus ses ministres, ici Bernard Kouchner, et règle seul les problèmes. Il attire les projecteurs européens sur lui en jouant également le gentleman dont l’avion présidentiel fait un crochet par l’Espagne pour déposer les hôtesses de l’air. Faut-il applaudir cette diplomatie volante ? Les familles des personnes retenues le feront et on les comprend. L’opinion publique se laissera aussi séduire dans un premier temps.

Mais très vite, une question brutale va se poser : quel prix a payé Sarkozy au Tchad pour pouvoir jouer les sauveurs ? Ce n’est pas sur sa bonne mine que le président tchadien, Idriss Déby, a dessaisi les juges de N’Djamena et autorisé le président français à repartir avec des personnes accusées de complicité de trafic d’enfants. Y a-t-il eu un gros chèque, des promesses de livraison de matériel ou des contreparties d’autre nature ? Certainement.

Mais comme pour la Libye, on baignera dans un océan de rumeurs et bien malin qui connaîtra toute la vérité. Ce qu’on peut supposer en revanche, c’est que la diplomatie volante va finir par coûter cher. Certains pays ont parfaitement compris maintenant comment faire venir Sarkozy sur leurs terres.

Messages

  • blog libre belgique

    Pouvez-vous répéter ?
    Le blog aux lettres de Jean-Paul Duchâteau

    04 novembre 2007
    Mal de l’air
    Nicolas Sarkozy prend beaucoup l’avion. Rabat il y a quelques jours, N’djamena dimanche, Washington tout prochainement. Aussi aime-t-il truffer ses propos de considérations aériennes. Il y a quelques mois, en plein été, alors que sa cote de popularité frôlait quasiment le mur du son, il avait évoqué le sort de plusieurs de ses ministres (qu’il venait à peine de choisir et de nommer), en assurant que "certains allaient imploser en vol". En d’autres mots, ils ne supporteraient ni l’altitude, ni la vitesse que leur imposaient le chef de l’Etat.
    Certains, effectivement, ont connu des trous d’air. Mais ils se sont accrochés à leur siège, aspirant goulument quelques bouffées d’oxygène, pour survivre. Aucun ne s’est encore éjecté, même pour échapper à d’acrobatiques grands écarts que leur impose la confrontation de leurs idéaux avec la réalité des décisions élyséennes.
    Il est même arrivé au premier d’entre eux, François Fillon, d’avouer un sérieux mal de l’air après avoir été qualifié(?) de "collaborateur" par le Président. Plus récemment encore, son jeune porte-parole, qui avait dû se contorsionner des jours durant pour ne pas répondre aux questions sur le divorce potentiel de son patron, a entendu ce dernier le traiter d’"imbécile" face à une journaliste de la chaîne américaine CBS.
    Le petit jeu en vogue au sein du microcosme politico-médiatique parisien est de deviner, dans l’ordre si possible, le tiercé des ministres qui seront amenés à quitter le gouvernement, soit sur injonction présidentielle, soit pour échapper à l’étouffement lors de l’ingestion d’une couleuvre plus grosse que celles quotidiennement digérées. Reste le cas des ministres favoris, ou favorites, de l’Elysée et qui doivent affronter l’acharnement journalistique, comme Rachida Dati, accusée d’avoir fait état d’un diplôme qu’elle n’a pas reçu. Ce qui met, apparaît-il, le Président dans un état second.
    Aussi certains se demandent-ils, d’ores et déjà, si ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui, un jour, "implosera en vol" - ou plutôt "explosera", tant l’homme semble physiquement et psychologiquement incapable d’éventuellement contenir les débris d’un séisme interne. Sa nervosité, ses comportement cyclothymiques de plus en plus spectaculaires (il passe de plus en plus vite de l’enthousiasme à l’accablement, témoignent certains proches observateurs), conjugués aux effets d’une baisse constante de sa cote de popularité, lui permettront-ils de tenir les quelque cinquante mois qui le séparent de la fin de son (premier) mandat ?