Accueil > La police lui demandait de faire la preuve de son homosexualité

La police lui demandait de faire la preuve de son homosexualité

Publie le samedi 23 septembre 2006 par Open-Publishing

Karim (1), 18 ans, Algérien, sans papiers, lycéen et homosexuel, restera en France.
Hier, le tribunal administratif de Bordeaux a annulé l’arrêté de reconduite à la frontière sous lequel l’avait placé la préfecture le 31 août. « Le tribunal m’a donné raison sur tout », se réjouit son avocat.

Karim était arrivé en France en 2004, à l’âge de 16 ans, officiellement pour des vacances, avec un visa de tourisme, et s’était réfugié chez un oncle de nationalité française chez qui il réside toujours.
Lors de l’audience, la semaine passée, son avocat Me Pierre Landète avait fustigé l’administration, l’accusant de « perversité » pour avoir demandé à Karim de justifier de « ses préférences sexuelles ». Il avait exposé les conditions de vie difficiles « des homosexuels dans les pays arabes ». Karim est originaire de Tizi Ouzou, ville sous très forte influence islamiste. Devant le tribunal, il avait affirmé avoir été rejeté et même battu par sa famille à cause de son orientation sexuelle. Julien, son petit ami, était venu par ailleurs attester de leur relation.

Hier, le tribunal administratif a reproché au préfet d’avoir commis « une erreur manifeste d’appréciation quant aux conséquences de la mesure d’éloignement sur la situation personnelle de l’intéressé », ajoutant que Karim « est entré en France en 2004, alors qu’il était mineur en détresse, à la suite du rejet de sa famille en Algérie en raison de son homosexualité avouée ».
Le magistrat a également jugé que le jeune homme « a témoigné d’une volonté de s’insérer socialement » : il prépare un BEP de comptabilité dans un lycée de Mérignac.
Enfin, le tribunal a condamné la préfecture de la Gironde à verser à Karim 1 000 euros de dédommagement. Hier, l’Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) a demandé au ministre de l’Intérieur de prendre acte de cette décision, en ordonnant à l’administration de ne pas faire appel et d’octroyer à Karim un titre de séjour.
(1) Le prénom a été changé.