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La reprise ? Quelle reprise ?

Publie le jeudi 13 août 2009 par Open-Publishing
8 commentaires

De Rosa Moussaoui

Conjoncture. La Commission européenne prévoit, sur l’ensemble de 2009, une contraction de 4 % du PIB. On est loin des scénarios de sortie de crise .

Ce n’est plus de l’optimisme, c’est de l’exultation. Une éclaircie boursière, et voilà les pythies du libéralisme prédisant en coeur une imminente sortie de crise. « Croissance : les voyants passent au vert », assurait hier, à sa une, le supplément économique du Figaro en s’appuyant, entre autres, sur la hausse de 0,4 % de la production industrielle en juin. Cet enthousiasme est à peine tempéré dans les pages de Libération, qui loue « l’interventionnisme » d’Obama et veut croire que « le climat économique a changé ». « Les indices montrent que, cette fois, le monde a su réagir à la dépression », s’avance le quotidien. Seul bémol : « La bataille de l’emploi (…) n’est pas gagnée. »

Indicateurs contradictoires

C’est le moins que l’on puisse dire. Si des indicateurs, contradictoires, peuvent nourrir l’hypothèse d’une moindre sévérité de la récession, les prévisions, sur le front de l’emploi, restent désastreuses. D’après les projections de l’Organisation internationale du travail (OIT), le nombre de privés d’emploi dans le monde devrait augmenter de 39 millions à 59 millions entre 2007 et fin 2009, ce qui porterait leur nombre entre 210 millions et 240 millions pour 3,3 milliards d’actifs recensés. En France, selon l’INSEE, « l’emploi se replierait, au total, de plus de 590 000 postes en 2009, après une baisse de plus de 90 000 postes en 2008 ».

« La crise économique mondiale et ses conséquences signifient que le monde est confronté à la perspective d’une augmentation prolongée du chômage et d’une aggravation de la pauvreté et des inégalités. Habituellement, le redressement de l’emploi n’intervient que plusieurs années après la reprise économique », souligne un document de l’OIT. Laquelle pointe l’insuffisance des politiques de soutien à l’emploi, auxquelles ne sont consacrés que 10 % à 15 % des sommes colossales mobilisées par les plans de relance. Pour « contribuer à la reprise et au développement », cette organisation internationale juge indispensable « une attention prioritaire à la protection et à la croissance de l’emploi par le biais d’entreprises durables, de services publics de qualité et de la mise en place d’une protection sociale adéquate pour tous ». Un programme qui ne colle pas franchement aux chemins empruntés, en Europe, par des gouvernements mus par les impératifs libéraux de compression des dépenses sociales et de démantèlement des droits des salariés.

Peu de signes d’embellie

Problème de ces politiques : en fragilisant les salariés, en étouffant la demande, elles alimentent le cercle vicieux de la crise. Dans sa note de conjoncture de juin, l’INSEE esquissait déjà, pour la France, un scénario contradictoire. Celui d’une « modération progressive du recul de l’activité », doublée d’une poursuite de la « dégradation rapide du marché du travail ». Le pouvoir d’achat, dans un tel contexte, pâtirait de « la baisse des revenus d’activité », bridant une consommation qui « marquerait le pas ».

En fait, les ingrédients d’une sortie de crise durable sont loin d’être réunis. D’autant que la conjoncture offre en réalité peu de signes d’embellie. Dans la zone euro, où le PIB a reculé de 2,5 % au premier trimestre, la Commission européenne prévoit, sur l’ensemble de l’année 2009, une contraction de 4 %, une estimation proche de celle du FMI (- 4,2 %), mais plus optimiste que celle de l’OCDE (- 4,8 %).

Aux États-Unis, où l’incertitude demeure sur le montant exact des actifs toxiques détenus par les institutions financières, le géant du crédit hypothécaire Fanny Mae a enregistré, au deuxième trimestre, la perte abyssale de 15,2 milliards de dollars, dont 411 millions de paiement de dividendes. La faillite de ce mastodonte de la finance, placé sous tutelle de l’État, entraînerait une réaction en chaîne. Bien loin de la « stabilisation » des marchés financiers tant louée par certains éditorialistes…

Rosa Moussaoui

http://www.humanite.fr/2009-08-12_P...

Messages

  • Reprise :

    Réparation à l’aiguille d’une étoffe trouée, avec reconstitution des fils de trame et de chaîne

    (Dictionnaire Hachette encyclopédique 1994)

  • Correction de l’Insee sur le PIB français

    L’Insee annonce avoir inversé par erreur deux lignes de son tableau du produit intérieur brut français au deuxième trimestre. Lire la suite l’article

    Il en ressort que l’investissement des entreprises non financières a baissé de 0,9% au deuxième trimestre, après -3,6% au premier, et l’investissement des ménages de 1,8% (après -1,9%), et non l’inverse.

    Nous rediffusons l’ensemble des dépêches mentionnant ces chiffres pour tenir compte de la correction.

    http://fr.news.yahoo.com/4/20090813...

  • Quelle naïveté de croire que la reprise est là, quand il y a hémorragie de plans sociaux et de mise au chômage !

    Mais je suppose que le terme de "reprise", lancée dans les médias par qui vous savez, ne s’adresse pas à la population salariée, mais plutôt aux nantis et aux patrons. Les mots ont un autre sens quand c’est prononcé par l’ump. On a bien vu que la crise a surtout profité aux riches, aux patrons et aux politiques mais aucunement aux salariés. C’est ça la réalité.

