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La révolte des gueux

Publie le mardi 13 décembre 2005 par Open-Publishing
15 commentaires

de Marianne

Je vais prendre un exemple, moi qui travaille à l’Anpe, dans une grosse agence qui reçoit des personnes assez peu diplômées dans l’ensemble : la formation ? ses possibilités en sont réduites à peau de chagrin par les Assedic qui ne financent plus que certains domaines, sur moins de 4 mois (sinon, il faut aller chercher dans celles financées par le Conseil régional et il y a beaucoup de monde). Du travail pour les plus de 50 ans ? Une chance si on trouve un employeur qui accepte, à moins qu’on ne lui verse des"aides", et encore...

L’indemnisation par les Assedic (ARE/ASS) ? De plus en plus de convocations non suivies ont pour effet la radiation pour 2 mois d’office.

Prenons maintenant l’exemple de ceux qui nous gouvernent : ils ne sont pas tous sortis des grandes écoles, ils gagnent de bons salaires (+ les avantages) même quand ils arrêtent leur fonction, ils ne sont pas contrôlés par le peuple (même quand ils sont des casseroles aux fesses, ils peuvent continuer à exercer leurs fonctions).

Voilà le modèle actuel ascendant : les "élites" (ou plutôt les voleurs de pouvoir) passent leur temps à montrer : "faîtes ce que je dis mais ne faîtes pas ce que je fais". Concernant la société de consommation, son message et ses effets relèvent de la quadrature du cercle, d’une aliénation perpétuelle : achètes, aies toujours de nouveaux désirs et sois toujous capable de pouvoir te les payer.

Pas de travail, pas d’argent, et devoir correspondre à un modèle de normalité contraire, voilà la grande contradiction de la société moderne actuelle.

Aucun espoir : les "intellectuels" qui passent sur les ondes sont du côté du pouvoir, pas du pauvre. Les artistes ? Lesquels ? Ceux que propose la télé ? Le Grand Palais à 10 euros l’entrée pour les grandes expos et la queue en sus ? Qui sait qu’une dizaine de musées parisiens sont entièrement gratuits ? Qui sait que la piscine est gratuite pour les Parisiens ? Il faut une sacrée force mentale pour résister à la pression de la consommation, de l’ordre moral, des "bienfaits de la colonisation", des "contrôles au faciès" et des rafles d’étrangers que l’on a vu fleurir jusqu’aux quartiers populaires de Paris, et fleurir au grand jour, de façon à ce qu’on remarque bien "le travail de la police" depuis l’arrivée de Sarkozy comme superflic (2002).

Les nantis n’ont rien voulu comprendre au message des banlieues puisqu’ils ont attaqué les paroles de rap et ont maintenu la loi sur l’enseignement du rôle positif de la colonisation : nous sommes dirigés par des ploucs qui soufflent sur les braises au lieu de calmer le jeu, qui font la course au fric d’ici 2007 (tout privatiser avant les prochaines élections) et qui refusent un instant de se remettre en cause.

La banlieue était un signe de la grande souffrance qui règne actuellement parmi la populace des travailleurs à qui on demande d’être de plus en plus flexibles, des chômeurs qu’on veut obliger à prendre n’importe quoi - pourvu qu’ils arrêtent de plomber les chiffres du chômage, des vieux qu’on laisse crever pendant l’été, des écoliers à qui on laisse bouffer du Coca parce que le lobby des distributeurs d’obésité est plus fort que le bon sens de nos députés... etc... etc...

Ce système ne peut que courir à sa perte et j’en suis bien aise car nous avons la possibilité de voir les choses autrement, de construire autre chose et de virer ces bandes de Louis 14, 15, 16 qui n’ont pas compris que la révolte des gueux ne reste pas tapie dans les livres d’histoire.

lire :
 Pourquoi la banlieue française a brûlé ? Qui sont les responsables ?

