Accueil > Le Monde libertaire # 1478 du 16 au 23 mai 2007
CINQ ANS FERME, le ministre des flics devient président
« La presse française fait preuve d’une partialité révoltante et ne traite jamais que les mêmes sujets :les hommes politiques et les autres criminels. »
Boris Vian
Le sommaire du Monde libertaire # 1478 du 16 au 23 mai 2007 :
Soeur Anne, par J-P. Germain, page 3
Chirac et son pot de départ, par Jipé, page 4
AntiSarkos et manifestations, par J. -P. Levaray, page 5
L’autruche, par F. Ladrisse, page 5
Brèves de combat, page 6
À Virgin on n’aime pas Amandine , par l’émission Pas de quartier, page 7
Oaxaca, au Mexique, acharnement sur les rebelles, par D. V. Reyes, page 9
Le génocide au Darfour, par P. Schindler, page 10
La puissance de l’orgasme de l’anarchisme de Wilhelm Reich, par Roger Dadoun, page 11
Vol industriel chez EADS, par S. Chemin, page 14
Catastrophisme et sens critique, par P. Pelletier, page 15
L’école, une monstrueuse machine, par N. Potkine, page 18
Journalistes précaires..., par Paco, page 19
Bavure dans le 18e, par Karim, page 21
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Éditorial
QUAND CE NUMÉRO PARAÎTRA, Chirac aura quitté l’Élysée. Bernadette, le vague à l’âme, regrette déjà le confort parisien, les déjeuners et les dîners entre amis tous frais payés, les voyages en avion, etc.
Heureusement, la famille s’est trouvé un pied-à-terre, un duplex de 180 m2 sur les quais de Seine, pour ne pas se retrouver loin des folies parisiennes trop rapidement. Quant à Sarkozy, il aura pris les fonctions de la présidence de la République. Il promet de se mettre rapidement au travail. Il veut nous y mettre aussi. Le travail, le vrai, où tu t’échines et ne te plains jamais.
Contrat de travail unique, privatisation des universités, flexibilité, heures supplémentaires, facilité des procédures de licenciement, remise en cause du droit de grève… tout y passe. Bref, peu de changements dans la politique, juste une continuité.
Si Sarkozy provoque des réactions, c’est surtout parce qu’il incarne l’ère de la bourgeoisie qui s’assume. Dans le Parisien, il se permet de dire : « Je serai un président comme Louis de Funès dans le Grand Restaurant : servile avec les puissants, ignobles avec les faibles. J’adore. »
Johnny Hallyday annonce qu’il revient en France maintenant que les impôts des riches vont baisser ! Et ce n’est qu’une sélection non exhaustive...
Des manifestations ont déjà eu lieu dans toute la France, ainsi que des AG dans les universités. De toute part les organisations condamnent la réaction violente de ces manifestants et les qualifient d’antidémocratiques. Le jeu de la démocratie, en effet, impose à la totalité des habitants d’un pays de se soumettre à la volonté de 53 % des électeurs. Les autres devraient ainsi, selon eux, se taire à jamais.
La gauche et l’extrême gauche parlementaires appelaient à faire bloc contre la menace Sarkozy. Une fois cette menace élue, il n’y a plus personne que ça gêne. Ils attendront les prochaines élections : seul le pouvoir les intéresse.
Quant à nous, nous continuons de dire que notre combat est dans la rue et non dans les urnes.
Un article de Jean-Pierre Levaray :
« Nous sommes le cauchemar de Sarkozy »
ON A BEAU ne pas se faire d’illusion à propos des élections, on a beau ne pas vouloir choisir avec un bulletin de vote celui ou celle qui sera notre maître ou notre bourreau, lorsque le soir du 6 mai, on apprend le résultat et qu’on voit s’afficher la tronche de notre Berlusconi local, on a les boules. « Pays de merde ! » dirait quelqu’un. Ils ont voté parce qu’ils avaient peur et la copie de Le Pen est passée.
