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Le Che avait raison : il ne faut pas un mais 22 Limousins... pour commencer

Publie le samedi 29 mai 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

Au coeur de la gauche
Par Grador Dominique

Le 28 mai 2010

Ma participation à une liste alternative à celle de la Direction au dernier congrès n’a été que la réponse à l’ostracisme opposé à celles et ceux qui proposaient un processus de métamorphose du PCF pour qu’émerge avec d’autres une force nouvelle. Pour cet objectif là, nous voulions notamment la constitution d’un Front et pas des Fronts comme finalement le choix en a été fait majoritairement. Depuis la vie a tranché. Le Front de Gauche s’est inscrit dans le paysage politique. Reste que son existence, si elle a limité nationalement un nouveau recul du PCF aux élections Européennes et Régionales n’a pas permis de modifier le rapport des forces à gauche.

Le PS sort renforcé des dernières élections Régionales. Il double son score sur les européennes sans avoir rien fait pour. Mais la nature des élections n’était pas la même. Le Parti Socialiste, dirigeant 20 des 22 régions, a bénéficié d’une posture contradictoire de l’électorat. Elle consiste à rechercher localement dans les politiques proposées par les majorités régionales de gauche, les solidarités et les garanties sociales qui peuvent protéger des logiques libérales que, par ailleurs, ces électeurs jugent inéluctables dans la conduite des affaires du pays, de l’Europe et du Monde.

Europe Ecologie capte l’intérêt d’une offre nouvelle en politique, à la fois ouverte, diverse et ambiguë. Son résultat conforte une gauche recentrée. La gauche de transformation est à son plus bas étiage.

L’UMP perd la moitié des voix de Sarkozy.

Avec le PS ils totalisent 60% des sièges avec moins de 22% des inscrits. Comme l’écrivait Le Figaro, en exergue d’une analyse de l’évolution des résultats de 2007 à 2010, "la seule gagnante de cette extraordinaire redistribution est l’abstention qui a progressé du 2e tour de 2007 à celui de 2010 de plus de 14 millions d’électeurs". 72% des jeunes de 18 à 34 ans, 69% des ouvriers, 64% des employés ne sont pas allés voter.

Et au renoncement à s’inscrire sur les listes électorales, au refus d’aller voter, s’ajoute un nouveau progrès du FN. Par les catégories et les milieux urbains et populaires les plus concernés, l’abstention se joue d’abord là où se posent les questions essentielles touchant à la modernité de nos sociétés, à la prégnance des défis et des périls laissés sans réponse et que les gens ressentent tant pour eux-mêmes que dans la façon dont va le Monde. Et tout cela se passe sans qu’aucune pensée émancipatrice, sans qu’aucune élaboration dans aucun parti ne viennent en aide au peuple soumis à la régression sociale et à la déferlante des idées réactionnaires. Un Congrès d’étape aurait dû livrer une analyse de cette séquence électorale. Moins tant pour ce qu’elle exprime de l’influence de chaque parti, mais pour ce qu’elle traduit du comportement du mouvement populaire. D’autant que les conceptions du rassemblement ont été différentes et les résultats tout autant.

Limousin Terre de Gauche

Je n’ai d’expérience à verser au débat que celle de Limousin Terre de Gauche. Elle n’est pas exemplaire mais elle mérite mieux qu’un coup de chapeau. Quelques enseignements que l’on peut en tirer seraient utiles au débat de Congrès pour sortir de la querelle stérile entre ceux qui ont choisi l’union avec le PS au premier et ceux qui l’ont fait au second. Et encore pour réfléchir à une conception du Front de Gauche, qui stimule le mouvement populaire, lui donne envie de reprendre la parole et la main sur le débat et les choix politiques.