  • Mais oui c’est la reprise !Les riches sont encore plus riches.momo11

  • Bonjour,
    Nous sommes trés loin de la reprise ! les bourses ont beau se reprendre, elles ne sont que l’anticipation de l’économie dans 6/8 mois. D’ici là le chomage va croitre de plus en plus, la désindustrialisation de la france, en autre, va s’accentuer !
    Reste un probléme trés épineu, celui des dettes colossales pour les différents "plan de relance". Les marchés de dette des états sont saturés, plus personnes ne voulant des bons du trésor US entre autre etc...
    Bref la vraie crise ne fait que commencer, une aggravation pour l’automne sans doute !!
    Quelques chiffres statistiques trafiquent la réalité d’un changement structurel important. Les files dans les anpe privatisées n’en sont qu’à leurs début ! :((

  • Je ne suis pas un économiste distingué

    Cependant, apparaît bien ce que l’on pourrait appeler "une danse du ventre capitaliste"

    Premier élément me senble t il, à la "subprime" privé, encore dans les coffres, s’est substituée la "subprime" publique, cela différencie de 29. Et cela en effet, au niveau financier, crée un palier à la crise, d’autre part les plans de relance (par exemple prime à la casse et tout le reste) tasse ausi un peu.

    Deuxième élément, le déstockage massif dans l’industrie de fin 2008 à début 2009 (toujours l’automobile par exemple), et ses corolaires chômage partiel et tout court, implique un rééquilibrage par de la production, il faut bien avoir quelque chose à vendre et de la plus value à extraire.

    Au delà des béatitudes boursières et des spéculations politiciennes, c’est un phénomène réel, et les chiffres sa température.

    Mais que cache l’arbre ?

    Comme le dit si bien Louis

    "Ils se croient libre sur un fil d’acier
    quand tout l’équilibre vient du balancier"

    De ce côté (balancier), il y a transformation entre Etats et planè !e financière de conserve, pas plus, et cela constitue une nouvelle bulle (et nos banquiers se pavanent la "belle rustine" et rebelote bonus), mais les Etats ne sont pas à l’abri de se faire noter sur leurs dettes, cela n’est pas infini, exactement comme les "subprimes" et si celle là éclate il n’y a plus de roue de secours !

    Il y a aussi le difficile équilibre entre consommation et exploitation, si une multitude est sur la paille, elle ne consomme que peu, et alimente la crise.

    Pour être attentif je crois qu’il est dur de lire dans le marc de café...

    En tout état de cause, en revanche, nous subissons cette incurie et sommes toujours canuts... même habillés de gauche ou de vert, il serait peut être temps de changer de braquet, parce que là ils éclairent singulièrement leurs obscénité quant au genre humain et à la planète.

    Révoltant non !

    Domino

  • Etats-Unis : des nouvelles du secteur financier.

    Les faillites bancaires s’accélèrent aux Etats-Unis.

    Colonial Bank, dont les dépôts s’élèvent à 20 milliards de dollars, est la 77ème banque à disparaître cette année.

    http://www.lefigaro.fr/societes/2009/08/17/04015-20090817ARTFIG00164-les-faillites-bancaires-s-accelerent-aux-etats-unis-.php

    Etats-Unis : des nouvelles du secteur non-financier.

    Hausse spectaculaire du nombre de faillites aux Etats-Unis.

    Le nombre de faillites a bondi de 38 % d’avril à juin 2009 aux Etats-Unis, montrent des documents publiés par l’administration judiciaire, signe que les particuliers et les entreprises ont payé un lourd tribut à la hausse du chômage et au gel du marché du crédit.

    Au total, 381.073 procédures de faillite ont été ouvertes au deuxième trimestre, 15 % de plus que lors des trois premiers mois de l’année, 38 % de plus que lors de la même période l’année dernière.

    Plus de 16.000 entreprises ont déposé leur bilan d’avril à juin, un chiffre sans précédent depuis le deuxième trimestre de 1993.

    La hausse des faillites de sociétés a grimpé de 64 % par rapport à l’année dernière et le placement sous la protection du "chapitre 11" a plus que doublé au cours des six premiers mois de 2009 par rapport au premier semestre 2008.

    Parmi les procédures les plus retentissantes, figurent celles de Chrysler et General Motors.

    "Nous assistons à une hausse sensible des mises sous protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites dans le secteur des petites entreprises, des sociétés traditionnellement à l’abri des tempêtes économiques", souligne Jack Williams, enseignant à la Georgia State University.

    Il estime que fin 2009, 1,4 million de procédures de faillite auront été ouvertes, un chiffre inédit depuis 2005, année lors de laquelle un nombre record de particuliers s’étaient placés en faillite avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle législation.

    Les dépôts de bilan, explique-t-il, ont toujours un décalage d’un an par rapport au rebond de l’économie et il s’attend donc à une augmentation du nombre des procédures.

    L’Etat le plus touché est celui du Tennessee où l’on recense 8,1 faillites pour 1.000 habitants, plus du double de la moyenne nationale qui s’inscrit à 3,9 pour 1.000.

    http://www.zonebourse.com/informations/actualite-bourse/economie/Hausse-spectaculaire-du-nombre-de-faillites-aux-Etats-Unis-1-13228311/

    Christine Lagarde réagit : « Ah ben … voilà voilà voilà … c’est-à-dire que … euh … toutes ces informations confirment que la crise est finie. »

    Merci, Christine.