Accueil > La riposte est aussi idéologique

de Gérald briant
La succession de mauvais coups fomentés par la droite appelle à l’action et au rassemblement le plus large.
Tout doit être tenté pour empêcher le gigantesque retour en arrière qui menace notre modèle social. Mais le rassemblement, l’action ne seront pas suffisants.
S’il est un sujet à travailler de façon concomitante, c’est bien celui de la bataille idéologique. Nicolas Sarkozy ne nous en laisse d’ailleurs pas le choix, lui qui ne cesse chaque jour d’enfoncer des coins sur le terrain des idées dans une gauche systématiquement sur la défensive.
Dans un article de l’Humanité revenant sur la lettre aux éducateurs du Président de la République, Marie-Noëlle Bertrand caractérise avec justesse le mode opératoire Sarkozyste, je cite : "s’il est un art dans lequel Nicolas Sarkozy n’en finit pas de briller, c’est celui qui consiste à épouser, sur la forme, la cause qu’il souhaite abattre." Prenons deux sujets au cœur de l’actualité pour illustrer le propos. Je veux parler des régimes spéciaux et du pouvoir d’achat.
Dans le premier de ces thèmes, au nom de l’égalité le leader de la droite française prône la fin des régimes spéciaux. Il utilise par la même une valeur, l’égalité, communément classée à gauche et réalise le tour de force de se placer du point de vue de celui qui n’a rien pour faire passer pour un infâme profiteur, celui qui possède deux fois rien…
Même recette dans le cas du pouvoir d’achat ; le président de la république décide de faire sienne une valeur classiquement classée à gauche, le travail en se plaçant, là encore, du point de vue de l’ouvrier que des lois prétendument injustes empêcheraient de travailler plus pour gagner plus. On n’est pas loin de l’escroquerie pure et simple sauf que la présidentielle l’a démontré : cela fonctionne dans l’opinion publique.
A chaque fois, la gauche comme le mouvement social se sont mis sur la défensive sur ce qu’ils considéraient comme leur socle commun. A gauche retentit même parfois l’air de « la droite nous a piqué nos valeurs ! », c’est dire…

Combattre l’offensive Sarkozyste ne peut se résumer à un débat sur les valeurs. Son tourbillon médiatique qui utilise à fond les médias dominants en multipliant les thématiques rend difficile de structurer durablement un affrontement sur les valeurs. Cela est-il souhaitable si l’on ne le ramène pas sur la question de fond de l’affrontement de classe ? Car lorsque le président de la République défend « la liberté du renard dans le poulailler », les communistes eux défendent la liberté de ceux qui sont victimes des dominations, de l’exploitation, des aliénations de toutes sortes.
Et comment riposter idéologiquement à la droite, si l’on n’évite pas les pièges qu’elle dresse devant nous, en ramenant d’abord le débat à sa dimension politique ? Puis en ouvrant d’autres perspectives de développement social que celles liberticides et régressives qu’elle porte ? Il ne s’agit pas de laisser Nicolas Sarkozy seul sur le débat des « valeurs », mais de démontrer combien ce débat est lié aux rapports de forces en présence, de faire bouger ces rapports de force.
Dans son action, Nicolas Sarkozy fait le choix qu’un camp contre l’autre. Il s’acharne à favoriser les plus fortunés même s’il s’en défend. Là réside son escroquerie principale. Et le vernis commence à craqueler ; les 15 milliards de cadeaux fiscaux comme d’ailleurs la liste des bénéficiaires de son bouclier fiscal démontrent que ce sont toujours les même qui profitent de ses largesses tandis que dans le même temps à coup de franchises médicales, les malades sont ponctionnés, parce que coupable d’être malade. De fait la « valeur » travail selon Sarko, c’est l’accumulation des profits et le pouvoir au patronat !