Messages

  • Le seul problème est que d’ici à ce que le système s’écroule sur lui-même, il risque de s’écouler le temps nécessaire pour que l’irréparable ne se produise. Et ce sous les applaudissements de la MAJORITE de la population :(
    Personnellement, je suis extrêmement pessimiste, j’ai rarement souhaité aussi fortement avoir tort. Quand je vois que certains arrivent encore à croire que le PS serait une solution en 2007 ??? J’ai travaillé dans la comm, alors j’ai peut-être un avantage, mais quand même ! Le pillonage médiatique pour le référendum, la connivence PS-UDF-UMP, les désinformations de TF2 et consoeurs, etc. Comment peut-on être aussi aveugle ?
    Une anecdote, je sais que sur internet parfois n’importe quoi, mais je vous donne ma parole que ce je vais vous dire est vrai. La semaine dernière, lors d’une promenade en Auvergne, sur un chemin de montagne. Mon caniche (oui, oui, pas un rottweilller, il pèse 10.5 Kg) a eu le malheur d’aboyer (ou plutôt japper) sur un papy que l’on a croisé. Puis, mon chien qui avait quelques mètres d’avance sur moi a continué comme si de rien n’était. Lorsque je suis arrivé au niveau du grand-père, QUELLE AGRESSION !!! Une pluie d’insultes que je ne répèterais pas ici ! Pour terminer par une remarque qui en dit long sur l’état actuel du pays : "Sales merdeux ! une bonne guerre, çà vous ferait pas de mal !". Je suis sûr que si le type avait eu 15 ans de moins, il se jetait sur moi sans sommation ! Je sais où celui-ci va voter en 2007...

    • C’est bizarre la même histoire m’est arrivée, presque pareil.
      sauf que le type était calme, très sûr de lui, du genre "ici c’est chez moi"
      Il m’a pas tiré dessus, mais je suis sûr que c’est parce-que j’étais désarmé.
      Mais moi, je l’aurais bien étranglé.

      Vive la sociale.

      jyd.

    • Euh... Faut-il tirer des conclusions définitives d’une rencontre désagréable avec un vieux con ????

    • Faut dire aussi que c’est sacrément hargneux un caniche... J’en connais certains, ils voteraient sûrement Sarkozy, si seulement ils avaient le droit de vote.

    • Sur ce seul exemple, c’est vrai que ce serait aller un peu vite en besogne ! En fait, je voulais pas trop développer genre <3615mavie> alors j’ai fait au plus court au risque de ne pas être crédible.

      Non, je faisais allusion à cettte espèce de climat malsain qui me semble règner un peu partout, où j’en vois de plus en plus nombreux se comporter comme des auxiliaires de Sarkozy, des "agents". Donc autre exemple, une marche arrière sur une place handicapé devant une boulangerie, et trois "honnêtes français qui travaille" vous regarde comme un criminel avant même de savoir si vous vous garez ou pas, en marmonnant je ne sais quelle annerie. Une habitante de mon immeuble qui me questionne au sujet de la bande de jeunes locataires de l’appartement d’à coté, qui sont vraisemblablement à l’origine des récentes salissures dans le hall d’entrée, alors que je lui confirme que la coupable est cette PROPRIETAIRE (tout comme elle) qui vient de démménager, et qui a laissé le bazar en plan. Elle partira en me laissant la désagréable impression que je dois me tromper ! Une rencontre dans la salle d’attente de l’opticien ou un autre vous soutient que les chômeurs sont tous des fainénants : son voisin, planqué lui-aussi, qui ne bosse qu’en saisonnier, et passe le reste du temps "à l’ASSEDIC" dans son jardin à glander, alors qu’il "suffit d’aller directement voir un patron parce que du travail, y en a !". La haine du type rendant tout dialoque impossible au bout de 25 secondes. Dans la même salle d’attente, trois mères de famille discutent de la MENACE internet... Tous ces évènements sont survenus dans un laps de temps assez réduit. Phénomène uniquement auvergnat ? Mouais. Celà va largement au-delà d’une simple altercation avec un vieux con, moi en tout cas, j’en suis convaincu.

      Commentaire posté par un blanc, habitant de la dite région depuis sa naissance.
      (c)ertifié sans arrière pensée, ni ambition politique personnelle, ni Opinion Génétiquement Modifié. De toute façon, je vote plus alors :)

    • Je pense que vous êtes plutôt jeune et je crois pouvoir vous dire que tout ce ci n’est pas vraiment nouveau. Par exemple avant la "menace Internet" on a connu la menace Minitel qui succédait elle-même à la menace des petites annonces de Libé (le tout avec une forte connotation sexuelle). Reste que si votre constat s’appuie sur des événements pas forcément significatifs, il n’en est pas moins vrai que vous avez raison quand à la prolifération à vitesse grand V du credo sarkozien.

      valère

    • de Clauded’auvergne : Mais oui, mais oui, mais de tout ça vous en faites quoi ? si j’avais largué une droite à chaque fois que etc. Je n’aurais plus de phalanges.
      Nous vivons en une société qui est ce qu’elle est, et qui forme les gens (façon générale) a son image.
      Ce qui serait grave se serait que nous vivions une vie ou chacune, chacun puisse s’épanouir et que ce type de comportement existe !
      J’ai un jour largué une savate à un chien qui venait me pincer au mollet, je lui ai cassé une patte, je le regrette encore, j’aurais pu etre moins vif.
      Bon courage, bien a vous.

      mais en plus, Si des choses vous imsuportent, participez donc a leur changement. C’est Bossuet dans un fraçais plus correct que le mien, ben oui.

