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La vidéosurveillance : nous continuons de dire non !

Publie le jeudi 15 novembre 2007 par Open-Publishing

Collectif Nantais Contre les Dérives Sécuritaires

COMMUNIQUE DE PRESSE

La vidéosurveillance : nous continuons de dire non !

Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur annonce dans Le Figaro des 10 et 11 novembre une nouvelle loi sécuritaire, la "loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi)" présentée en Conseil des ministres d’ici à la fin de l’année et dscutée au Parlement début 2008. Michèle Alliot-Marie veut "donner la priorité aux technologies : ADN, drones permettant de surveiller des points sensibles...". Le Collectif Nantais Contre les Dérives Sécuritaires dénonce cette instrumentalisation sécuritaire de technologies.

Relayant Nicolas Sarkozy qui a dit vouloir "un plan de grande ampleur de caméras en France", Michèle Alliot-Marie veut aussi "tripler en deux ans le nombre de caméras sur la voie publique". Le Collectif Nantais Contre les Dérives Sécuritaires qui a poursuivi l’action et la réflexion du Collectif Herblinois Contre la Vidéosurveillance ne veut pas de la vidéosurveillance. Pourquoi ?

Des caméras peuvent être utiles dans des cas précis, par exemple pour la régulation d’un réseau de transport ou routier. Mais, maintenant, on nous justifie les caméras pour lutter contre le terrorisme. En quoi identifier, après coup, les auteurs d’attentats suicides ou d’attentats manqués, a-t-il une incidence sur la sécurité des personnes dans les transports. On nous justifie les caméras pour lutter contre la délinquance. S’il arrive que des personnes, sans doute pas très délinquantes car pas très prudentes, soient prises en flagrant délit ou enregistrées après une infraction par des caméras, il n’en reste pas moins que la vidéosurveillance de la voie publique n’est pas un atout contre cette insécurité.

La vidéosurveillance n’est pas efficace.

Michèle Alliot-Marie nous dit que "mieux vaut [désormais] parler de vidéoprotection". Mais, la vidéosurveillance ne peut pas être une protection pour tous. En effet, une personne qui a l’intention de commettre une infraction n’agira pas devant une caméra sans être camouflée ou masquée. Un délinquant s’adapte ou se déplace en dehors du champ de la caméra, dans un autre lieu. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, la vidéosurveillance n’empêche pas les actes délicteux. La vidéosurveillance déplace le problème. Ce n’est pas responsable. La seule "logique sérieuse" serait alors de tout vidéosurveiller. Peut-on imaginer une société totalement vidéosurveillée.

Alerte à la société de surveillance.

C’est le titre du rapport 2006 de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). Etre surveillé amène les personnes même bien intentionnées à modifier leur comportement. C’est là une atteinte sournoise à la liberté d’aller et de venir, au libre arbitre. La vidéosurveillance est une contrainte, une oppression. L’enregistrement de l’image d’une personne sans son consentement est une atteinte à sa vie privée.

On nous assène ce qui paraît le bon sens : pourquoi s’opposer à la vidéosurveillance si on n’a rien à se reprocher. Mais, il s’agit là d’une inversion de la conception du droit dans notre pays. En effet, toute personne est considérée innocente jusqu’au jour où il est établi qu’elle a franchi les limites de la loi commune auquel cas, elle est sanctionnée. Avec la vidéosurveillance, au fond, c’est l’inverse : toutes les personnes qui passent devant la caméra sont, de fait et indistinctement, considérées comme potentiellement fautives ou suspectes.

Et puis, il faut bien rappeler qu’il est plus d’un lieu en ce monde où les caméras permettent d’identifier les opposants. Une majorité municipale ou nationale, et donc l’intention de la nouvelle personne derrière la caméra déjà en place, peut toujours évoluer.
C’est pourquoi, il faut, sur la base de ces principes, s’opposer à la vidéosurveillance.

La vidéosurveillance coûte cher et est une réponse technique à des questions qui appellent au contraire des solutions basées sur le contact humain.

La vidéosurveillance participe à la destruction du lien social. La vidéo surveillance est une réponse illusoire tant au "sentiment d’insécurité" qu’à la question de l’"insécurité". Les personnes ont tendance à se déresponsabiliser, en cas d’incident, sur la personne qui est ou sera derrière la caméra. En celà, la vidéosurveillance renforce même à long terme et plus sûrement l’"insécurité". On ne répond pas au mal-être, à la souffrance des gens due à leur insécurité sociale, aux incivilités et même aux dégradations avec des machines. Pour des solutions à long terme, il vaut mieux renforcer les services publics, payer des correspondants de nuit, des médiateurs, des employés municipaux chargés de l’entretien et de la surveillance des locaux, des concierges pour les bâtiments publics et dans les quartiers, des travailleurs sociaux...

Au final, la vidéosurveillance est un renoncement à trouver des solutions utiles. C’est pourquoi, nous appelons à agir contre le projet de Michèle Alliot-Marie et contre la vidéosurveillance.

Collectif Nantais Contre les Dérives Sécuritaires

cncds@rezocitoyen.org