En Limousin l’union fait depuis longtemps et très majoritairement force de loi à gauche. L’ADS, mouvement de la "gauche communiste" implanté en Haute-Vienne, était dans le Front de Gauche aux Européennes. Elle a fait le choix de partir sur la liste de la majorité régionale sortante. Le bilan était honorable du point de vue des simples compétences exercées de la collectivité et de l’empreinte réelle des élus communistes. Bref, le choix d’une liste indépendante du PC fait par les communistes limousins n’était pas évident. Certains l’ont fait facilement, par anti-socialisme ou encore en pensant qu’il était temps de se compter comme si la finalité du PCF n’était que son devenir. D’autres ont soutenu la conception étriquée d’un Front de Gauche réduit à un tête à tête entre formations. D’autres enfin ont défendu l’idée que l’ampleur de la crise, l’enjeu d’une re-mobilisation populaire sur le terrain politique créait un contexte différent de 2004. Le bilan n’était pas à louer ou à critiquer, mais bien à dépasser pour porter les choix de gestion à venir au niveau des attentes sociales, économiques, démocratiques et écologiques d’une région qui avait besoin de se remobiliser pour défendre un projet de vie. La proposition de reconduire la majorité sortante pour prolonger son bilan ne faisait pas le compte. Il fallait utiliser le premier tour pour que les limousins aient un moyen d’exprimer d’autres exigences.

Au coeur de la gauche

Et il fallait le faire sur une ligne unitaire, pas contre la gauche qui devait sortir plus que jamais majoritaire face à une droite qui devait être défaite pas à la marge, mais bien au cœur de la gauche. C’est sur la base de cette conception là, du Front de Gauche, que les élus sortants dont 4 sur 5 s’étaient prononcés pour l’union avec le PS ont été convaincus d’être candidats et à la tête d’une liste indépendante. Cette posture, unitaire, publique, des élus non seulement n’a pas gêné mais elle a assuré une démarche : l’objet politique nouveau de la campagne n’était pas "une aventure" qui ferait courir des risques à la gauche, mais une voie nouvelle proposée aux électeurs pour qu’ils bousculent, de leurs attentes, le débat en son sein, sans perdre l’objectif de son rassemblement, de sa victoire. C’est cette conception qui a permis d’accueillir le N.P.A., sans plus de sectarisme à son égard qu’à l’égard du PS, parce qu’ils avaient en limousin choisi l’union sur la base de la charte qui fédérait le Front de Gauche, d’un accord de 2e tour et d’une participation à la majorité.

Il fallait incarner un rassemblement qui ne se substitue pas aux citoyens eux-mêmes et suscite leur envie d’en être. Limousin Terre de Gauche l’a fait : une conception unitaire et clairement ouverte, un partenariat à égalité, des propositions calées sur les défis, les attentes, une grande diversité d’engagements des candidats. C’est cette alliance avec une forte intégration de ses composantes, leur dépassement, leur capacité à accueillir des individualités diverses qui a donné son identité à la liste et créé du neuf.

Le choix du tête de liste n’a pas été pour rien dans le résultat. Un élu certes, mais aussi directeur d’un quotidien et à ce titre débatteur d’idées. Unitaire, il a mis cette exigence au service d’une autre construction que celle qu’il avait choisie dans un premier temps avec le PS, mais avec la même conviction d’unir les différentes composantes sociales et politiques de la liste, pour les conduire à se métamorphoser en une offre politique nouvelle.

Et pour autant que sa finalité fut toute entière tournée vers la société elle n’a pas suscité de frustration partisane. Au contraire elle a donné de l’ambition aux militants mais aussi à celles et à ceux qui très au-delà de ce type d’engagement se sont mis à la regarder avec sympathie, avec confiance, avec intérêt, avec envie de s’en saisir pour compter dans le débat, dans les urnes, pour bousculer le conformisme d’un paysage qui en laissait beaucoup insatisfaits, hors jeux.

A l’image de la liste, le comité de soutien s’est vite et facilement élargi au-delà des sensibilités représentées. Des militants écologistes, des militants associatifs, des syndicalistes ont participé de ce qui était avant tout pour eux un rassemblement utile, à leur propre conviction et aux valeurs communes.