    • de Clauded’auvergne : Mais oui, mais oui, mais de tout ça vous en faites quoi ? si j’avais largué une droite à chaque fois que ETC je n’aurais plus de phalanges.
      Nous vivons en une société qui est ce qu’elle est, et qui forme les gens (façon générale) a son image.
      Ce qui serait grave se srait que nous vivions une vie ou chacune, chacun puisse s’épanouir et que ce type de comportement existe !
      J’ai un jour largué une savate à un chien qui venait me pincer au mollet, je lui ai cassé une patte, je le regrette encore, j’aurais pu etre moins vif.
      Bon courage, bien a vous.

    • Je m’impose habituellement un seuil de deux interventions à ne pas franchir, parce que je n’aime pas monopoliser les débats. Mais votre commentaire m’oblige pourtant à vous répondre pour plusieurs raisons.

      Pour commencer, vous dites : "Mais oui, mais oui, mais de tout ça vous en faites quoi ? si j’avais largué une droite à chaque fois que etc. Je n’aurais plus de phalanges."
      Je ne pense pas que cette première remarque, cette bienveillance empreinte de pessimisme sur la condition humaine soit très constructive pour l’avenir. De plus, non seulement, je n’ai à aucun moment non plus suggéré que la réponse directe (violente ou non) à une agression (ou autre comportement débile) était appropriée, mais je pense même exactement le contraire voyez-vous. Déjà, rien que sur ces deux aspects, votre remarque finale "participez donc a leur changement" me parait plus que malvenue.

      Ensuite :
      "Nous vivons en une société qui est ce qu’elle est, et qui forme les gens (façon générale) a son image. Ce qui serait grave se serait que nous vivions une vie ou chacune, chacun puisse s’épanouir et que ce type de comportement existe !"
      Je crains que vous ne preniez le problème à l’envers, si je puis me permettre. LE MONDE EST CE QUE CHACUN DE NOUS EN FAIT, ET NON L’INVERSE. Ce sont les individus qui forment la société. N’oubliez pas que la majorité suffit à faire changer les choses, nul besoin de l’unanimité. Bien qu’aujourd’hui les apparences soient trompeuses, puisqu’il semble que 20 % d’électeurs FN suffisent à dicter leur conduite aux "dirigeants" de ce pays.

      "J’ai un jour largué une savate à un chien qui venait me pincer au mollet, je lui ai cassé une patte, je le regrette encore, j’aurais pu etre moins vif."
      Oui, mais le mal est fait. Et bien que comme tout le monde, je commette des erreurs soumises aussi aux remords, l’état d’urgence actuel ne nous autorise plus à en commettre, du moins par résignation, paresse ou confort personnel.
      C’est cruel, mais c’est ainsi. Les réactionnaires d’aujourd’hui ne sont jamais que les pleurnichards de demain. Je soulignais simplement l’importance pour chacun de réfléchir à leurs actes de la vie courante avant d’agir, un peu comme des adultes quoi. Est-ce trop demander ?

      "mais en plus, Si des choses vous imsuportent, participez donc a leur changement. C’est Bossuet dans un fraçais plus correct que le mien, ben oui."
      Ben non justement. Outre le fait que cette dernière remarque m’a parue légèrement précipitée et insultante venant de quelqu’un qui ne connait rien de mes engagements, faire de moi un disciple de Bossuet relève là aussi d’un drôle de raisonnement inversé. Si je vous suis bien, je suis un moralisateur parce que je dénonce une armée de zombies (téléguidés par la consommation) qui sont eux-même des porte-paroles ultra-moralisateurs de l’etablishment !?

      Ce sera donc ma dernière contribution. Je vous souhaite bon courage à vous également.

  • Il fut un temps où les "intellectuels" parlaient aux puissants en faveur des gueux. C’étaient leur honneur. Aujourd’hui les "intellectuels" parlent aux gueux en faveur des puissants. C’est leur déshonneur.