Il en va ainsi sur le droit de grève. Sous couvert de démocratie sociale, le gouvernement entend utiliser le vote dans l’entreprise pour en fait faire pression sur un conflit social en cours. Et bien sachons détourner cette offensive en démasquant ses véritables intentions et en « renversant la charge ». Proposons et rendons incontournable dans l’entreprise la création d’un droit nouveau qui implique qu’en cas de délocalisation, les salariés doivent donner leur accord. Faisons grandir l’idée que la démocratie sociale n’est pas juste un moyen de pression sur les salariés mais peut favoriser un mouvement appropriation sociale, cœur d’une transformation progressiste de notre société. Cet objectif majeur au cœur du projet communistes peut devenir le bien commun de la gauche et du mouvement social.
De fait, la vie le montre, la stratégie sarkozyste pourrait être aussi la principale faiblesse du Président de la République si la gauche sait manier la contre-offensive à ce double niveau politique et idéologique.
Employons-nous y !
Messages
1. La riposte est aussi idéologique, 23 octobre 2007, 12:42
qu’elle est la recette de cette contreoffensive ? est ce que cette contre offensive idéologique est encore possible aux vues des alliances qui sont les notres aujourd’hui ?
1. La riposte est aussi idéologique, 23 octobre 2007, 14:29
Tu veux parler des alliances au premier tour avec des partenaires avalisant le nouveau traité européen, la privatisation de l’eau, etc ..... ?
Fredo
2. La riposte est aussi idéologique, 23 octobre 2007, 18:34
Qu’elle est l’idée dominante,pas l’idéologie dominante on la connais,mais l’IDEE dominante ?
C’est que la France est un pays qui n’a plus d’argent.Discutez avec n’importe quel prolo,pas ceux organisés,conscients mais la majorité d’entre eux et vous verrez que cette idée revient trés souvent.
Et si la clef de la bataille des idées était de briser cette idée la qui est fausse ?
Jean Claude Goujat
PCF Landes
3. La riposte est aussi idéologique, 23 octobre 2007, 19:16
ce n’est pas faux.
gérald
2. La riposte est surtout idéologique, 25 octobre 2007, 11:09
Lu dans l’Huma par le Rouge-gorge :
tribune libre
Valises patronales
Par Jean-Pierre Landais, enseignant, animateur de l’Huma Café de Nantes
Enfin, le mot est lâché, les millions d’euros amassés dans les comptes de l’IUMM avaient au moins une destination : constituer une caisse antigrève. On savait déjà depuis longtemps - depuis l’existence du fameux (et souvent sulfureux) Comité des forges - que la meilleure façon pour le grand comme pour le petit patronat de faire taire les revendications individuelles et collectives des salariés exploités était de les intimider, soit par la force en payant les « jaunes » et autres briseurs de grève par exemple, soit par la persuasion avec attribution de primes et autres récompenses aux plus dociles. Il ne suffit donc pas de dire que « DES syndicats ont été arrosés » et en profiter pour lancer une énième tentative de réforme de leur financement, certes indispensable, encore faut-il dire de quelles organisations il s’agit. On démontrera alors rapidement que les destinataires des valises de billets de banque n’ont pas été les salariés mais bien les patrons et les entreprises. Il faut bien payer (très cher) les gros bras qui viennent déménager les machines-outils, bousculer les piquets de grève, mettre parfois le feu aux entrepôts ou aux ateliers, recruter des milices privées, il faut bien aussi payer à ces messieurs des stages de « gestion des conflits », parfois dans des paradis touristiques, que le simple opérateur qui s’escrime sur la chaîne n’imagine même pas à sa portée. Mais il y a encore plus : ces sommes fabuleuses ont été détournées de la masse salariale des entreprises. Ce sont donc des capitaux qui ont été soustraits aux cotisations sociales (ah ! la fraude
à la Sécu et la dette envers ses diverses caisses, qu’on me démontre que les salariés en sont responsables), à l’amélioration des conditions de travail, à l’investissement productif. M. Gautier-Sauvagnac, triste sire que ses pairs vont lâcher sans se regarder eux-mêmes, principal négociateur délégué par le MEDEF pour les négociations sociales, laissez-moi rire ou plutôt enrager. Avec Kessler et son « en finir au plus vite avec 1945 ! », Lagardère et ses acolytes de l’embrouille boursière, et maintenant Gautier-Sauvagnac, M. Sarkozy, le super-bonimenteur, va-t-il continuer à nous faire avaler que tout le mal dont souffre notre pays vient des fonctionnaires, pour ne citer que ces « nantis », eux qui n’ont pas de treizième mois et dont les indemnités n’entrent que pour une infime partie dans le calcul de la retraite ?
