Accueil > La police teste les électrochocs
Un pistolet qui envoie une décharge de 50.000 volts est testé par des policiers dans plusieurs départements. Déjà une mort suspecte.
La police française teste discrètement un pistolet à électrochoc, à effet paralysant, pour éviter l’usage de la force, voire d’armes à feu, lors d’interpellations mouvementées, a-t-on appris mercredi 15 septembre, auprès du Directeur départemental de la police du Rhône.
"C’est une arme qui protège le policier et son protagoniste, puisqu’il n’y a plus usage de la force, avec toutes ses conséquences possibles", a commenté ce responsable policier Hubert Weigel.
"L’arme décharge 50.000 volts à un ampérage très faible pendant cinq secondes, qui provoque une absence totale de contrôle musculaire, et paralyse l’individu atteint", qui tombe à terre avec tous les signes extérieurs du trépas, a expliqué de son côté le commandant de la BAC, Gilles Romeu.
Rumeur autour d’une mort
Cette utilisation expérimentale a été à l’origine de la circulation d’une rumeur en début de semaine à Lyon sur la mort d’un jeune homme lors d’une interpellation de la BAC (brigade anti-criminalité), après qu’on l’ait vu à terre, inanimé.
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Le jeune homme faisait partie d’un groupe qui avait encerclé et attaqué à coups de pierres une équipe de la BAC qui procédait à une interpellation dans un quartier sensible de Lyon. Un fonctionnaire avait alors tiré avec son pistolet électrochoc et le jeune homme, qui lançait des pierres, a été immobilisé et arrêté, tandis que sa capture avait un effet dissuasif sur le reste du groupe, a expliqué la police.
Cette "arme à transfert d’énergie électrique", selon la terminologie officielle, est testée par la police dans le Rhône, en Seine-Saint-Denis et dans les Alpes Maritimes. Huit policiers en sont équipés dans le Rhône. Ils en ont été dotés après une formation de deux jours et après avoir fait eux-mêmes l’objet d’un tir.
"C’est une sensation qui ne ressemble à aucune autre. Comme une crampe violente, mais multipliée par cent. Une douleur intense", a expliqué Gilles Romeu.
50.000 volts
La décharge de 50.000 volts est associée à un ampérage très faible, ce qui la rend inoffensive. Un défibrillateur cardiaque a un ampérage cent fois supérieur, a indiqué Gilles Romeu.
Depuis qu’elle a été introduite dans la police à Lyon, l’arme a été utilisée une deuxième fois avec succès, contre un forcené.
Des armes de ce type sont utilisées au Canada et aux Etats-Unis "où le nombre de policiers blessés à baissé de 80%", a expliqué Hubert Weigel. L’effet dissuasif de cet arme à visée laser est très fort, selon M. Weigel, qui note que la mise en joue n’est pas suivie d’action dans 60% des cas.
"A Lyon, la police procède chaque jour à une vingtaine d’intervention au cours de laquelle les policiers sont directement menacés par une arme blanche ou une arme de poing", indique-t-on. L’arme est utilisée dans les mêmes conditions que les armes à feu, avec les sommations d’usage.
Un bilan de l’usage de cette arme sera fait à la fin du mois de septembre.
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20040916.OBS7062.html