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"Le Monde" se moque du monde

Publie le dimanche 30 juillet 2006 par Open-Publishing
12 commentaires

Le Monde a publié un article sur les "décroissants". Pour les critiquer, bien sûr. Les ridiculiser. Le titre en dit long : "L’obscure lubie des objecteurs de croissance"

La conclusion de l’auteur est cinglante : "Au-delà des préoccupations écologiques légitimes qui sont les siennes, il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu’elle est, une théorie élaborée par des individus habitant des sociétés prospères. Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble. "

Si ceux qui prônent la décroissance sont des "gosses de riches parfaitement égoïstes", comment apelle-t-on ceux qui consomment à fond les manettes sans réfléchir ? Ca, le journaliste du Monde ne nous le dit pas...


L’obscure lubie des objecteurs de croissance

de PIERRE-ANTOINE DELHOMMAIS

Au-delà des grands classiques - protection sociale, flexibilité du marché du travail, chômage des jeunes, dette publique -, un thème économique inédit pourrait émerger lors de la campagne présidentielle. Celui de la décroissance, doctrine en vogue. L’économie, nous dit-elle, a besoin, pour croître, de ressources énergétiques. Or, celles-ci étant limitées, la croissance est un non-sens. Il faut de toute urgence opter pour la décroissance économique, seule voie pour sauver la planète de la folie des hommes.

"Chacun comprend qu’une croissance infinie est matériellement impossible dans un monde fini", affirme dans son programme le Parti de la décroissance, né en avril 2006, et qui organise, cet été, plusieurs marches prosélytiques. Car il s’agit de remettre dans le droit chemin les pauvres pécheurs consommateurs. "La décroissance est d’abord une désintoxication, une désaliénation, un désencombrement."

Les objecteurs de croissance, comme ils aiment à se surnommer, bénéficient de la puissance médiatique de quelques-uns d’entre eux, comme José Bové, Yves Cochet, Nicolas Hulot ou Hubert Reeves. Ils profitent aussi de la perte de vitesse, chez les altermondialistes, du combat contre le libéralisme, moins mobilisateur depuis que ce dernier n’est plus incarné par les Etats-Unis mais par des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil.

Apparemment d’une grande simplicité, le concept de décroissance repose en réalité sur des fondations philosophico-scientifiques complexes, voire obscures. "Nous analysons l’économie comme un système de transformation de matière et d’énergie régi par les lois de la physique, et non comme une machine à mouvement perpétuel conduite par des forces exogènes, avec la monnaie pour unique médium", explique un de ses maîtres à penser, Robert Ayres, qui préconise de mesurer production et échanges en joules plutôt qu’en dollars.

Les "décroissants" se proclament humanistes, mais ils ne croient pas en l’homme. Leur pessimisme leur fait dire que l’humanité ne sera pas assez inventive pour trouver des énergies de substitution au pétrole ni assez raisonnable pour éviter un désastre écologique. Mais ils laissent à son sort le milliard d’êtres humains qui vit avec moins de 1 dollar par jour.

Si les économistes ne croient plus à l’idée, dominante dans les années 1960, selon laquelle une croissance forte est une condition suffisante pour vaincre la pauvreté, ils s’accordent en revanche pour dire que la progression du PIB est une condition nécessaire. "Il est impossible de faire reculer la pauvreté s’il n’y a pas de croissance économique", résume Humberto Lopez, coauteur du rapport de la Banque mondiale "Poverty Reduction and Growth : Virtuous and Vicious Circles". "Une politique de réduction de la pauvreté sans croissance n’est pas viable, ajoute l’économiste Pierre Jacquet. Pour produire des biens publics et promouvoir des objectifs sociaux, il faut un flux de ressources nouvelles, et donc de la croissance."

En Chine, le nombre de personnes très pauvres est passé, grâce au boom économique, de 377 millions en 1990 à 173 millions en 2003. Selon certaines simulations, l’extrême pauvreté y sera éradiquée dans quinze ans si le PIB continue à progresser au même rythme. Le scénario catastrophe par excellence pour les objecteurs de croissance.

Au-delà des préoccupations écologiques légitimes qui sont les siennes, il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu’elle est, une théorie élaborée par des individus habitant des sociétés prospères. Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Un article sur la décroissance :

 http://crisedanslesmedias.hautetfor...

Messages

  • L’article est signé Pierre-Antoine Delhommais. C’est un récidiviste et toutou convaincu.

    • Ce n’est pas un argument mais une affirmation gratuite qui n’apporte rien au débat.

      discutons des idées au lieu d’attaquer sans cesse les personnes. Tache bien plus difficile mais ô combien plus graifiante.

      Je pense que le terme décroissance peut être réactionnaire dans un monde ou plus d’un milliard d’individus ne mangent pas à leur fin.

      C’est aussi une manière de ne pas pôser le véritable problème, qui reste la répartition inégale des richesses produites, et l’appropriation privée des richesses produites socialement..

      La décroissance ne touche en aucun manière aux fondamentaux du système capitaliste. Elle est un alibi pour se donner bonne conscience et péreniser sa propre situation au sein du système capitaliste.

      Mohamed

    • "Je pense que le terme décroissance peut être réactionnaire dans un monde ou plus d’un milliard d’individus ne mangent pas à leur fin."

      effectivement, la croissance mondiale doit, à terme, diminuer la pauvreté. On le voit avec la Chine : certains accèdent à des biens auxquels ils n’avaient pas accès avant.

      Mais est-ce la même chose en France ?