C’est sur les bases de cette démarche unitaire et sur l’engagement qu’elle rendait perceptible pour une politique régionale audacieuse, que le bon résultat de 13,30% du 1er tour a été obtenu. Et tout autant, c’est cette conception du Front de Gauche qui lui a permis de rassembler plus encore au 2e tour, près d’atteindre les 20%, suite au refus du Parti Socialiste Haut-Viennois d’associer l’ensemble des partenaires de Limousin Terre de gauche, à un accord de majorité.

Démarche et résultats méritaient que l’on s’y penche à la fois pour une conception du Front de Gauche qui reste à construire pour produire du neuf et pour le Parti Communiste lui même dont on mesure qu’il a tout à gagner pour ses idées, à se dépasser lui-même avec d’autres et dégager une voie nouvelle au mouvement populaire.

La direction n’a pas apprécié

Mais c’est avec défiance que la Direction a accueilli la liste, sa démarche, sa diversité, ses soutiens jusqu’à son engagement du 2e tour de rester fidèle à la parole donnée en ne cédant pas aux prétentions du PS. Devant son obstination à ne rien vouloir apprendre de la vie, des camarades ont décidé de quitter le Parti Communiste. C’est avec eux que j’ai fait liste commune au dernier congrès, un beau mélange de parcours et de points de vue différents, pour une refondation, un dépassement, une métamorphose pourquoi pas du PCF qui le rendrait utile et disponible pour une voie nouvelle à gauche.

La Direction propose de les remplacer !!! dans un curieux partage entre "sensibilités". Bref une diversité contrôlée, ordonnée alors que face au défi de ce temps la réflexion des communistes aurait tant besoin de créativité, de liberté, d’échange, et d’ouverture. L’audace du débat en Limousin pour faire du neuf n’a pas entraîné avec elle tous les communistes. Mais elle n’a pas nui à l’unité des militants et des dirigeants dont les points de vue étaient très différents au départ.

Là où je suis en Corrèze, le temps d’une campagne, j’ai retrouvé du plaisir, de l’envie et j’ai mesuré combien et comment le neuf pouvait bousculer l’ordre des choses jusqu’aux certitudes qui empêchent le mouvement, comment il n’excluait personne mais au contraire combien il créait du rassemblement.

C’est le ressort de mon engagement à demeurer communiste au sein du PCF. J’en mesure aussi les limites. Sur deux soirées de débat de congrès dans ma section de Tulle, nous n’étions que neuf camarades à participer. Mais comment pouvait-il en être autrement, pour une étape qui ne semble rien d’autre qu’un règlement intérieur.

http://alternativeforge.net/spip.php?page=imprimer&id_article=2193

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Moi JR militant du NPA, j’ai choisi de publier ce texte sur ce site, non pas pour intervenir dans le débat au sein du PC mais pour poser le problème de l’unité dans et hors des élections... de toute la "vraie"gauche

Je pense que l’expérience limousine n’a pas obtenu l’écho, qu’elle méritait au sein du NPA... et qu’elle est souvent regardée en attendant qu’elle se casse la gueule... comme en 2007... avec les comités du "NON".
Ce texte exprime bien la volonté de nombre de militants du PC, du NPA et d’autres de forger une alternative solide au libéralisme voire au capitalisme. Cette volonté est majoritaire : car personne n’intervient directement pour dire le contraire... Il nous faut dans chacune de nos organisations briser, cette conspiration sectaire de l’ombre... Non pour préparer 2012 mais pour gagner sur le terrain des luttes, le plus tôt possible.
La situation est explosive (cf texte de JR de vendredi dernier) si l’on ne fait rien, nous serons conduit à nous affronter sans donner de perspectives et les masses regarderont du côté de l’extrême droite car on sait bien, que les Hommes comme la nature, a horreur du vide...

JR, qui n’habite pas le Limousin mais va s’y retirer, si ça continue comme ça.

