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La police réclame un soutien psychologique !

Publie le jeudi 24 novembre 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

Le syndicat national des officiers de police se plaint auprès de Sarko du manque de soutien psychologique, et de la désorganisation bureaucratique des services lors des émeutes de banlieues.


Syndicat National des Officiers de Police

 Bureau National -

55, rue de Lyon - 75012 PARIS

01 44 67 83 30 7 01 44 67 84 20

Réf. : BN/JPR/2005 n° 614

Paris, le 16 Novembre 2005

Monsieur le Ministre,

Lors de notre entrevue du 7 novembre, j’avais déclaré que le moment venu, il serait temps de passer à un examen critique des différents problèmes qui ont vu le jour lors des évènements dans les banlieues.

La situation étant en passe de se normaliser, le S.N.O.P., qui a en permanence accompagné, soutenu les Officiers sur le terrain et tenu de multiples réunions, souhaite porter à votre connaissance les premiers éléments qui nous semblent nécessaires pour compléter votre information sur les difficultés rencontrées au quotidien.

Problèmes matériels :

Les Officiers de Police, dans les compagnies de rappel, ont pu noter que leurs effectifs, faute de formation et d’information préalable, n’étaient pas en capacité de se servir des matériels mis à leur disposition (casques de maintien de l’ordre, grenades, flashballs).
Ils ont également constaté un manque flagrant de matériels de maintien de l’ordre notamment de tenues adéquates.
Par ailleurs, faute d’armement adéquat, nous étions totalement démunis lors de réponses à des caillassages situés à plus de 10 mètres des lignes de maintien de l’ordre.
Le manque d’expérience des unités non spécialisées en maintien de l’ordre a entraîné dans certains endroits des interventions prématurées ou non préparées qui ont provoqué la destruction ou la mise hors service de nombreux véhicules de police.
Nous regrettons la totale absence de soutien psychologique sur le terrain, un apport de cette nature après dix nuits de stress aurait été apprécié.
Il est à noter par ailleurs que très rapidement la logistique des divers approvisionnements a été largement insuffisante. Les fonctionnaires en opération n’ont pas pu se restaurer, se désaltérer ou se reposer.

Une partie des problèmes soulevés auraient pu être facilement évités si les Directeurs concernés avaient consenti depuis des années à mettre en place des stages de formation et de sensibilisation au maintien de l’ordre pourtant proposés régulièrement, au travers des CDSF, par les responsables d’unités concernées (CDI, BAC ...)

Problème de gestion :

Dans les départements touchés, les Officiers de Police ont dû régulièrement pallier le manque permanent de gradés expérimentés.
Dans ces mêmes départements, il a été noté une totale disparité dans la répartition des effectifs par circonscription, le fil directeur étant que ce n’est pas là où on en a le plus besoin qu’il y a le plus de monde.

Alors que les personnels se présentaient de façon spontanée et bénévolement pour se mettre à disposition de leur service, ils ont été invités à rentrer chez eux au prétexte que leur présence en renfort généreraient trop de récupérations. Dans une situation d’urgence qui demandait la présence de tous, cette réponse de « petit comptable » a été très mal vécue. Cette attitude s’est confirmée depuis par des déclarations régulières laissant entendre qu’il n’y aurait pas de récupérations suite à ces heures effectuées.

Dans le même ordre d’idée, alors que le nouveau statut que vous avez élaboré pour les Officiers de Police, leur donnant plus de responsabilité et d’autonomie sur leurs personnels, nos collègues se sont retrouvés bridés par leur directions d’emploi, leur interdisant souplesse et adaptabilité avec leurs personnels pourtant volontaires. On me rapporte le cas d’un jeune lieutenant de police que l’on a obligé à changer d’indicatif radio afin qu’il n’apparaisse pas sur la main courante, alors qu’il était en dépassement horaire.
Par contre, nous pouvons rassurer les utilisateurs compulsifs des outils statistiques, car, durant tous ces événements, les états-majors n’ont pas manqué d’exiger des Officiers de Police, au petit matin après une nuit blanche, le détail de tous les chiffres indispensables aux DDSP.

