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Le Brésil sur le point de rejoindre l’élite nucléaire mondiale

Publie le lundi 3 avril 2006 par Open-Publishing

Alors que la communauté internationale scrute de très prés le programme nucléaire iranien, Le plus grand pays d’Amérique Latine, le Brésil vient de lancer le premier centre de production d’uranium enrichi de la région sans provoquer de remous.

Le Brésil devient ainsi le neuvième pays producteur d’importantes quantités d’uranium enrichi, qui peut être utilisé pour produire de l’énergie électrique mais aussi, quand hautement enrichi, peut servir à fabriquer des armes nucléaires. Les autres pays qui enrichissent industriellement l’uranium sont les Etats-Unis, La Grande Bretagne, la France, l’Allemagne, la Hollande, la Russie, la Chine, le Japon.

Le centre, situé à Resende à environ 110 Kms de Rio de Janeiro produira au début 60% du fuel nucléaire utilisé par les deux réacteurs nucléaires du pays. Un troisième réacteur est en cours de planification. Le gouvernement espère augmenter sa production pour, si possible, à la fois approvisionner les réacteurs, mais aussi pour pouvoir exporter.

"Nous voulons construire de nouvelles centrales et faire en sorte que notre programme d’enrichissement couvre nos besoins" selon le président de la commission nationale brésilienne à l’énergie nucléaire Odair Dias Goncalves. "Dans le monde entier, on réinvestit énormément dans ce secteur. Des pays reviennent à la production d’énergie nucléaire".

Le Brésil, est considéré comme un "pays sûr" qui ne cherche pas à produire d’armes nucléaires, bien que son armée a eu un programme secret de développement d’armes nucléaires dans le début des années 90. Le programme nucléaire brésilien risque d’encourager d’autres pays à produire de l’uranium enrichi, accroissant ainsi le danger de prolifération d’armes nucléaires.

Les besoins en fuel nucléaire du Brésil, plus de 120 tonnes d’uranium enrichi par an, ne justifient pas pour le pays la nécessité d’ouvrir un tel centre de production à l’échelle industrielle, surtout que la production mondiale est trés importante. Il y a peu de justifications à construire de tels centres, sauf pour des pays ayant un nombre important de réacteurs, et qui ne veulent pas dépendre d’approvisionnements extérieurs. Dans le cas du Brésil c’est, semble -t-il, la deuxième raison qui prévaut.

Malgré les critiques, le programme brésilien n’a pas provoqué le tôlée que le programme iranien a suscité, ce dernier ayant été traité et continuant de l’être de manière strictement politique. Des désaccords entre l’AIEA et des responsables brésiliens en 2004 concernant l’accès au centre de production de Resende ont été solutionnés en quelques mois.

Comme l’Iran, le Brésil est signataire du TNP. Les responsables brésiliens ont travaillé en étroite collaboration avec l’AIEA pour la planification et la construction de Resende. Les inspecteurs de l’Agence ont visité le centre 32 fois. Cependant, en 2004 il y a eu quelques problèmes quand le Brésil a refusé que les inspecteurs voient les centrifuges utilisées pour l’enrichissement de l’uranium, affirmant que le pays devait protéger les innovations brésiliennes de l’espionnage industriel. Apres plusieurs mois de négociations, les deux parties se sont mis d’accord sur un régime d’inspection confidentiel, toujours en vigueur.

Cet accord permet aux inspecteurs de l’AIEA d’examiner le matériau entrant et sortant des centrifuges mais pas les équipements, qui sont recouverts de panneaux opaques. Le centre de production de Resende permettra de vendre de l’uranium enrichi sur un marché en plein essor, en même temps que d’alimenter le programme intérieur de production d’énergie nucléaire qui lui aussi est en plein développement.

Sans l’enrichissement de l’uranium, la technologie nucléaire n’est pas maîtrisée, et ce n’est pas seulement une question de prestige national pour un état, mais aussi de capacité à rester dans la course à la modernisation de ce type de production d’énergie.

Pour beaucoup de brésiliens, l’ouverture de Resende constitue le premier pas vers la possibilité de devenir un leader de la recherche nucléaire. Le Brésil est le sixième pays disposant d’importantes réserves en uranium.

Le deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de programme nucléaire, comme c’est aussi le cas avec l’Inde, le Pakistan, Israël, ne fait qu’exacerber le problème iranien, et rouvrir la boîte de Pandore de la prolifération nucléaire.

Source : presse américaine

Amérique Latine et nouveau militarisme

Samedi 01 Avril 2006