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La transition qui n’arriva pas

Publie le lundi 27 juillet 2009 par Open-Publishing

Le 23 juillet 1999, le prince Sidi Mohamed annonçait la mort de son père, Hasan II, la figure politique qui avait gouverné le Maroc avec une main de fer pendant presque 40 ans. Quelques heures après, il était couronné comme Mohamed VI. La succession a été calme et la grande majorité a vu ce jeune homme sur le point d’accomplir 36 ans comme l’homme qui allait transformer le Maroc en démocratie. Dix ans après, le pays s’est modernisé mais la démocratisation est toujours en attente même s’il y a quelques améliorations, comme la situation des femmes. "Le Maroc n’a pas avancé comme nous croyions, nous les ingénus, le pays s’est retourné vers la tradition et il ne s’est pas mis sur la même longueur d’onde avec l’Europe", affirme le professeur de l’Université Autonome Bernabé López García, l’un des plus grands connaisseurs du Maroc.

Avec plus de 30 millions d’habitants, le royaume marocain s’efforce, depuis des décennies, à se moderniser et bien que l’on ait obtenu une libéralisation économique et la qualité de vie s’est améliorée, beaucoup de libertés sont encore limitées dans cette monarchie où le roi - et tout son environnement du palais - non seulement règne mais il gouverne aussi à côté d’un Parlement avec des pouvoirs limités choisi par une société de plus en plus apathique envers ses gouvernants et où se perpétue une classe politique vieillie et ennemie des réformes.

Le fait qu’un un pacte de Gouvernement devienne réalité avec l’accès de Mohamed VI au trône, un pacte imaginé par son père, avec les socialistes de l’USPF - dans l’opposition à l’époque -, a alimenté les espérances de changement mais la rigidité de la classe politique a évité que les réformes introduites par le monarque soient consolidées et tout est resté à moitié fait, comme l’affirme le journaliste Ferrán Sales dans son livre "Mohamed VI : Le prince qui ne voulait pas être roi".

Mais le Maroc du XXIe siècle n’est pas le même que celui de la fin du XXe. La plus grande avance, comme signalé par l’académicien et le journaliste, a été d’adoucir l’autoritarisme de la Couronne et améliorer la situation de la femme. "Supprimer le harem dans un palais en 2001 et la réforme du Code de Famille a octroyé aux femmes sa majorité politique", explique Ferran Sales. Selon son opinion, le roi s’est laissé influencer par les femmes de son environnement, "toutes grandes féministes comme sa tante Lalla Aicha qui en 1947 a demandé l’indépendance du Maroc avec une jupe et la tête découverte, tout un défi".

D’autre, le changement d’attitude envers les Droits de l’homme a été un autre repère du monarque avec deux exemples. López signale la mise en place de l’instance de réconciliation, qui indemnise les victimes du régime de son père mais ne reconnaît pas la responsabilité de l’État dans ces crimes. Sales souligne l’importance du fait que, peu après son accès au trône, limogea le "ministre de toutes les choses", Dris Basri, le titulaire de l’Intérieur qui, en solitaire, avait contrôlé la Police, les services d’espionnage, la presse, les prisons, accusé de violations très graves des Droits de l’homme et dont la tête était demandée par la société et la communauté internationale. Basri a dû s’exiler, mais la structure du pouvoir autour de lui est restée.

À l’attente des plus grands acquis, Mohamed VI pourrait passer à l’histoire surtout par ses absences. "Les affaires d’État ne lui intéressent pas. Hassan II a été un grand mesquin, il a refusé à son peuple la majorité politique et il n’a pas transmis l’érotique du pouvoir à son fils et il a fait de lui un " parfait inutile", commente Ferrán Sales, une situation qui, à son jugement, s’aggravait et il en résulte que l’une de ses préoccupations maximales, selon le journaliste, soit "de s’échapper et de transformer les voyages d’État en vacances constantes".

Face à un Hasan II protagoniste indiscutable sur la scène internationale de son époque, Mohamed VI n’est pas présent, ni on s’attend à lui dans la scène internationale. Le problème consiste en ce que le Gouvernement et les partis n’ont pas rempli ce vide. Le Maroc n’est pas protagoniste dans l’extérieur et la communauté internationale a laissé faire le jeune monarque. L’un des motifs est la dure politique antiterroriste mise en place surtout après les attentats de Casablanca, en mai 2003, et l’autre motif est l’aval que Hasan II a obtenu des EEUU pour le règne de son fils. Cependant, le défi islamiste est toujours présent.

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Traduction : Diaspora Sahraouie