Accueil > La justice italienne poursuit son ministre
de Vanja Luksic
La démission de Clemente Mastella, ministre italien de la Justice, qui se voit reprocher son clientélisme, fragilise encore le gouvernement Prodi.
Accusé d’avoir manœuvré afin de placer un proche à un poste à responsabilité, Clemente Mastella, ministre italien de la Justice, démissionnaire mercredi 16 janvier, riposte : "Les “recommandations”, nous en faisons tous. Et moi, je n’ai jamais pistonné que des gens bien !"
Il n’est pas le seul sur la sellette. Son épouse, la belle Sandra Lonardo, présidente du conseil régional de Campanie, est assignée à résidence pour tentative de concussion. Et, avec eux, c’est toute l’équipe, soit 23 personnes, de leur petit parti centriste et catholique (l’Udeur) de Campanie qui se voit accuser de concussion, d’abus de fonction et même d’association de malfaiteurs.
Il est reproché à Clemente Mastella d’avoir exercé des pressions politiques sur le gouverneur de la région, Antonio Bassolino, afin d’obtenir des postes clefs pour l’Udeur. Ancien de la Démocratie chrétienne, il est resté en liberté grâce à son immunité de sénateur, tandis que les autres sont aux arrêts domiciliaires ou en prison.
Des pratiques répandues dans le sud du pays
Quant à son épouse, des écoutes téléphoniques révèlent qu’elle aurait dit d’un quidam : "C’est un homme mort." " Politiquement !" a précisé, furieux, Mastella, tout en injuriant le procureur, expliquant que "l’homme mort" était le directeur d’un hôpital local tombé en disgrâce au sein de l’Udeur... pour avoir refusé d’engager un gynécologue "recommandé" par le parti !
L’affaire donne un nouvel écho à la pratique des "recommandations" et du clientélisme, répandue dans le sud du pays, et notamment dans la région de Naples, où, par impéritie, les ordures débordent. Mais le couple fait bonne figure.
Lorsque, le 19 janvier, devant le tribunal de Santa Maria Capua Vetere, Sandra Lonardo, perchée sur ses talons aiguilles et souriante sous ses lunettes de soleil, a salué la foule qui l’acclamait, on se serait cru à un festival de cinéma. La First Lady de Ceppaloni, petite localité de Campanie dont Mastella est maire, ne semble pas trop affectée par ce qui lui arrive.
Certainement moins, en tout cas, que Romano Prodi, chef du gouvernement italien, considérablement fragilisé par une avalanche d’ennuis dont Mastella n’est pas le moindre.