La fin des idéologies, la lutte de classes ringarde,
on ne m’y fera pas croire. Ouvrons les yeux !
3. La riposte est bien idéologique, 25 octobre 2007, 11:10
La riposte est avant tout idéologique
Lu dans l’Huma par le Rouge-gorge :
un idéologue du patronat
Denis Kessler est plus qu’un patron. Cet ancien militant de la Gauche prolétarienne fut, et reste, une éminence grise du MEDEF et de la droite. C’est à ce professeur d’économie, qui exerça un temps comme directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, et ancien directeur général d’AXA, que l’on doit l’architecture du projet de « refondation sociale » porté par le baron Seillière, auprès duquel il passa huit ans à la tête du MEDEF. Artisan de premier plan de la mutation de l’organisation patronale, il n’a pas peu contribué à transformer le vieux CNPF en véritable « parti des patrons », omniprésent sur la scène politique. Idéologue, le patron des assureurs de 1990 à 2002 a surtout oeuvré à défendre les intérêts catégoriels de son secteur. Avocat des fonds de pension, qu’il importa en France en 1995, pourfendeur de la Sécu, partisan du remplacement du régime professionnel par répartition par la retraite par capitalisation, il ne tarit pas d’éloge sur les États-Unis, où « la protection sociale passe par l’entreprise, et la Sécurité sociale ne commence que là où l’entreprise s’arrête ». Aujourd’hui à la tête de Scor, un groupe de réassurance, ce théoricien d’un libéralisme agressif prêche, depuis peu, comme éditorialiste, dans les colonnes de Challenges.
Rosa Moussaoui
4. La riposte est plus que tout idéologique, 25 octobre 2007, 11:13
toujours dans l’Huma, quel journal indispensable ! ! ! ( Le Rouge-gorge)
La revanche contre la Résistance
Droite . Figure importante du patronat, Denis Kessler salue la politique de Sarkozy, qui vise à « sortir de 1945 et à défaire méthodiquement le programme du Conseil nationale de la Résistance ».
Ancien vice-président du MEDEF, Denis Kessler hante toujours l’aristocratie du monde des affaires et de la politique. Aussi l’éditorial qu’il a signé dans les colonnes du magazine Challenges (lire ci-dessous) sous le titre « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde » ne saurait, en dépit de son apparence, être lu comme les divagations d’un extrémiste entraîné par l’exaltation, et n’exprimant que sa propre haine de la Résistance. Cette voix autorisée du grand patronat analyse avec franchise le sens de la politique de Nicolas Sarkozy. Kessler n’y va pas par quatre chemins : le modèle social français( lire ci-dessous le texte intégral) est le résultat de la Libération. « Il s’agit aujourd’hui, écrit-il, de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Jamais pareil aveu n’a été formulé, même si tout au long de sa campagne électorale, le candidat de l’UMP n’avait eu de cesse de fustiger le modèle social français, de chanter les vertus de l’effort individuel s’opposant à la solidarité, de suspecter les chômeurs et les pauvres d’abuser de la générosité publique. Nicolas Sarkozy avait jeté aux gémonies le mouvement de Mai 68. En 2002, François Fillon avait accusé le Front populaire d’être responsable de la défaite militaire de 1940. Mais la Résistance avait été jusqu’alors épargnée dans les discours. Il est difficile en effet d’honorer Guy Môquet et d’attaquer le programme du CNR. Certes, l’article de Challenges n’est pas signé par un membre du gouvernement, mais il traduit, au moins, les attentes du MEDEF à l’égard d’un président qui, jusqu’à présent, ne l’a jamais déçu.
