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La présentation du programme pour la campagne présidentielle de Marie George Buffet au Zénith

Publie le jeudi 25 janvier 2007 par Open-Publishing
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de Giustiniano Rossi

Le 23 janvier 2007, Marie George Buffet, candidate à la présidence de la Gauche populaire et antilibérale, a présenté son programme.

Le chapiteau historique du Zénith, au Parc de la Villette à Paris, où fut lancée la campagne contre le Traité Constitutionnel Européen qui s’acheva par la victoire du NON au référendum qui aurait dû le ratifier, était plein bien au-delà des 6 000 places qu’il peut offrir.

Dans une atmosphère générale de grand enthousiasme, il y a eu la lecture du message de soutien Fausto Bertinotti, l’intervention du secrétaire des Jeunes Communistes, qui a rappelé les points forts de la mobilisation des jeunes ces dernières années, qui a abouti au retrait de la loi sur le CPE et l’interview de Roberto Ferrario du Collectif Bellaciao, qui a lancé un appel à signer la pétition sur le site
http://www.bellaciao.org
à la veille de l’ouverture du procès à sa charge qui débutera le 13 mars prochain.

Ont eu lieu ensuite les interventions de Jean-Paul Israel, secrétaire de la CGT marins, qui a parlé de la lutte des travailleurs de la SNCM de Marseille, partiellement privatisée, d’une représentante des transexuels, d’une représentante des femmes immigrées qui a parlé de leur condition dans les banlieues, d’une ouvrière d’une entreprise du textile du Nord menacée de fermeture, d’une jeune fille qui a dû fuir Haïti et a pu obtenir sa régularisation grâce à l’intervention personnelle de Marie George.

Dans son discours, Marie George Buffet n’a pas caché son regret suite à l’impossibilité d’exprimer une candidature unique de la part des Collectifs antilibéraux formés à l’occasion de la campagne victorieuse contre le TCE, dans lesquels elle s’est investie pendant des mois pour construire un programme commun et arriver à élire un candidat/e à la présidence par la méthode du consensus.

Toutefois, elle a indirectement confirmé que les 125 points qui constituent le programme des Collectifs seront à la base de son programme et elle a tendu la main à José Bové, en souhaitant qu’aux candidatures de la gauche antilibérale, déjà trop nombreuses – outre à Marie George, il y a Besancenot de la LCR, Laguiller de LO et Voynet des Verts – ne s’ajoute pas la sienne.

Marie George Buffet s’est engagée, en cas de victoire, à procéder à des mesures énergiques de redistribution du revenu par le levier fiscal (l’IGF sera doublé, le nombre des échelons de l’impôt sur le revenu va augmenter, les revenus financiers seront taxés, l’impôt sur les entreprises sera modifié, en pénalisant celles qui choisissent les profit au détriment de l’emploi et des salaires, la TVA pour les ménages modestes sera réduite).

Sur le problème des salaires, elle a proposé l’augmentation à 1 500 euros du SMIC, ce qui correspond à 9 milliards d’euros par an, c’est-à-dire moins de 10% des bénéfices réalisés par les entreprises du CAC 40 en 2006. Elle a en outre confirmé son engagement afin que le droit à la retraite à 60 ans soit rétabli.
A propos de l’horaire de travail, à la différence de Ségolène Royal qui a déclaré être disponible à revoir la loi des 35 heures de travail hebdomadaire, elle a souligné sa volonté de continuer à lutter pour sa réduction.

Au sujet des services d’intérêt public, non seulement elle a confirmé la nécessité de leur défense et de la lutte contre leur privatisation réalisée sur la base de la directive Bolkestein, mais elle s’est prononcée pour l’institution d’un nouveau service public du logement, garantissant aux citoyens la jouissance de ce droit, un droit fondamental comme celui à l’emploi, à la formation, à la sécurité sociale. Sur ce dernier point, elle a proposé l’institution d’un service sanitaire universel, remboursant 100% des soins et des médicaments.

Sur le problème des migrants, elle a proposé la régularisation immédiate de tous les sans-papiers présents sur le territoire national.

Marie George Buffet s’est engagée à combattre la précarisation de l’emploi en proposant un système alternant des périodes d’emploi à des périodes de formation sans passer par le chômage.

Pour lutter contre la détérioration des conditions de vie des jeunes, elle a proposé pour eux un système d’allocations, de garantie du logement, de formation professionnelle, d’accès au premier emploi.

Quand, en parlant du culot du candidat de l’UMP, Sarkozy, qui a osé se réclamer de Jean Jaurès, de Léon Blum et de Guy Moquet, elle lui a interdit de se servir du nom de ce dernier, un jeune communiste de 17 ans fusillé par les occupants nazis, dont la mémoire n’a pas été effacée par les 60 ans passés depuis, les milliers de personnes présentes ont bondi en applaudissant d’une façon assourdissante et émue.

C’est un Sarkozy qui dispute la scène à l’extrême droite xénophobe et raciste de Le Pen, a dit Marie George, qui fait la chasse aux enfants des sans-papiers dans les écoles, qui insulte les jeunes en provoquant des tumultes qui ont eu des conséquences graves, qui casse les services publics et le système des retraites, un Sarkozy qui n’est sûrement pas inspiré par Jean Jaurès, mais qui en insulte la mémoire.

Marie George Buffet a comparé Sarkozy à un loup déguisé en agneau, qui ressemble à Ségolène Royal, qui s’est fait photographier avec un agneau dans ses bras : tous les deux offrent une aumône aux agriculteurs, qui revendiquent, au contraire, des prix rémunérateurs, leur permettant de vivre, pour leurs produits.

Peut-être, quand elle a demandé pour les Palestiniens un Etat indépendant selon la ligne de frontière établie par l’Onu en 1947 à côté de l’Etat d’Israël, les camarades italiens présents avec les drapeaux de Rifondazione Comunista-Gauche Européenne s’attendaient-ils à une dénonciation plus énergique de la colonisation israélienne sans pitié, de ses guerres préventives, de ses murs, de ses assassinats ciblés, de ses drones.

Peut-être, quand elle a parlé de la nécessité d’une nouvelle politique énergétique et d’un développement compatible avec l’environnement, les mêmes camarades s’attendaient-ils à une dénonciation du nucléaire civil et militaire qui fait de la France, au moins pour ce qui est du premier, un cas presque unique dans une Europe qui s’en est libérée ou s’est dotée d’un programme pour en sortir.

Peut-être, quand elle a parlé de lutte pour la paix, sont-ils nombreux ceux qui auraient voulu entendre une allusion à la politique militaire de la France en Afrique où ses forces d’intervention d’urgence continuent à protéger ses intérêts néo-coloniaux, et à son industrie d’armement, une des plus importantes du monde qui continuent à exporter des armes avec lesquelles se mènent tant de guerres actuelles.

Et, sûrement, quand s’est conclu le meeting, en faisant précéder le solennel chant de l’Internationale par celui de la Marseillaise, ils furent nombreux à avoir un petit pincement au cœur qui ne comprend pas, qui ne veut pas comprendre les raisons de cette gauche qui, au nom de la Realpolitik, ne veut pas laisser à la droite le monopole du drapeau tricolore, de la patrie, de l’hymne national et de tout ce qui serait apte à procurer un plus large consensus électoral.

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