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La maison des écrivains organise un colloque sur les "Enjeux contemporains du roman"

Publie le mercredi 24 janvier 2007 par Open-Publishing

La maison des écrivains organise un colloque sur les "Enjeux contemporains du roman"
les 26 et 27 janvier 2007 auditorium de la Maison de l’Amérique latine 217 Bd. Saint-Germain - 75007 Paris
Lectures de textes par les auteurs, le vendredi 26 de 18 h 30 à 20 h 30.
http://www.maison-des-ecrivains.asso.fr/manifestations.asp

Pour info, notre amie Nicole Caligaris a souhaité à sa façon réagir aux propos tenus par notre ministre de l’interieur le 11 janvier. Nicole qui participe à ce colloque y lira ce texte, que je vous fais suivre.

« La maîtrise des flux migratoires et la lutte contre l’immigration irrégulière sont des priorités de la politique du gouvernement. »

C’est par cette phrase que commence le texte de la circulaire du 21 février 2006, du ministre de l’intérieur aux préfets. Elle veut guider l’interpellation, sans faute de procédure, des étrangers résidant en France sans autorisation de séjour.

J’ai répondu littérairement à des passages de cette circulaire dans un texte qui s’appelle Mess, message, publié en juin 2006 dans la revue Éponyme et qui fait désormais partie du recueil à paraître à l’Esprit des Péninsules : Le Soupir des morts, le sanglot des vivants.

Comme le ministre de l’intérieur vient de prononcer, le 11 janvier dernier, une conférence de presse établissant le bilan de cette action prioritaire, j’ai tenu, en respectant l’ordre original de mes sources, à reporter sur ce texte d’actualité quelques-uns de mes commentaires, sans en changer une ligne car ma réponse ne varie pas.

Vous allez entendre Mess, message 007 de Nicolas SARKOZY, Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire et Nicole CALIGARIS.

[La procédure de demande d’asile n’est plus une "fabrique à clandestins". La politique de fermeté paie. Les filières d’immigration clandestine ont compris le message que nous leur avons adressé.]

Nos attachés culturels dépensent des sommes considérables pour faire entendre le français, de l’Afrique à la mer de Chine. Pas un français carié, chewing gum, bouffé aux sucres : un bon français consulaire, en grande tenue, bombé du â, droit dans ses règles, ferme sur ses exceptions, pour faire entendre, de l’Afrique à la mer de Chine, notre mess, message : « Non. »
Notre langue n’est pas morte. Nous avons notre trésor national dans la bouche. D’ailleurs nous faisons l’impossible pour ne pas avaler : nous n’osons pas imaginer le jour où le français nous sera passé par la glotte et puis tombé au fond de l’estomac, avant de descendre plus bas, plus bas — la langue de la raison ! — se perdre dans les boyaux électroniques, nous n’osons pas car, pour avoir étudié le transit, nous savons que la maîtrise des flux est impossible et hasardeuse la contention des fluides.
C’est ce qui nous crispe.
Le moindre accent, le moindre pet d’orthographe nous fait dresser les cheveux : c’est nous, l’irrégulier en horreur. Pas que nous soyons le moins du monde sensibles à la musique : nous sommes français ; nous sommes sensibles au français. Nous l’aimons raide, bien conservé, sans mélange. Et c’est dans cette langue impeccable, médaillée la toute première au tableau républicain, dont nos attachés culturels assurent, de l’Afrique à la mer de Chine, le tenace maintien, que les gens doivent entendre le mess, message de la raison : « Abandonnez tout espoir. »

[Le renforcement des contrôles aux frontières, à Roissy notamment, a permis de refouler 35 000 migrants illégaux avant leur entrée sur le territoire national. Nous avons raccompagné vers leurs pays, à partir de la métropole, 24 000 étrangers en situation illégale en 2006.
Ces chiffres sont le résultat direct des objectifs chiffrés que j’ai fixés aux préfets, de l’augmentation de la capacité d’accueil dans les centres de rétention administrative (1 000 places en juin 2002, 2 400 places en juin 2007) et de l’organisation de vols groupés (40 en 2006 contre 17 en 2005).]

Gardiens à la laisse courte, bouteurs hors-la-France, poignets dociles du bon tampon : nos préfets. Et que l’homme retrouve sa défaite.Nous disons : le lointain, c’est fini. Qu’il retourne habiter la gorge molle de son destin, le lit sans ciel de sa naissance, qu’il apprenne à aimer l’amer : le doux n’est pas à sa portée.
“Toute chose m’est nouvelle”, cette grande soif, cette pupille ouverte, c’est du passé. Qu’il s’en tienne au petit ordinaire, à l’étroit des murs trop proches, des plafonds bas et des tôles de ses villes en bidons, aux champignonnières que sont les cellules de son avenir. Il cherchera en vain le large.Tel est le mess, message de la raison.

[pour lutter contre les fraudes, nous devons mettre un terme aux abus de l’aide sociale versée aux ressortissants étrangers.
Je le répète : on ne doit pas immigrer en France pour bénéficier d’aides sociales. Notre pays n’a pas vocation à être un guichet social universel !]

Nous sommes d’un lieu : c’est ce “chez moi” sans conteste qui délimite le périmètre étroit de notre tout pouvoir. C’est un intérieur, ce “chez moi”, selon notre classement du réel, un espace impénétrable, entouré de rideaux, peu exposé à l’oxygène, imprégné de notre intimité, c’est un repos, l’idée d’y rentrer nous soulage de nos efforts au-dehors :
propres, tenus, droits, sérieux, pugnaces, polis, pas trop, respectés, réussis ; l’idée d’y pouvoir exercer en maître un “je veux” sans justification, c’est ce qui nous rend ailleurs dociles.
Deux catégories nous suffisent pour ordonner le réel tout entier : l’accessible à tous et le derrière d’une porte.

[ dans mon esprit, le "droit opposable au logement" ne doit pas être reconnu à tous les étrangers présents en France. Il va de soi que les "sans papiers" ne doivent pas y avoir accès. Je ne souhaite pas, non plus, que tous les étrangers en situation régulière y aient droit.
S’ils sont arrivés récemment en France, ils doivent encore faire la preuve de leur intégration. Pour moi, seuls les étrangers parfaitement intégrés, titulaires d’une carte de résident de 10 ans, auraient vocation à bénéficier du "droit au logement opposable" au même titre que les Français.]

Nous ne parlons que depuis le sommeil, tout est du feutre de nos songes. Qui sait pourquoi nous ne pouvons pas renoncer à vous briser ?
À plaquer votre élan, votre désir, monté des creux, soulevé, porté, soulevé encore, nourri au miel solide de quelques mythes, aux sèves coulées des bâtons, aux laits acides des cosses noires, votre désir saumon, remontant, par impossible, le cours du destin vers un printemps hors de prix, compagnon des cailloux qui ricochent à la surface des lacs, votre désir délié, sans mesure, soulevé encore par quelque force sous-marine dont nous ne pouvons avoir idée, soulevé sur sa très haute crête, grandi du ressac, votre désir à son sommet et rehaussé encore ;
jamais, votre désir, c’est le mess, message de la raison, jamais la force de votre désir, ni par infraction, ni par soustraction, ni par pénétration, jamais la force de votre désir à son comble ne l’emportera sur les mesures de notre refus. Nous préférons vous voir en taule.