Pour le medef, tout doit disparaÎtre
L’ensemble des réformes économiques et sociales mises en place au moment où la France venait de se libérer de l’occupation nazie et du régime fasciste de Vichy ont été rendues possibles grâce à « un pacte politique entre les gaullistes et les communistes », explique Kessler. Pacte qu’une partie de la droite et de la bourgeoise française n’ont visiblement jamais accepté, et que les conditions politiques d’aujourd’hui permettent d’abolir. Telle est succinctement résumée l’analyse de l’éditorial de Challenges, qui doit conduire le gouvernement à forcer le pas pour « défaire » le système de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, ce qui demeure du secteur public, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraites…. Tout doit disparaître. La présentation du CNR est fausse, parce que terriblement réductrice. S’il est vrai que les communistes ont joué un rôle déterminant dans la Résistance et dans la construction de son programme politique, le CNR ne se résumait pas en un face-à face entre le PCF et les gaullistes, mais rassemblait l’ensemble des mouvements de résistance armée, la plupart des partis politiques, les syndicats (CGT et CFTC, alors seules existantes).
L’affaiblissement du Parti communiste et le bradage de l’héritage gaulliste par l’UMP sont des opportunités à saisir pour réaliser un « aggiornamento » idéologique : Une droite et une gauche d’accord sur les fondamentaux du capitalisme financier. Mais la partie n’est pas gagnée, car, déplore l’éditorialiste, « le pays sanctifie ses institutions ». Le peuple est attaché à la République et à la démocratie reconquises sur la barbarie nazie. Cela semble être un problème pour Denis Kessler, qui se lamente de constater que « ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après-guerre apparaissent sacrilèges ». Or ces institutions d’après-guerre correspondent tout simplement au rétablissement de la République après quatre années de régime fasciste à la française et d’occupation nazie !
Un modèle « dépassé », « inefficace », « daté » ? Le MEDEF trace la ligne, le gouvernement l’exécute. Telle est du moins l’impression que dégage le discours que François Fillon a prononcé mercredi soir devant les « réformateurs »(comprenez les ultra-libéraux) de l’UMP. Le premier ministre de Nicolas Sarkozy a mis fin au mythe entretenu jusqu’à présent, selon lequel les dizaines de milliers de suppressions d’emplois prévues dès cette année dans la Fonction publique n’auraient aucune incidence sur les services rendus à la population. Qui ne se souvient de l’argument de bonimenteur répété par le candidat Sarkozy sur les douanes prétendument pléthoriques alors que les contrôles aux frontières sont supprimés au sein de l’UE… Enfin, Fillon le reconnaît et s’en félicite : « Il faut, dit-il, que chacun d’entre nous accepte qu’il y ait moins de services, moins de personnel, moins d’État sur son territoire ». La dégradation des services publics est revendiquée. Concrètement, cela signifie dégradation dans l’école , où quelque vingt mille postes d’enseignants seront effacés ; dégradation dans la justice, avec la suppression de centaines de tribunaux, sous-effectifs dans les hôpitaux…. De nombreux territoires vont demeurer des déserts en matière de services publics. Ce terrible aveu dessine les contours d’une société plus dure pour les plus faibles, alors que la société moderne a besoin de nouveaux services publics, pour la petite enfance, pour l’aide aux personnes âgées notamment.
Pour imposer cette rupture avec l’héritage de la Résistance, Denis Kessler et François Fillon voudraient prendre la contestation sociale de vitesse. Les grèves de 1995 ont laissé un cruel souvenir à la droite. Elle veut passer en force, de l’état de grâce à l’état de choc. Mais la France a déjà montré qu’elle était capable de Résistance.
Jean-Paul Piérot
5. La riposte est bien sûr idéologique, 25 octobre 2007, 11:15
La riposte c’est certain totalement idéologique
toujours dans l’Huma, rendant compte de l’article de Challenges, ah l’Huma, ce journal indispensable ! ! ! ( Le Rouge-gorge)
« Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! » est le titre de l’éditorial du magazine Challenges signé par Denis Kessler
« Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! À l’époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d’obtenir des avancées – toujours qualifiées d’« historiques » – et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises. Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc. Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires. Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après-guerre apparaissent sacrilèges. Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasidisparition du Parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse. »
Le magazine Challenges, 4 octobre 2007.