Messages

  • L’expérience Limousine est d’une grande clarté politique pour les véritables révolutionnaires . Le PCF , dans sa transformation obligatoire , doit inscrire une démarche révolutionnaire horizontale au dépend d’une bureaucratisation qui freine la militance de chaque adhérent . Le rôle des sections locales doit être renforcé au dépend des fédérations et du national coordonnateur et non pas directorial . Ce faisant le congrès d’étape montre que les choix communistes en cours de réflexion sont encore phagocités par la direction nationale et les directions fédérales aux mains des apparatchiks payés . Ce dilemne discuté dans les conférences de section , dont la nôtre à Aubagne , n’empêche pas les militants de jouer de mieux en mieux leur volonté de construire un PCF vraiment révolutionnaire en terrassant le plus vite possible le capitalisme .

    Les moments électoraux entérineront plus ou moins les progrès en ce domaine . Mais nous ne savons pas encore , tout en l’imaginant par science de l’histoire , comment la grande bourgeoisie va se sortir de sa crise permanente avec son outil actuel le capitalisme financier . Les communistes et tous les révolutionnaires doivent se préparer aux coups de jarnac qui vont pleuvoir dans les jours et les semaines qui viennent . La lutte de classe va s’exacerber jusqu’à la violence comme nous l’avons vu en Thaïlande ces dernières semaines .

    Donc les masses électorales qui font encore confiance au PS , à Europe-Ecologie ou qui s’abstiennent vont être obligées de faire de nouveaux choix politiques et l’expérience Limousine en est le précurseur . Bien sûr il ne faut pas attendre l’ennemi au coin du bois mais plutôt l’affronter par une guérilla de luttes nombreuses et variées qui lui donne le tournis et l’oblige à faire la "faute" de trop qui mobilisera les plus larges masses de citoyens en colère . La retraite , entre autres , en est l’exemple flagrant . La bourgeoisie aux aguets , en désarroi , avec de piètres et médiocres dirigeants politiques , n’est plus créatrice d’idées nouvelles pour sauver son système.Elle ne peut déclencher une guerre mondiale sanguinaire pour remettre tout à plat comme dans le temps car les peuples sont beaucoup moins obéissants qu’autrefois et sa mesquinerie électorale avec des scrutins fabriqués pour perpétuer son pouvoir détourne les citoyens de sa pseudo-démocratie bourgeoise .

    La social-démocratie , la droite cachée , est devenue essentiellement gestionnaire bureaucratique du capitalisme . Son paternalisme social s’écroule en Grèce , en Espagne , au Portugal comme en Grande-Bretagne et autres pays scandinaves . L’hypothèse communiste revient au centre du jeu politique à l’échelle mondiale après les succès latino-américain et le développement rapide du continent asiatique avec une Chine en passe de devenir la première puissance mondiale .

    22 Limousins et plus à l’échelle européenne peuvent très bien vite faire des petits et tel David devant Goliath terrasser ce monde capitaliste désorienté par la machine infernale mise en place dans les années 80 et accélérée après la chûte de L’URSS .

    En définitive la chûte du mur de Berlin n’a fait qu’ouvrir les yeux des citoyens du monde sur l’horreur d’un capitalisme sans entraves , sans frein tel un tsunami qui ravage tout sur son passage . L’histoire à venir fera l’analyse de ce moment historique qui laissa le capitalisme sans adversaire à sa taille et qui le précipitera à sa perte par arrogance d’un champion repu sans adversaire .

    La météorite "communiste" du Limousin créatif est sans doute le signe de l’espoir qui luit pour terrasser ce champion capitaliste endormi sur ses lauriers par fainéantise à la gargantua et à la voracité de Picsou .

    bernard SARTON ,section d’Aubagne

  • ouais bon..

    Allez, je mets les pieds dans le plat :

    est-ce vrai que le NPA du Limousin a accepté de taire ses critiques de la politique précédente menée par la coalition de gauche plurielle ?

    Ou c’est faux ?