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Le Front de gauche veut s’engager dans une nouvelle dynamique
Publie le jeudi 10 juin 2010 par Open-Publishing1 commentaire
La rencontre entre les dirigeants du PCF, du PG et de la Gauche unitaire s’est conclue sur d’importantes décisions et une volonté de continuer ensemble.
Au terme d’une rencontre de deux heures, mercredi en fin d’après-midi au siège du Parti de gauche, les dirigeants de trois composantes fondatrices du Front de gauche ont confirmé devant la presse leur volonté non seulement de continuer ensemble, mais de développer leur engagement commun dans la lutte contre l’offensive libérale qui provoque « tant de souffrances sociales », selon les mots de Marie-George Buffet.
Les trois délégations , conduites respectivement par Marie-George Buffet (PCF), Jean-Luc Mélenchon (PG) et Christian Picquet (Gauche unitaire) sont convenues d’élaborer dans le cadre d’un grand débat public de plusieurs mois un « programme partagé » dont le projet sera rendu public dans ses grandes lignes au cours du grand rassemblement politique qu’est la fête de l’Humanité à la mi-septembre.
C’est Marie-George Buffet qui a présenté les résultats d’une rencontre que chacun a qualifiée de fructueuse. Le Front de gauche, qui a déjà passé les épreuves de deux consultations électorales ( les élections européennes de juin 2009 et les régionales de mars 2010) est désormais une composante de la vie politique française. Le comité de liaison qui existe déjà est appelé à intervenir davantage afin d’impulser des campagnes communes dans le cadre de la résistance à la politique de Nicolas Sarkozy. Les communistes peuvent être satisfaits que leur volonté ait été partagée de voir le Front s’élargir à des forces sociales, des responsables syndicaux, des intellectuels , qui deviendront des partenaires de plein droit. Mais le Front n’a pas vocation à devenir un parti politique. Il n’y aura donc pas d’adhésions directes, mais les hommes et les femmes qui veulent s’engager sans adhérer à l’un des partis composant le Front pourront faire partie d’une structure regroupant « les partisans du Front de gauche. »
Les nuages qui avaient projeté un peu d’ombre sur les relations entre le PG et ses partenaires se sont dissipés « La température était un peu montée » convenait hier Jean-Luc Mélenchon, « mais nous sommes repartis » ajoutait-il, soulignant « la gravité du moment » qui exige d’« être à la hauteur ». Le président du PG n’a pas hésité à parler, à propos du nouvel engagement du Front de gauche, d’un « événement historique ».
Christian Picquet, porte-parole de la Gauche unitaire, a lui aussi invité à mesurer le progrès que constitue le Front de gauche qui « réunit des militants et des formations de traditions différentes qui dans le passé se sont parfois durement affrontées. « En toute responsabilité, nos trois composantes ont fermement décidé de poursuivre l’espoir du Front de gauche » s’est félicité l’ancien dirigeant de la LCR.
Alors dans ce contexte, les débats et les crispations autour des candidatures et notamment à la présidentielle ne doivent pas prévaloir sur la résistance. « On n’attend pas 20212, c’est maintenant qu’il stopper Sarkozy », a expliqué Marie-George Buffet en annonçant que le Front de gauche allait engager des actions communes pour la défense des retraites, sur l’école, les dépenses publiques, la paix… Une nouvelle réunion des leaders du Front de gauche se tiendra après la journée de mobilisation syndicale du 24 juin.
Jean-Paul Piérot
Messages
1. Le Front de gauche veut s’engager dans une nouvelle dynamique, 10 juin 2010, 09:01, par Copas
Oui, et bien ?
Les défaites précédentes appellent des orientations , des actes, une stratégie qui recherche une route permettant de faire plier la bourgeoisie en face.
Le Front de Gauche là dessus n’a rien à dire et ne veut pas participer au débat stratégique sur comment faire plier Sarko et le patronat.
Un parti révolutionnaire a, entre autres, fonction d’analyser les points forts et les faiblesses des luttes du réel menées (j’emploie "réel" par bonté par rapport à l’enkystage institutionnel), de se battre pour une orientation renforçant la classe populaire et ses organisations, de faire des propositions (se battre pour elles) relevant des conclusions des analyses portées, etc
Où cela se trouve-t-il dans le Front de Gauche ? A part les fortes paroles sur "qu’on attend pas 2012" qui ne mange pas de pain mais qui n’analyse rien, ne fait pas de propositions de mobilisations sociales ("on participe"), et pas d’actes cernables, qui permettent de résoudre le problème posé par ce qui n’a pas marché jusqu’à maintenant.
