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La grande sagesse d’un « marxiste révolutionnaire » en pré-retraite

Publie le vendredi 18 août 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Alain Krivine : « Nous avons toujours fait la différence entre la droite et la gauche » Propos recueillis par Rodolphe Geisler. Publié le 17 août 2006

« Le Figaro » poursuit sa série d’entretiens avec Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire.

LE FIGARO. - Dans la présidence Chirac, faites-vous une différence entre les années Jospin et les années gérées par la droite ?

Alain KRIVINE. - Le gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy est un des plus réactionnaires de la Ve République. Mais nous n’oublions pas que Jospin et la gauche plurielle ont privatisé plus que les deux gouvernements de droite précédents. Et que la direction du PS, avec la droite, a appelé à voter oui à la Constitution européenne.

En cas de second tour entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal appellerez-vous franchement à voter pour la candidate socialiste ?

Nous avons toujours fait la différence entre la gauche et la droite même si parfois la politique de leurs dirigeants converge. Dans les mobilisations sociales, on rencontre plus de militants du PC ou du PS que de militants UMP... Nous voulons donc chasser du pouvoir la droite, dans la rue comme dans les urnes. En revanche, nous attendrons le soir du premier tour pour préciser les formes de notre consigne de vote. Pour le moment, c’est le premier tour qui compte.

Une multiplicité de candidatures à gauche ne favorisera-t-elle pas à nouveau la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour ?

Le 21 avril 2002, Jospin a payé le prix de sa politique en perdant le soutien d’une partie de son électorat dans un climat de division de ses anciens alliés. Nous n’y sommes pour rien et n’accepterons pas le chantage d’un 21 avril bis pour empêcher la gauche anticapitaliste de faire entendre sa voix. Le bipartisme n’a rien à voir avec la démocratie. La seule façon de battre la droite, c’est de s’opposer à toute politique de droite même quand elle est menée par la gauche.

À vos yeux, combien y a-t-il de gauches en France ?

Essentiellement, deux. Une qui s’est adaptée à la mondialisation libérale, principalement représentée par la direction du PS, et qui essaye de satelliser ses alliés. Et une gauche anticapitaliste encore divisée, mais présente dans l’extrême gauche, au PC, dans le mouvement syndical ou associatif.

Vous dénoncez la politique de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration, mais que proposez-vous à la place ?

Nous refusons que les immigrés, et aujourd’hui leurs enfants, soient les boucs émissaires des politiques libérales. Il n’y a pas de problème de l’immigration. Il y a d’abord des problèmes de chômage, de logement, de service publics et de racisme. Nous sommes pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour la libre circulation et installation des étrangers comme celle qui existe pour les capitaux... Après celles de Pasqua ou de Chevènement, les lois Sarkozy ne règlent rien si ce n’est de rejeter dans la clandestinité et dans des conditions de vie scandaleuses des dizaines de milliers de gens. Elles n’ont pour but que de gagner des voix lepénistes et c’est misérable.

Comment relancer l’Europe après le non au référendum ?

Il faut, d’abord arrêter la machine infernale de la construction libérale européenne, qui aboutit à une privatisation en règle des services publics, à une déréglementation générale des droits du monde du travail et à l’établissement d’un arsenal répressif inquiétant. C’est une Europe sociale qu’il faut construire en commençant par harmoniser par en haut les droits sociaux, en établissant de véritables services publics européens, en réorientant complètement la PAC pour aider l’agriculture de qualité et sauver les emplois. Enfin il faut que les peuples puissent débattre de l’Europe et envisager un véritable processus constituant débouchant sur une Assemblée représentative avec des pouvoirs réels de décision.

Messages

  • l’immigration sans frein est le projet des libéraux, pas seulement sous sa forme bolkestein. Cf l’angleterre. "L’armée de reserve" permet au patronat de casser ce qui reste de droits sociaux, de rendre les luttes sociales impossibles, de tirer les salaires vers le bas. En rester à des postures morales comme le fait Krivine est préoccupant, surtout si pres de la retraite. pour le reste, il craint de voir son groupuscule se diluer dans la victoire et préfere, comme tous les bureaucrates rester le premier dans son village que le second à Rome.

    • ALAIN KRIVINE A RAISON !