6. La riposte est aussi idéologique, 25 octobre 2007, 11:19
La riposte idéologique
La riposte entièrement idéologique
toujours dans l’Huma, ah ! l’Humanité, ce journal indispensable ! ! ! ( Le Rouge-gorge)
http://www.humanite.fr/abonnement.html
Le programme du CNR : résolument moderne
Solidarité et appropriation sociale restent des principes actuels pour préserver le modèle social français.
Les « modernes » libéraux contre les « passéistes » de gauche, conservateurs et rétrogrades.
Denis Kessler nous sert sa version du renversement du sens des mots pour appeler à la destruction des conquêtes du CNR, », qui empêchent « notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales ». Des « exigences » qui ont pour nom : privatisations, liberté des capitaux et des marchés, déréglementation et baisse du coût du travail, sur fond de financiarisation de l’économie, avec pour corollaire la montée du chômage et des inégalités. Tout ce que, précisément, le programme du CNR se proposait de combattre, en voulant instaurer « un ordre social plus juste » basé sur l’appropriation sociale et la solidarité : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Toutes conquêtes qui n’ont pas mis « l’État en faillite », en dépit de richesses infiniment moindres qu’aujourd’hui et des destructions de la guerre !
En février 1945, le futur ministre communiste inventeur du statut de la Fonction publique, Maurice Thorez, déclarait dans l’Humanité : « Si on analysait sérieusement les causes de la défaite de 1940 (…), on verrait que la cause essentielle est l’égoïsme de certains cercles privilégiés qui ont sacrifié délibérément les intérêts de la nation à la défense de leurs privilèges. » C’est exactement ce que fait le gouvernement depuis cinq ans, avec ses « réformes » de privatisation du système de protection sociale, le bradage du secteur énergétique et l’avalanche de cadeaux fiscaux aux riches.
Constatant le creusement vertigineux des inégalités dans le monde depuis les années soixante-dix, un économiste libéral du Monde décrivait, en mars dernier (1), un « retour au capitalisme du XIXe siècle », avec des écarts de richesses dans les pays développés retrouvant leur niveau de 1900, après une forte réduction dans les années d’après guerre. Si des transformations profondes ont affecté les économies depuis la Libération, avec la révolution technologique et informationnelle à l’oeuvre, le capitalisme engendre les mêmes maux qu’avant guerre : crise boursière venue des « subprimes » américains, scandales financiers comme à EADS, « parachute en or » pour les PDG mais chômage et précarité pour les autres, sur fond de dépression économique, de pouvoir d’achat qui recule, etc. Attaquée de toutes parts, l’« architecture » héritée du CNR tient le choc, en préservant notre système de protection sociale et nos services publics des prédations et des aléas financiers. Ce système supporte largement la comparaison avec le modèle anglo-américain dont rêvent Nicolas Sarkozy et Denis Kessler, avec ses millions de retraités ruinés suite au scandale d’Enron, les déboires actuels des petits propriétaires victimes de la crise boursière américaine, les millions d’enfants non assurés socialement ou encore l’incurie des services de l’« État minimal » américain au moment de l’ouragan Katrina.
Qu’on se rappelle, à ce propos, l’efficacité de l’entreprise publique EDF lors de la tempête de 1999… Plus proches de nous les ravages de la « concurrence » en Europe sont bien visibles, entraînant hausse des prix, précarisation de l’emploi et dégradation des services.
De tout cela, Denis Kessler ne parle pas. Pas plus qu’il n’évoque le débat sous-jacent à son propos, qui est de savoir si, au fond, le cadre de la mondialisation libérale est indépassable ou pas. Tout comme il était de savoir, à l’époque de l’établissement du programme du CNR, si la guerre, la défaite, la destruction des acquis sociaux ordonnée par les gouvernements qui ont suivi celui du Front populaire étaient une fatalité ou pas.
(1) Le Monde des 11 et 12 mars 2007.
Sébastien Crépel