Accueil > La sulfureuse attitude

La sulfureuse attitude

Publie le vendredi 11 février 2011 par Open-Publishing
1 commentaire

« Fonds vautours ». Ces institutions financières tirent leur surnom d’un appétit vorace pour le malheur des autres. Leurs cibles de prédilection ? Les entreprises en faillite et les pays surendettés. Bienvenue dans l’ « économie cannibale ».

Un marché sans état d’âme

Les « fonds vautours » sont arrivés sur le marché lors de l’éclatement de la bulle internet. Ils rachètent des entreprises en difficulté, les démantèlent puis revendent leurs actifs. Les économies chancelantes, ruinées par la guerre et la famine, ont également grâce à leurs yeux. Ils rachètent leur dette puis saisissent une justice anglo-saxonne ultralibérale, pour en obtenir le remboursement moyennant de gras intérêts. Donegal a ainsi repris une créance zambienne d’une valeur de 21 millions d’euros. Il a ensuite attaqué ce pays moribond pour obtenir 40 millions d’euros de pénalités de retard. La Zambie fut alors condamnée par un tribunal de Londres à verser 12 millions d’euros à un fond vorace. Le Cameroun, le Pérou, le Nicaragua ou encore le Congo ont également dû verser des sommes astronomiques à des créanciers avides de profits au détriment de leur population affamée. Le FMI estime que 46 procédures d’ « extorsion » seraient actuellement engagées contre les économies les plus pauvres du monde, pour un montant total de plus de 2 milliards de dollars. « Assez pour envoyer un pays en enfer » note froidement un trader. Leurs principaux compagnons sont les banques d’affaires, les officines de renseignement privé et les cabinets d’audits. (En savoir plus ici)

Fonds vautours et banques d’affaires

« Les relations entre ces requins de la finance sont particulièrement étincelantes » note, amusé, un directeur des marchés. Un exemple parle de lui-même : en 2005, le fonds Paulson & Co anticipe la chute des crédits hypothécaires à risques, les fameux subprimes. Il met alors sur pied un fonds de recouvrement qui génère de la valeur à mesure que les subprimes en perdent. Il confie parallèlement à la banque d’affaires Goldman Sachs la structuration et la propagation d’un produit financier nommé Abacus (une titrisation de créances immobilières). Ce produit se répand comme une trainée de poudre sur les marchés financiers. Seulement, Abacus est piégé. Le fonds Paulson et la banque Goldman Sachs l’ont appuyé sur des créances douteuses, des dettes présentant un risque imminent d’éclatement. Résultat ? Ils ont gagné deux fois. Une fois à la vente du produit et une seconde fois lors de son explosion. Scandaleux ? Disons, plus prosaïquement que banques d’affaires et « fonds vautours » sont fait pour s’entendre. (Quelques infos supplémentaires)

Fonds vautours et officines de renseignement

Les « fonds vautours » et les banques d’affaires travaillent également de concert avec des officines de renseignement privé. Leur métier consiste, entre autres, à collecter des « renseignements compromettants » qui permettent de « baisser la cote des firmes destinées à un rachat » note un spécialiste en intelligence économique. Il arrive également que ces officines soient sollicitées pour « orienter l’issue d’un jugement » renchérit-il. L’Expansion rapporte par exemple le rôle supposé de Kroll dans l’affaire Schneider. Le même cabinet aurait accompagné la banque Lazard lorsqu’elle lorgnait le groupe Pariente… (Sources : Geopolintel / L’Expansion)

Affaire Belvédère : rebelote ?

Aujourd’hui c’est le groupe Belvédère qui doit faire face aux assaillants. Dans une lettre ouverte adressée aux autorités publiques, le patron note qu’il « est de notoriété publique que Belvédère subit depuis deux ans une opération de harcèlement organisée […] par des hedge funds conseillés par la Banque Lazard ». Ce groupe français, parmi les leaders mondiaux des spiritueux, reproche à l’AMF son absence de réaction face à un cas notoire d’agression financière sur le territoire national. « Comment se fait-il que l’AMF, une Institution Indépendante Française, soit manifestement plus prompte à communiquer sur Belvédère et ses dirigeants, plutôt que sur ses assaillants ? ».

En 2008, la société Belvédère a été placée sous procédure de sauvegarde pour restructurer sa dette. Aujourd’hui, ses créanciers multiplient les manœuvres de harcèlement pour obtenir le remboursement accéléré de la dette. « Cette stratégie ne fait aucun doute » note un expert en stratégie. Il s’agit d’empêcher Belvédère d’honorer ses engagements pour piller ses actifs stratégiques. Une méthode pour le moins cavalière mais loin d’être surprenante lorsque l’on sait que le principal créancier de Belvédère n’est autre que « Oaktree Capital Management », souvent cité par la presse pour être l’un des plus agressifs. Il suffit de lire les déclarations de l’avocat pour saisir la virulence de l’assaut : « désormais l’étape est celle de l’exécution […] une exécution à laquelle les deux dirigeants ne peuvent pas échapper (…) Les intérêts de retard de paiement sont de 8% par an […] ils s’élèvent dans ce dossier à environ 3000 euros par jour […] nous pourrons forcer la vente et vendre les actifs aux enchères publiques ». La machine est diaboliquement huilée par des créanciers. L’Express s’interroge toutefois sur les raisons qui ont poussé ces acteurs à agresser une firme en « bonne santé financière ». Le groupe dispose en effet d’une importante trésorerie et d’un « cash largement supérieur à son échéance théorique ». Cette affaire est désormais entre les mains de la justice française. Le tribunal de Commerce de Dijon devra opter, ce 14 février, entre la survie de l’entreprise française ou l’engraissement de « fonds vautours » domiciliés dans les paradis fiscaux. La France est-elle un espace où l’on peut venir chasser en toute impunité ? (Sources : Agoravox / Infosentinel / Continental News)

Messages