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La disparition

Publie le vendredi 6 juillet 2007 par Open-Publishing
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Il y a quelques années, on ne parlait que d’Elle. Pour ou contre Elle était la ligne de partage. Deux congrès ont tourné autour d’Elle. C’était Elle qui devait apporter au PCF gloire, fortune et pouvoir. Le monde allait changer, le capitalisme allait être "dépassé", "l’argent roi" allait finir son règne.

Aujourd’hui, on ne parle plus d’Elle. Elle ne figure plus sur aucun document du PCF. Serait-elle morte ? Nous n’avons pas reçu pourtant de faire-part. Et personnellement, je me permets d’en douter. Après tout, nous voyons chaque jour ses effets :

 Qui a donné aux élus communistes la possibilité de nouer leurs propres alliances et de se faire leurs propres clientèles électorales sans tenir compte des militants ? C’est Elle.

 Qui a détruit les organes de direction collectifs, en créant un Comité National pléthorique (dont d’ailleurs à peine la moitié des membres assiste effectivement aux sessions), doté de commissions constituées en dépit du bon sens et qui n’élaborent jamais rien ? C’est Elle.

 Qui a détruit la confiance des militants dans leurs directions, en permettant aux dirigeants de s’asseoir sur les règles de fonctionnement et les Status chaque fois que ça les arrangeait ? C’est Elle.

 Qui a distribué les prébendes et les postes en fonction du bon plaisir du Chef, faisant de Fodé Sylla un député européen communiste, de Roland Castro un membre du comité national, ou de Robert Hue le président de la Fondation Gabriel Péri, poste pour lequel il n’a aucune compétence ? C’est Elle.

 Qui a fait du "parti de la classe ouvrière" le "parti des bobos", plus intéressé par les problèmes "societaux" que par les questions économiques et sociales ? C’est Elle.

 Qui a détruit l’appareil de formation du PCF, en proclamant que "toutes les paroles se valent", qu’il n’y a pas de différence objective entre ceux qui "savent" et ceux qui "ne savent pas" (ce qui implicitement veut dire que le savoir ne sert à rien) ? C’est Elle.

Comme disait un communiste célèbre, pour chaque congrès on devrait redistribuer les textes des congrès précédents. Cela éviterait que certains dirigeants puissent dire aujourd’hui le contraire de ce qu’ils ont dit hier. Et en particulier, on pourrait se demander que sont devenues toutes les proclamations d’amour éternel que ces dirigeants ont adresse à Elle, celle dont ils n’osent même plus prononcer le mot aujourd’hui.

On pourrait continuer longtemps en montrant comment cette chère disparue, dont plus personne ne parle, continue à faire des dégats. Alors réflechissez, camarades, parce qu’aussi longtemps qu’on n’admettra qu’Elle est parmi nous, comme sont parmi nous tous ces dirigeants visionnaires qui lui rendaient hommage à chaque occasion, il sera difficile d’en tirer les leçons qui s’imposent.

Voltaire

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