Problèmes avec les réponses judiciaires :

Les parquets se refusent obstinément à incarcérer des délinquants mineurs. Il est apparu lors de ces affrontements que nombre de mineurs « jeunes adultes » pouvaient être aussi agressifs que s’ils étaient majeurs. Des mises en détention dès les premiers incidents auraient sans doute eu un effet modérateur sur des adolescents inconscients des risques qu’ils prenaient ou faisaient prendre ainsi que des conséquences de leurs actes. Dans cette configuration exceptionnelle, l’ordonnance de 1945 sur les mineurs est apparue totalement inadaptée.
Ces mêmes parquets sont apparus très vite totalement débordés par l’ampleur de la tâche et se sont retrouvés, comme souvent dans ces TGI, dans l’incapacité matérielle d’exercer leurs fonctions (pas de réponse rapide donc exemplaire faute de place dans les centres de détention).

Plus que jamais, le S.N.O.P. demande une totale refonte des systèmes d’évaluation, de gestion et donc de motivation des Officiers. Je me permets de rappeler qu’avant les évènements, il était dû 6 millions d’heures supplémentaires aux Officiers de Police et qu’à ce jour, aucune réponse sur le sujet n’a été apportée.

En conclusion, on ne peut que se féliciter du sang-froid, du professionnalisme et du sens des responsabilités du corps des Officiers de Police. Ceux-ci viennent de démontrer, lors de ces circonstances particulièrement dramatiques, toute la pertinence de leur nouveau positionnement.

Pas un seul Officier n’a manqué à l’appel et tous se sont spontanément mis à disposition de nos concitoyens.

Vous souhaitant bonne réception, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

Le Secrétaire Général,

Jean-Pierre RAYNAUD

Monsieur Nicolas SARKOZY
Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur
et de l’Aménagement du Territoire
Place Beauvau
75800 - PARIS CEDEX

http://www.snop-snapc.fr/actual/letmi161105.htm

Messages

  • Comme-quoi soutenir la politique de notre gourvernement actuel en lui servant de bras armé contre son propre peuple ne vaccine les forces armés de subir la même politique cynique de restrictions & d’efficacités budgétaires. Mdr... < ;°)
    Même eux se plaignent du manque de formation, des décisions abstraites de leur hiérarchie (comme les étagères, plus c’est haut & moins ça sert), de l’avarice de matériels, des heures de travail non comptabilisées & par conséquents non payées, se condisère comme victimes du manque de volontés & de réalisme de nos politiciens. Ben ça alors, c’est pas croyable ! Comme quoi le peuple n’est pas le seul à en avoir ras le bol de cette situation et des personnes qui l’ont provoquée.
    Le jour où les policiers comprendront qu’ils ne sont pas là pour défendre nos micro politiciens, mais pour défendre les institutions de plus en plus détournées de leur buts et petit à petit réduits en miettes sous nos yeux par ces mêmes politiciens, peut-être ceux-ci se décideront-ils à devenir le bras armé de leurs familles, de leurs proches & amis, ayant compris ENFIN qu’un jour où l’autre TOUT LE MONDE passera à la moulinette ultra-libéral même EUX...

    Signé un lecteur pas tellement supris de ce que messieurs subissent aujourd’hui, puisque ce phénomène à une très nette tendance à se généraliser en ce moment.

    Philippe M.

  • Mmh mmh. Intéressant aussi de découvrir que les FORCES de l’ordre ne sont pas si FORTES que ça, malgré tout leur impressionnant déploiement dissuasif. Mettre au pas une poignée de trublions, c’est facile. Faire face à un peuple entier - allez, pas trop d’optimisme, disons 50 à 60% de la population d’un pays - qui se soulève, à bout de colère, de chagrin et d’exaspération, ... ça ... faudra voir. ... D’autant plus qu’effectivement, hormis quelques excités et une poignée de malades assoiffés de castagne, la grande majorité des policiers en est issue, de ce peuple et y compte de la famille et des amis.

    C’est plein d’espoir, tout ça.

    Comment c’était déjà, cette vieille chanson ? ... "Ils tournèrent leurs carabines ..."

    Absinthe

  • Il faut le lire pour le croire : la police déprime de ne pas avoir assez de moyen.
    Les moyens de repressions sont en constantes augmentation, et l’origine de la déprime de ces gens c’est qu’ils ne s’attirent pas la sympathie des gens qu’ils matraquent.
    Et cela malgré le fait que leur équipement est de plus en plus efficace.
    Je n’ai pas de charité pour les Robocops, excusez-moi de cette partialité.
    Vous n’aimez pas la discipline, la rigueur et un chef qui vous donne des ordres ?
    Il fallait choisir un autre métier, alors.
    Ou bien alors il faut appeler à la grêve : grêve de la police, un bon début pour transférer les dépenses offensives et repressives vers des dépenses sociales et préventives.
    Mais cela serait trop demander, peut-être...

    jyd