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La justice de Saint-Nazaire attaque les sites militants Actuchomage et Bellaciao

Publie le jeudi 24 août 2006 par Open-Publishing
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La justice zélée attaque un site associatif

Actuchomage a laissé passer, sur son forum, le message d’un internaute qui appelait à brûler une ANPE. Un juge d’instruction a mis en examen le responsable du site. Il risque cinq ans de prison.

de Nicolas de la Casinière

Quelques heures de négligence sur un site associatif et militant peuvent valoir de sérieux ennuis. Un juge d’instruction de Saint-Nazaire (Loire-Atantique), Rémi Swartz, a mis en examen mardi le responsable du site internet actuchomage.org pour « provocation publique à la commission de délits », en l’occurrence un message incendiaire posté sur le forum du site. S’il était condamné, Yves Barraud risquerait jusqu’à cinq ans de prison, le tarif prévu par le code.

Le 27 janvier, sous le pseudonyme de « Radiateur », un conseiller ANPE adressait au forum du site un message dénonçant les radiations des chômeurs et la gestion libérale des sans-emploi. Le message comportait ces lignes rageuses : « J’informe les énervés qui crament les ANPE qu’il en reste encore, donc suivez le guide », tout en fournissant l’adresse de l’agence de Saint-Nazaire où il travaillait. Ce qui lui a valu 48 heures de garde à vue, une perquisition à domicile et une mise en examen pour le même motif de « provocation publique à la commission du délit de destruction volontaire de bien public ». Mis en ligne un vendredi soir, ce seul message du week-end sur le forum n’a pu être lu que par une poignée d’internautes qui l’ont alors fréquenté, avant d’être retiré par les modérateurs.

Yves Barraud, président de l’association qui édite les sites Actuchomage, Inter-Emploi et Rénovation-démocratique, devrait comparaître en correctionnelle à la fin de l’automne. « C’est une maladresse, une erreur marginale d’administration éditoriale et une erreur d’appréciation quant au caractère délictueux du message, concède-t-il. Ce n’est pas très glorieux. Mais dès que j’ai vu le message, je l’ai verrouillé, puis supprimé dans le week-end, après discussion avec les autres administrateurs.

Sur près de 2000 messages du forum, il fallait vraiment tomber dessus et mesurer qu’il y avait matière à poursuites pénales. » D’autant que les poursuites ont été lancées par une dénonciation d’un internaute de Colmar dont l’anonymat est préservé par la procédure. « Pas particulièrement parano », le responsable du site s’étonne de cette vigilance pointue, très zélée, s’engouffrant sans délai dans la brèche : « Depuis la création du site en septembre 2004, on n’a jamais eu de pépin. Dès qu’on sort des clous, boum ! » Yves Barraud rapporte qu’il a tenu à dire au juge qu’« Actuchomage n’est pas un site de voyous ». Ce à quoi le magistrat aurait rétorqué un « ça reste à voir ».

Saint-Nazaire paraît briguer le titre de capitale des poursuites contre les sites militants, avec l’instruction ouverte contre un autre site engagé, Bellaciao.org, à qui est reprochée la mise en ligne d’un tract de la CGT nazairienne dénonçant l’exploitation des ouvriers polonais travaillant au chantier naval et l’« esclavage moderne » des métallos étrangers. Après une convocation pour interrogatoire policier en avril, puis une première comparution dans le cabinet d’un juge d’instruction, le responsable légal de Bellaciao y est reconvoqué le 14 septembre, toujours comme témoin assisté. Auteur du texte, la CGT n’est pourtant pas mise en cause par la justice comme personne morale. « C’est la liberté d’expression et de la presse qui est attaquée », dit Roberto Ferrario, porte-parole du collectif franco-italien Bellaciao.

http://www.liberation.fr/actualite/societe/200064.FR.php

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