On éteint la télé avec la colère au ventre et on se retrouve au coeur des villes dans des rassemblements spontanés ou presque (parfois à l’appel de ces fameux « anarcho-autonomes » chers aux flics et aux journalistes).
Ces rassemblements spontanés se font dans toutes les grandes villes de France, comptant de 200 à 2000 manifestants (Rennes, Caen, Nantes, Rouen, Lyon, Marseille, Bordeaux, Paris…) avec partout cette volonté de faire éclater plus ou moins violemment sa colère. Les manifestants sont, pour la plupart, jeunes et étudiants, mais pas seulement. Il y quelques « jeunes des cités », comme on dit, mais pas tant que ça. Des slogans qu’on n’entendait plus reviennent comme « Sarko, facho, le peuple aura ta peau ».
Lorsque les cortèges s’ébranlent, une volonté de faire descendre la population dans les rues est omniprésente. À Rennes, la manif traverse les quartiers populaires. Si des poubelles sont renversées, voire brûlées, cela n’est rien par rapport à la présence policière qui pratique le harcèlement, chargeant systématiquement et violemment et voulant couper court aux manifestations. C’est là que quelques voitures brûlent et que des vitrines tombent. Les charges policières, les lacrymo… Tout y passe, et des flashballs sont même utilisés. Les arrestations sont nombreuses : dans la nuit du dimanche 6 mai, la Direction générale de la police nationale annonce 592 interpellations.
Les comparutions immédiates donnent lieu à des peines sévères pour les jeunes interpellés : de un à trois mois fermes pour les uns et des heures de Travaux d’intérêts généraux, lorsque les tribunaux sont un peu plus « pédagogues ».
Les jours qui suivent voient les manifestations se tarir, mais la police est toujours omniprésente et répressive : la manifestation antifasciste parisienne du 9 mai est interdite et une centaine de manifestants est interpellée alors que les fascistes manifestent cagoulés et tiennent le haut du pavé ; à Rouen, le 10, ce sont une dizaine de manifestants qui sont arrêtés…
Évidemment, le Parti socialiste appelle au calme et à voter aux législatives, l’Unef appelle les étudiants en AG à Tolbiac à se mettre en action seulement à la rentrée… Bref, rien de neuf.
Reste que ce mouvement fait suite à celui de l’an dernier contre le CPE. Une frange de la jeunesse s’est radicalisée et, suite aux émeutes des banlieues de la fin 2005, un tabou est tombé, celui de l’utilisation de la violence lors des manifestations.
Quoi qu’il faille relativiser : on est surtout dans la symbolique, car envoyer une canette vide, ou un oeuf, n’est qu’une pâle copie d’envoi d’un cocktail Molotov ou d’un pavé. On est loin des manifestations qui ont lieu en Amérique latine et ici, dans notre société où tout doit être soft, renverser ou brûler une poubelle passe pour un acte éminemment violent.
Il est évident que dans les mois à venir, face aux attaques de Sarkozy et consorts, il ne faudra plus se contenter de manifestations « responsables » faites à l’appel de syndicats qui voudront passer pour des interlocuteurs privilégiés du pouvoir en place…
« Nous sommes le cauchemar de Sarkozy. – pouvait-on lire sur des affichettes photocopiées collées dans les rues de Rouen – Dans toutes les villes, dans tous les quartiers, des manifs, des affrontements. Et la guerre est à peine commencée.
Nous ne sommes pas sa France, et nous allons le lui faire comprendre. »
Jean-Pierre Levaray
Et pour finir, l’agenda du Monde libertaire :
Jeudi 24 mai
Sarlat (24)
« Débats libertaires » sur le thème des libertés individuelles, organisé par le groupe Drapeau noir Périgord de la Fédération anarchiste, au café le Lébérou, 5, rue Jean-Jacques-Rousseau.