Le front de gauche ne propose rien au mouvement social (sauf de dire on vous soutient) et les seules fois où on l’a vu sortir du bois c’était à sa création pour tonner contre la grève générale quand la question commençait à être dans toutes les têtes.
C’est qu’au fond ce regroupement estime que le mouvement social doit se plier aux objectifs électoraux. Et quand le mouvement social est sur-puissant il en devient forcement politique et c’est là une concurrence non acceptée par les réformistes du front de gauche .
Un mouvement social qui va au delà d’une journée pression prend forcement une dimension politique évidente.
La participation aux batailles sociales est bienvenue , mais elle est insuffisante sans propositions permettant de trancher le nœud gordien des batailles sociales inefficaces.
Prenons par exemple une chose bien plus importante que beaucoup de tripotages électoralistes : la bataille du service public postal .
Cette bataille fut perdue, malgré une démarche assez largement unitaire et un énorme succès, la suite de cette démarche bien partie avec un référendum sauvage très populaire.
Quelles furent les raisons de cet échec ?
Après le référendum sauvage , il n’y a pas eu de hausse de la mobilisation car celle-ci posait plusieurs questions que des forces présentes ne voulaient pas poser :
– un affrontement plus généralisé
– une organisation de la mobilisation plus dense et mieux maillée
La suite donc de ce référendum sauvage fut d’envoyer des cartes postales (ça a dû faire hurler de rire Sarko).
C’est qu’en fait la mobilisation s’était dimensionnée sur une logique de pression pas une logique d’affrontement croissant jusqu’à faire reculer la bourgeoisie.
Nous nous dirigeons vers un même scénario sur les retraites . Il est probable que la mobilisation va monter , on a déjà convaincu une majorité pour conserver la retraite à 60 ans , et ensuite ?
J’ai assisté à une réunion sur les retraites et, dans la salle, des militants de gauche ont proposé : on va faire un référendum "citoyen" .
Ah !
Et ensuite on va faire une campagne de cartes postales
Pitié !
Ces questions, soit on estime qu’elles relèvent uniquement du terrain syndical (il faudrait le dire à Sarko alors qui ne semble pas le savoir), soit on pense qu’elles relèvent aussi des batailles politiques (et pas seulement en attendant une victoire électorale : on a vu ce qu’il résultait des victoires électorales) , du moins pour les partis se fixant de faire en sorte que les travailleurs eux-même, etc etc etc...
Le problème de la gauche et du mouvement syndical actuels c’est qu’ils n’ont pas d’orientation autres que des logiques de journées de pressions , etc.
Nous ne sommes pas dimensionnés politiquement pour aller au delà. Dés qu’une belle mobilisation est faite, le bigorneau se recroqueville .... On cherche et on propose une autre journée , et l’autre journée il y a moins de monde... etc
Nous avons en face de nous une classe déterminée. La stopper et bloquer ses offensives c’est avoir des organisations qui ont dans leur arsenal une poussée sans limites .
Bloquer la bourgeoisie c’est vraiment préparer ce qui peut réellement lui faire mal, c’est à dire ce qui lui fait perdre réellement de l’argent et perdre contrôle de ses entreprises et lieux de pouvoir.
Cette orientation ne se décrète pas , ni ne s’impose par de petits groupes minoritaires, mais est un objectif stratégique pour le mouvement "ouvrier" au sens large.
Cet objectif évident et majeur, nécessitant une bataille de longue haleine ascendante par les moyens et les formes d’organisation, est le seul possible.
Ne pas le poser, ne pas le proposer, ne pas l’organiser, ne pas essayer de réunir vers cet objectif, c’est faillir et aller vers de terribles défaites.
Le front de gauche, si il veut faire œuvre politique utile doit s’orienter vers cela.
Mais le peut-il ? Pour l’instant il ne semble pas.
(*)
Un référendum "citoyen" : je n’aime pas cette connerie de parler de truc "citoyen" , nouveau tic langagier à la mode dans un petit milieu mais qui signifie qu’on écarte ceux qui ne sont pas citoyens, sauf Le Pen et Sarko qui le sont eux.
La notion de citoyenneté est excluante et inter-classiste . Elle n’est pas déjà acceptable dans beaucoup de batailles mais sur le terrain social ce terme est carrément scandaleux car cherchant à barrer la route au dépassement des nationalités dans la bataille sociale.