      Je reprends les propos tenus plus haut :

      "l’immigration sans frein est le projet des libéraux, pas seulement sous sa forme bolkestein.
      Cf l’angleterre. "L’armée de reserve" permet au patronat de casser ce qui reste de droits sociaux, de rendre les luttes sociales impossibles, de tirer les salaires vers le bas. En rester à des postures morales comme le fait Krivine est préoccupant"

      Je trouve ça assez lamentable d’écrire qu’en quelque sorte ce serait le capitalisme... qui organiserait l’immigration "sans frein" sauvage car, en final, il en profite.

      Que le capitalisme tire profit de tout, c’est bien connu.
      De l’immigration (avec son cortège de sans droits, sans papiers, sans salaires "normaux", etc) c’est vrai, comme de tout le reste.

      C’est la concurrence , hélas très habituelle, entre les travailleurs qui en final permet au capitalisme de propspérer et de perdurer.

      Cela dit, il ne faut pas laisser penser qu’une immigration "contrôlée" (qui ne serait pas, cette fois-ci, sans "frein") pourrait résoudre le problème.

      L’immigration existait, existe et existera toujours. Ce n’est pas bolkestein qui a favorisé la chose. C’est le fait que depuis des siècles (des millénaires) les gars qui vivent dans la misère et la mort vont ailleurs où il paraît que c’est mieux, pour essayer de s’en tirer, eux et leurs familles !

      Alors, oui, je pense que Krivine a eu raison de prendre une position de principe sur la liberté totale de l’immigration. On pourra toujours dire que c’est une "posture morale", mais je trouve ça nettement plus sympathique (et pas moins crédible) que les histoires d’immigration "contrôlée" ou "choisie" pratiquées depuis 30 ans.

      Jadis, Rocard avait illustré le nouveau "réalisme" du PS et de la gauche en disant "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde".

      Décidément, je n’aime pas le réalisme !

      Bastien

  • Comme le dit si bien le petit malin qui répond en premier à ce texte :
    C’est vrai quoi à servent les frontières aujourd’hui , signez un accord autorisant la pêche intensive au large du Sénégal et posez vous la question de savoir pourquoi les habitants des côtes incapables de vivre de leur pêche viendront se jeter en barque sur les côte des Canaries pour pouvoir un jour être expulsé de’un squatt à Cachan ?

    Quelque autre exemple ?
    Un conseil au petit malin qui a répondu :
    – avoir Internet ou aller dans un cyber café
    – charger ou faire charger GOOGLE EARTH
    – attendre un peu puis quand c’est chargé se balader au dessus de certaines zones de l’ex fôret amazonienne victime des brulis
    – calculer le temps qu’il faudra grâce au réchauffement climatique pour que le BenglaDesh soit sous les eaux
    – calculer le nombre de charters qu’il faudra pour expluser les millions de pauvres qui viendront se jeter dans les régions épargnées par ce phénomène
    – avant tout cela : réfléchir avant d’écrire des conneries !

    salut Alain et bonne retraite : un ancien de la Ligue ( souvent critiquée rarement égalée )
    PS :
    L’ex en question va bientôt acheter les "oeuvres" d’un certain Karim LANDAIS qui a écrit entre autre un petit texte qui s’intitule " pour en finir avec la LCR "
    Comme quoi tout le monde ne se jette pas dans l’esprit partisan et cà c’est pour celui qui voit des bureaucrates partout

    allez les mecs encore un effort , on verra ou vous serez dans vingt ans !

    • Il n’est pas bon de mélanger différents aspects de la question : ça ne fait pas avancer le débat et ça dessert la lutte contre le capitalisme. Le premier interlocuteur n’a pas dit qu’il approuvait la situation qui faisait que "les habitants des côtes [sénégalaises] incapables de vivre de leur pêche viendront se jeter en barque sur les côte des Canaries pour pouvoir un jour être expulsé d’un squatt à Cachan". Je ne sais pas s’il approuve cette situation mais il n’a pas dit qu’il l’approuvait et l’attaquer sur qqch qu’il n’a pas dit c’est faire un procès d’intention et expédier trop vite le débat. Je ne veux pas croire que c’était l’intention de Jan Zim. Pour essayer d’être plus constructif, je veux dire qu’il faut combattre ce système qui provoque ces situations où des millions de gens mus par la famine, le désespoir et d’autres guerres essaient de trouver refuge hors de leur terre. Car il est rare qu’on quitte celle-ci de gaité de coeur (sauf quand on fait du tourisme). Mais ne pas voir que, sans rien changer à ce système, sans rien changer au déséquilibre économique Nord-Sud et donc à l’exploitation éhontée du second par le premier, l’afflux incontrôlé d’hommes et de femmes cherchant -légitimement- de meilleures conditions de vie dans des pays dits riches mais dans lesquels les richesses sont de plus en plus mal réparties (comme disait Coluche : "ils vont être contents les pauvres de savoir qu’ils vivent dans un pays riche !") c’est une faute politique. Et le premier interlocuteur à raison de dire qu’il n’est pas étonnant que la LCR fasse un score aussi ridicule (ce que, pour ma part, d’une certaine façon, je regrette). Et je rejoins les arguments du deuxième interlocuteur.
      Alpz