Samedi 26 mai
Foix (09)
La CNT 09 organise une conférence-film-débat sur les coopératives, à 14 heures, à la maison des associations. Film J’ai très mal au travail de Jean-Michel Carré ; présentation avec un rappel historique du mouvement ; débat en présence d’intervenants du monde coopératif ; auberge espagnole à partir de 19 heures.
Jeudi 31 mai
Paris 11e
Discussion-débat autour de la lutte contre le CPE, à partir de l’ouvrage Loin des Censier battus (CNT-RP, 2007, 255 pages) en présence d’étudiants, profs et Iatos Organisé par la librairie Quilombo. À 19h45, au CICP, 21ter, rue Voltaire.
Samedi 2 juin
Paris 20e
Rendez-vous à l’entrée du cimetière du Père-Lachaise à l’occasion de la commémoration annuelle de la Semaine sanglante, à 15 heures. Métro Gambetta.
Dimanche 3 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Gala annuel de l’Union pacifiste au Forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès. Entrée 13,50 euros (10,50 euros pour les étudiants, érémistes, enfants de moins de 16 ans… gratuit pour les enfants de moins de 6 ans). Métro Pierre-Curie ou Porte d’Ivry, ligne 7. Bar et petite restauration disponible sur place. Plus d’informations sur www.forumleoferre.com
Mercredi 6 juin
Paris 20e
ARCC organise une soirée consacrée à André Robèr (du groupe la Vache folle), peintre, poète et éditeur des Éditions K’A, à 19 heures, 160, rue de Pelleport. Soirée préparée et présentée par Dominique Jeantet avec la participation de Stéphane Hoarau.
Jeudi 7 juin
Merlieux (02)
Rencontre avec Frédéric H. Fajardie, auteur des Foulards rouges, du Voleur de vent, de La Lanterne des morts, de La Nuit des chats bottés, de Chronique d’une liquidation politique, de 18 heures à 21 heures, à la Bibliothèque sociale, 8, rue de Fouquerolles. Tél./fax : 0323801709.
Vendredi 8 juin
Rouen
Soirée poésie. Panorama de la poésie actuelle et présentation du nouveau recueil de Guy Pique Haut Corps (K. éditions) à la librairie l’Insoumise, au 128, rue Saint-Hilaire.
Samedi 9 juin
Paris 18e
Rencontre-débat avec Céline Beaudet qui nous parle de son ouvrage Les Milieux libres : vivre en anarchiste à la Belle Époque à 15h30, à la bibliothèque La Rue, au 10, rue Robert-Planquette.
Jeudi 14 juin
Sarlat (24)
« Débats libertaires » sur le thème du militantisme anarchiste, organisé par le groupe Drapeau noir
Périgord de la Fédération anarchiste, au café le Lébérou, 5, rue Jean-Jacques-Rousseau.
Jeudi 28 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Soirées de soutien au Forum Léo-Ferré du 28 au 30 juin. Le 28 : Céline Cussimon, Annick Cisaruk, Bruno Daraquy, Wladimir Anselme. Au Forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès. Entrée 15 euros pour une soirée, 28 euros pour deux soirées, 40 euros pour les trois. Métro Pierre-Curie ou Porte-d’Ivry, ligne 7. Bar et petite restauration disponible sur place. Plus d’informations sur www.forumleoferre.com
Vendredi 29 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Soirée de soutien au Forum Léo-Ferré du 28 au 30 juin. Avec Jean-Pierre Réginal, Alain Léamauff, Chris Lancry, Vincent Absil. Voir jeudi 28 juin.
Samedi 30 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Soirée de soutien au Forum Léo-Ferré du 28 au 30 juin. Avec Yannick Le Nagard, Claude Astier, Bernard Joyer, Sarclo. Voir jeudi 28 juin.
Le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des fédérations anarchistes
Chaque jeudi en kiosque, 24 pages en couleurs pour deux euros