Accueil > La justice rattrape Karl Zéro
de Nicolas MOSCOVICI
Karl Zéro pensait en avoir fini avec "l’affaire Alègre". Las, on a appris jeudi, que la semaine dernière, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris en avait décidé autrement en le mettant en examen, infirmant ainsi la décision prise début 2007 par une juge d’instruction. La justice reproche à l’animateur de Canal+ d’avoir lu à l’antenne, en 2003, une lettre du tueur en série toulousain.
La décision date du 14 février, mais n’a été confirmée que ce jeudi, par une source judiciaire : le journaliste Marc Telenne, plus connu sous le pseudonyme de Karl Zéro, a été mis en examen par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris. Les magistrats ont ainsi infirmé une ordonnance de non-lieu rendue en mars 2007 par une juge d’instruction, Nathalie Turquey. Celle-ci estimait à l’époque ne pas avoir suffisamment d’éléments pour poursuivre celui qui a animé jusqu’en 2006, Le Vrai Journal sur Canal+. Faux, lui a donc répondu près d’un an plus tard la juridiction parisienne, laquelle a également ordonné la mise en examen d’un autre journaliste, Guad Charbit, lui aussi impliqué dans le fameux épisode de "la lettre de Patrice Alègre".
Les faits reprochés aux deux prévenus sont les suivants. Le 1er juin 2003, Karl Zéro lit sur le plateau du Vrai Journal une missive, transmise par Guad Charbit et signée du tueur en série toulousain, condamné en 2002 à la prison à perpétuité pour le meurtre de cinq femmes. Dans celle-ci, Alègre met en cause Dominique Baudis dans l’enquête sur la mort d’un travesti survenue en 1992. Karl Zéro évite de citer le nom de l’ancien maire de la ville rose, tout comme celui de Marc Bourragué, un magistrat toulousain également éclaboussé dans ce qui venait de devenir quelques semaines plus tôt, "l’affaire Allègre", un explosif cocktail d’accusations et de raccourcis en tous genres sur fond de "parties fines" et de proxénétisme. En 2005, la justice toulousaine avait définitivement clos ce nauséabond volet par un non-lieu général.
Pour ce qui concerne Karl Zéro, suite à la lecture de la fameuse lettre, ses affaires se sont rapidement compliquées. Le 19 juin, Alègre revient sur ses aveux et accuse même le journaliste, dans un courrier adressé au procureur de Toulouse, d’avoir commandé la sulfureuse missive contre 15 000 euros. Dominique Baudis et Marc Bourragué, eux, déposent plainte, ouvrant ainsi la voie à une information judiciaire ordonnée par le parquet de Paris, pour "sortie illicite de correspondance, violation du secret de l’instruction et violation du secret professionnel". Chargée de l’instruction, Nathalie Turquey ne parvient pas à démontrer l’existence d’une quelconque transaction financière. Elle décide dans un second temps de remettre en liberté les deux prévenus. Un an plus tard, les voilà donc rattrapés par la justice...