    • Quel rapport avec le score ? la dialectique peut casser les briques comme disait un situ !

  • Il y a un truc bête fondateur des grands ideaux d’universalité du socialisme et du communisme qui part du principe du débordement des frontières et de la solidarité entre travailleurs et désherités...

    Ne me demandez pas ce que des africains, mes frères, font ici en France, revoltez-vous sur le fait que des bourgeois puissent avoir pignon sur rue dans ce beau pays. La richesse des derniers est le vase communicant de l’autre. Les deux questions ne sont pas séparables et participent à un monde clos, qui surchauffe, brule et pollue partout, de pays détruits par les joggings militaires de nos armées.

    La solidarité entre travailleurs et désherités part du principe de l’égalité , quelque part je ne vois pas au nom de quel torchon de papier d’identité cet africain ne serait plus mon frère et doive être viré. Je connais celui-là.

    Que krivine, comme bien d’autres, soit solidaire avec les sans-papiers est un reflexe élémentaire salvateur et il est exact que les apotres de la mondialisation n’ont eu de cesse de lever les frontières entre les hommes, d’appeler hargneusement aux controles de plus en plus fachos et bureaucratiques jusqu’à la nausée contre les "étrangers", quand ils ne concassaient pas les voisins au canon, pendant qu’ils hurlaient pour abattre les frontières pour les capitaux et leurs productions.

    Le désir de violence à l’encontre des hommes, des femmes et des enfants pauvres et désherités est extreme dans la droite sarkosienne et la gauche bourgeoise, ce n’est pas leur monde et ils sont près à sacrifier cet étranger qui leur fait peur.

    Il est temps d’en finir avec celà, de relever plus energiquement encore la solidarité et surtout, bien au delà, de mener la bataille ensemble contre les veritables problemes de l’humanité , dont au premier chef, l’existence d’une classe bourgeoise agressive qui veut être partout chez elle mais dénie à ceux qu’elle estime "subalternes" de l’être, qui veut vendre partout ses produits, fait en sorte que le tiers monde file plus de fric aux pays industrialisés que l’inverse, et fracasse militairement regulierement de grandes portions de la planête.

    Sarko l’irresponsable est de ceux là ;
    Certains à gauche hélas ont également mangé de ce mauvais pain...

    Copas

    • D’ailleurs le monde est rempli de + en + d’étrangers !!
      les frontière on s’en fout ! et la libre circulation des hommes est un objectif majeur c’est d’ailleurs parce qu’ils sont clandestins qu’on peut les exploiter le plus sauvagement : un exemple entre autres les Haïtiens salaries esclaves des plantations de la République Dominicaine à qui l’on confisque le passeport et qui dépendant économiquement ( on les endette à vie dans la plantation en les obligeant à acheter au magasin qui en fait partie et qu’il ne pourront jamais rembourser ) de leur employeur y seront attachés jusqu’à ce qu’il n’aient plus de force de travail à vendre ! c’est à dire jusqu’à ce qu’ils meurrent !
      Voir Alternatives Economiques du mois de Juin ( c’est pas franchement révolutionnaire mais toujours instructif à lire )

  • La discussion est quasi surréaliste, par rapport à l’intérêt de cette interview, qui plus est dans le Figaro, qui plus est après la polémique Krivine-Hollande sur les signatures pour le candidat LCR pour faire pression. La LCR, qui affiche sa différence avec le reste de la gauche radicale dans le refus de toute participation à une alliance avec le PS, votera pour son candidat quelles que soient les circonstances.

    Comme il est dit plus, la dialectique ne casse pas les urnes, et le ridicule ne tue pas. Pathétique !