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La visite de Kadhafi déchaîne les critiques de la presse française

Publie le lundi 10 décembre 2007 par Open-Publishing

La visite de Kadhafi déchaîne les critiques de la presse française

La visite en France du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi déchaîne lundi les critiques de la presse française, qui juge "indécente" cette "atteinte à notre crédit international", à l’exception notable du Figaro qui n’y voit "aucune honte".

"Tripoli joue un rôle clé (...) Il n’y a aucune honte à le reconnaître et à défendre nos intérêts avec réalisme", écrit ainsi Pierre Rousselin dans Le Figaro.
Une position à l’opposé de celle de François Sergent dans Libération : "Geôlier pendant neuf ans des infirmières bulgares torturées en prison, Kadhafi est récompensé aujourd’hui d’une longue visite officielle en France". "Rien n’oblige la France à marquer pareil empressement et pareille indignité", conclut-il.
Même écho dans La Tribune, sous la plume de Pascal Aubert, qui constate que "la diplomatie sarkozienne a fait son choix, celui de l’efficacité (...) Pour autant, ce réalisme mercantile a beau ne pas être l’apanage exclusif de la France, il dégage parfois un fort parfum de malaise." Son de cloche identique dans les quotidiens de la presse régionale : "Recevoir (Kadhafi) en grande pompe dans le pays des Droits de l’Homme est rien moins qu’indécent (...) Un dictateur reste un dictateur" pour Gérard Noël dans La Liberté de l’Est. "C’est notre crédit international que l’on entame", déplore Daniel Ruiz dans La Montagne. En revanche, "pour Kadhafi, le séjour à Paris est tout bénef’ Encore quelques sourires et il plantera sa tente dans les jardins de la Maison Blanche", ironise Sébastien Lacroix (L’Union). Un avis partagé par Gilles Dauxerre (La Provence) : "Le leader libyen va tout de même obtenir une belle légitimité en grimpant les marches de l’Élysée". Dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, François Tartarin souligne la contradiction d’"une France avocate des droits de l’homme mais frappée d’amnésie quand elle est reçue à Pékin, téléphone à Vladimir Poutine et ouvre à Mouammar Kadhafi les portes de l’Assemblée nationale". "Il y a un effet d’accumulation qui commence à rendre préoccupante l’image donnée par la France sur la scène internationale", affirme aussi Jean-Michel Helvig dans Le Républicain Lorrain. "Au mieux Nicolas Sarkozy prend un risque, au pire il commet une faute politique", estime Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne. "A force de transiger sur les principes proclamés pendant sa campagne, à force de relativiser les Droits de l’Homme dès qu’il s’agit d’argent, Nicolas Sarkozy n’est-il pas en train de blesser un orgueil national qu’une campagne présidentielle, invoquant De Gaulle, Malraux, Jaurès et la Nation, avait revivifié ?" regrette Christine Clerc dans Le Télégramme. "Sarkozy n’est pas l’inventeur du diplo-business. Mais il a élevé l’exercice à un niveau rarement atteint par ses prédécesseurs (...) L’arrivée à Paris de Kadhafi jette une lumière crue sur cette orientation surprenante de la diplomatie française", commente Michel Lépinay dans Paris Normandie. Bien isolé dans le rôle d’avocat de cette visite d’Etat, Jean Levallois (La Presse de la Manche) tente d’expliquer que "la politique internationale oblige à traiter avec les chefs d’Etat en place, sous peine d’être réduit à l’impuissance".