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La fac de Nanterre de plus en plus électrique

Publie le mercredi 14 novembre 2007 par Open-Publishing

Université . Hier les étudiants de Paris-X ont revoté le blocage du campus après une AG houleuse, marquée par la présence de nombreux « anti-bloqueurs ».

de Christelle Chabaud

Même aux meilleurs jours de la lutte contre le CPE, l’université de Nanterre n’avait pas connu une telle participation en assemblée générale. Serrés coude contre coude sur les bancs pour les plus chanceux, agglutinés dans les escaliers ou au fond contre le mur pour les autres, plus de 1 800 étudiants ont participé hier, vers midi, à deux heures de débats et discussions dans le plus grand amphithéâtre de Paris-X. Dans une ambiance très mouvementée, provoquée entre autres par la présence en masse d’« anti-bloqueurs », le blocage de cette université parisienne a été reconduit par 873 voix contre 767. Par ailleurs, les étudiants ont à une très grande majorité réaffirmé leur demande d’abrogation « pure et simple » de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités et se sont joints à l’appel pour une manifestation nationale étudiante cette semaine devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

En début de matinée déjà, la tension était montée d’un cran avec l’arrivée d’une quinzaine de cars de police et le déploiement des gendarmes mobiles sur le campus. À coups de matraques et de gaz lacrymogène, les forces de l’ordre ont en effet dispersé un barrage filtrant installé par des étudiants grévistes à l’entrée du bâtiment B. Lieu où devait se tenir un conseil d’administration extraordinaire chargé de voter les nouveaux statuts de l’université tels que prévus par la loi Pécresse. « Nous n’empêchions absolument pas les membres du CA d’entrer, ce sont les vigiles qui leur ont interdit l’accès ! », explique Dimitri, de l’UNEF, les yeux encore rougis et plusieurs marques de coups sur les jambes. « Le président de la fac aurait délibérément voulu montrer des images de violence qu’il ne s’y serait pas pris autrement », s’emporte pour sa part Rouks, étudiant en première année de sociologie. « Dimanche soir, lors de nos discussions avec le président de l’université, il nous a semblé qu’on l’avait dissuadé de faire appel à la police, raconte Vanessa Favaro, la présidente de l’UNEF à Nanterre. La présence policière ne conduit qu’à radicaliser les opinions. »

Face à l’ampleur de la mobilisation contre la loi Pécresse, le CA extraordinaire a finalement été reporté. Si à l’issue de l’AG, les CRS ont quitté les lieux, l’air reste plus que jamais électrique, via notamment la présence inhabituellement élevée des anti— bloqueurs. Applaudissements devant l’intervention des forces de l’ordre, contestation de la légitimité des AG, demande d’instituer des votes à bulletin secret plutôt qu’à main levée… À droite, « les anti-bloqueurs veulent se montrer, visiblement ils ont entendu Pécresse », soupire Fabrice Bensimon, professeur d’anglais et responsable du SNESUP pour la faculté. Pendant l’AG les échanges sont vifs, plusieurs groupes s’invectivent, en viennent presque aux mains. Face à l’intervention au micro d’un syndicaliste SNCF venu appeler à la convergence des mouvements, Jean-Charles, responsable de l’association étudiante de droite UNI, s’écrie « Restez chez vous et ne nous emmerdez pas ! Vive la méritocratie » ! La prochaine assemblée générale, ce matin, promet d’être houleuse.

http://www.humanite.fr/2007-11-13_P...