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La faille de la politique américaine pour le changement climatique.
Publie le mardi 10 juin 2008 par Open-Publishing1 commentaire
La faille de la politique américaine pour le changement climatique.
Il est temps pour les Etats-Unis d’oublier cette attitude de laisser-faire et de jouer un rôle de leader dans la prévention de dommages irréversibles faits au climat, plaide Karin S. Thorburn, maître de conférences en finances à la Tuck School of Business at Dartmouth.
Le changement climatique pourrait constituer le plus lourd défi environnemental de ce siècle. Le fait que l’activité humaine génère un réchauffement planétaire fait l’objet d’un consensus majeur dans la communauté scientifique. A moins d’une modification des tendances d’émissions actuelles, les effets sur la production agricole, les réserves d’eau et les développements forestiers et humains risquent fortement de nuire à une grande partie de la population mondiale.
Le problème est global et doit être traité comme tel. L’Europe a mis en place un système de permis d’émission (Emissions Trading System), qui permet à présent d’échanger plus de la moitié des émissions. A l’inverse, les Etats-Unis, principaux producteurs de gaz à effet de serre, ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto pour réduire les émissions d’ici à 2012. Au lieu d’une réglementation nationale sur les gaz à effet de serre, l’administration Bush mise sur des mesures volontaires pour combattre le réchauffement mondial. La réussite de cette politique dépend du degré de rentabilité, pour les sociétés, de la réduction volontaire de leur empreinte CO2.
Avec Karen Fisher-Vanden, une collègue du Programme d’études environnementales de l’université de Dartmouth, nous avons examiné les réactions de la Bourse lorsque des sociétés américaines ont pris part au programme Climate Leaders, un partenariat volontaire entre gouvernement et industrie au sein duquel les entreprises s’engagent à réduire à long terme leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous avons remarqué que, lorsque les sociétés annonçaient leur adhésion à Climate Leaders, le cours de leurs actions chutait de manière significative.
En tenant compte des mouvements de l’ensemble du marché, la rentabilité boursière anormale moyenne était de -0,9% sur une période de trois jours et de -1,5% sur une période de cinq jours précédant et suivant les annonces. La perte totale en termes de valeur marché s’est élevée à 16 milliards de dollars pour les 46 sociétés ayant pris part au programme Climate Leaders.
Ces sociétés ont réalisé un inventaire détaillé de leurs émissions avant d’annoncer un objectif de réduction. En moyenne, elles ont défini un objectif de réduction de 17% de leurs émissions. Fait intéressant, le cours de leurs actions a encore chuté (en moyenne de -1,3%) à l’annonce de cet objectif. De manière générale, plus l’objectif était agressif, plus le cours baissait.
La réaction négative du marché envers les sociétés ayant rejoint Climate Leaders révèle que la réduction des gaz à effet de serre est un projet à valeur actualisée nette négative pour les sociétés. Cela signifie que les dépenses en immobilisations, nécessaires pour réduire l’empreinte CO2, dépassent la valeur actualisée des bénéfices futurs attendus de ces investissements tels que des coûts d’énergie moins importants et une augmentation des revenus associés aux actifs incorporels verts.
Certains pourraient soutenir que la baisse du cours des actions est une preuve que le marché est myope et qu’il ignore les avantages à long terme des investissements verts. Cependant, d’autres recherches montrent que le cours des actions a tendance à augmenter lorsque les sociétés annoncent de grands programmes de dépenses en immobilisations et des investissements en recherche et développement.
En réalité, moins de 2% des sociétés américaines cotées en Bourse ont pris part au programme Climate Leaders à ce jour, ce qui suggère que les investissements en matière de réduction des émissions sont effectivement coûteux. La baisse de la valeur de marché implique également que les décisions visant à restreindre radicalement les émissions de gaz à effet de serre s’opposent à l’optimisation de la valeur actionnariale, et donc aux obligations fiduciaires des dirigeants d’entreprise.
En les comparant à leurs concurrents du secteur, nous avons identifié les caractéristiques des sociétés types qui ont choisi de rejoindre Climate Leaders. Nous avons découvert qu’elles disposaient de capacités environnementales relativement élevées et de capacités de gouvernance d’entreprise faibles, et qu’elles avaient davantage tendance à rejoindre le programme dans des périodes où les inquiétudes du public en matière de réchauffement climatique étaient plus élevées.
Dans l’ensemble, ce point est cohérent avec le fait que l’intérêt des dirigeants pour les investissements responsables d’un point de vue environnemental, éventuellement combiné avec une mauvaise surveillance des actionnaires, génère la décision d’engager les ressources de l’entreprise dans la restriction des émissions de gaz à effet de serre.
Que cela signifie-t-il ? En quelques mots, étant donné que la valeur actionnariale baisse lorsque les sociétés rejoignent Climate Leaders et promettent de réduire de manière importante leur empreinte CO2, ce programme n’obtiendra probablement jamais de participation significative des entreprises.
Les émissions de gaz à effet de serre, comme la plupart des autres polluants, sont un exemple classique d’externalité, où le coût global (pour la société au sens large) n’est pas internalisé par les sociétés individuelles. Au vu de ce dysfonctionnement du marché, une intervention du gouvernement, par le biais d’une régulation ou d’une taxe, est nécessaire pour réduire de façon conséquente les émissions.
Le Sénat américain a commencé ce mois-ci à débattre d’un budget pour le changement climatique, impliquant un programme de crédits-carbone, qui permettra, d’ici à 2050, de réduire les émissions de 70% par rapport aux niveaux de 2005. Il est temps pour les Etats-Unis d’oublier cette attitude de laisser-faire et de jouer un rôle de leader dans la prévention de dommages irréversibles faits au climat.
Karin S. Thorburn, maître de conférences en finances à la Tuck School of Business at Dartmouth
Messages
1. La faille de la politique américaine pour le changement climatique., 11 juin 2008, 03:51, par RBBR
Si toutes les entreprises et sociétés $$-privées-$$ des États-unis et du monde étaient socialisées... [OUI !! *DÉPRIVATISÉES* !] > *RENDUES À L’HUMANITÉ TOUTE ENTIÈRE* < et mises *sous contrôle démocratique et informé* des travailleurs qui les font fonctionner
...et *SOUS CONTRÔLE -RÉELLEMENT DÉMOCRATIQUE- DES PEUPLES EN LEUR TOTALITÉ*
...alors, oui...
... sans doute, y aurait-t-il quelques chances POUR QUE LES
$$-DÉSASTRES FUTURS-$$ N’AIENT PAS LIEU !
RBBR