      D’autre part la question est-elle : "est-ce qu’on doit proner la croissance" ou "est-ce qu’on PEUT proner la croissance". LEs richesses n’étant pas illimité, les problèmes risquent de se poser bientôt...

    • le véritable probléme c’est:quelle croissance et pour quoi faire ?Nous produisons des trucs inutiles(ex:télephones portables hypersophistiqués alors qu’un basique suffirait),la "surproduction alimentaire" alors qu’une bonne partie de l’humanité a faim,on a des logements innoccupés alors qu’il y a des milliers de sans ou de mal logés.
      On pourrait citer des exemples à l’infini.Il faut produire ce dont l’humanité à besoin et ne pas avoir les yeux fixés sur le PIB qui ne peut être qu’une indication.
      Je signale d’ailleurs que dans le PIB on trouve toutes les progressions purement financiéres.Quant on sait les dégats quelles provoquent je doute que la croissance dans ce domaine soit une bonne chose.
      Jean Claude des Landes

    • ""effectivement, la croissance mondiale doit, à terme, diminuer la pauvreté. On le voit avec la Chine : certains accèdent à des biens auxquels ils n’avaient pas accès avant.
      Mais est-ce la même chose en France ?""
      poser la question c’est y repondre , oui , à notre mesure c’est la meme chose en france !
      Combien de français vivent en dessous du seuil de pauvreté ?
      combien de français sont mal ou pas logés ?
      Combien de français ne vivent ou ne survivent que grace aux associations , ( restaux du coeur , secours pop , secours catho , banque alimentaire , etc ...) ?
      Combien de français n’ont pas d’accés aux soins medicaux , ne peuvent se payer de mutuelle complementaire ?
      Pour eviter toute fausse interpretation , quand je dis combien de français , je devrais dire combien d’habitants en france !
      1/3 des français ne partent jamais en vacances , je pense que les deux autres tiers doivent trouver les vacances superflues !
      Quand les besoins essentiels des habitants de notre pays seront satisfaits , je pense que votre question ""Mais est-ce la même chose en France ?"", aura un sens , pas avant .

      claude de toulouse .

    • "le véritable probléme c’est :quelle croissance et pour quoi faire ?Nous produisons des trucs inutiles(ex :télephones portables hypersophistiqués alors qu’un basique suffirait),"

      D’accord. Une réflexion sur l’utile et le superflu s’impose. Mais la consommation, n’est-ce pas la recherche du superflu, de l’agréable, de l’objet qui va me valoriser socialement ?

    • Vu de Russie (ce qui est loin d’être le pire sur notre bonne vieille terre) je pense pouvoir affirmer que, non, ce n’est pas la même chose en France. La production de richesse en France est largement suffisante, on mange à sa faim (pas tjrs bien mais ça me semble autant un pb de société qu’un pb purement financier) et des variables comme la mortalité infantile ou l’espérance de vie sont très bonne. C’est plus en pb de répartition (notamment accès au logement) et de "violence intellectuelle" (importation au forceps de valeurs humaines étrangères - je pense notamment à l’individualisme anglo-saxon). Dans un certain sens c’est un peu rassurant : "suffirait" d’avoir des politiques volontaires pour changer ça assez vite (c pas gagné vous allez me dire). Selon un sondage récent, 36% des plus de 50 ans ne mangent pas à leur faim ici (je parle de patates, pas de téléphone portable). Ca se voit un retraité sous-nourri, et c’est vraiment pas gai. Et encore c’est qu’en Russie.
      C’est là-dessus jouent des financiers comme celui ci-dessus : on culpabilise les gens qui vivent pas trop trop mal chez nous en leur montrant qu’il y a pire à côté. Pas très fair-play bien sûr, mais le but est atteint si les gens perdent du temps à leur répondre en comparant la misère ici à là-bas plutôt qu’en leur faisant remarquer, d’une part qu’en terme de "gosses de riches nantis et égoïstes", ils sont en première ligne, loin devant ceux qu’ils dénigrent, d’autre part que la décroissance (si je me réfère par ex à la charte du journal "la décroissance") ne propose pas du tout ce qu’ils feignent de comprendre (relire ce sommet de malhonnêteté intellectuelle pondu par le sieur Delhommais).

      Levochik

  • Le problème avec la décroissance c’est "qu’est-ce qui doit décroitre ?" et qu’est-ce qui doit croître ?

    Ce qui doit décroitre, par exemple :

    le budget de l’armée

    la circulation automobile

    la production de CO2

    ...

  • Et croitre :

    la médecine, les accès au soins.
    l’éducation libre, populaire.
    Les espaces de cultures.
    Les possibilités de se déplacer sans polluer.

  • L’auteur de l’article du Monde - ainsi d’ailleurs que la plupart des économistes - n’envisage aucunement la seule réponse possible à la crise qui se profile, à savoir une organisation totalement différente de la société, fondée sur la répartition des richesses et la gestion globale des ressources naturelles. Je vous renvoie vers le livre de J.P. Tertrais sur la décroissance. En toute amitié.

  • Vandana Shiva parle de décroissance avec tous les arguments vécus par les paysans indiens
    et que je sache il ne s’agit pas d’un pays prospère !
    ce qui doit décroitre c’est la connerie
    ce qui doit croitre c’est réfléchir comprendre et savoir de quel monde on veut et pour qui ?
    mais est ce que les etats unis pays riche si il en fut produit de la richesse ou de la pauvreté :
    il produit des biens de consommation outrageusement inutiles pour une classe de riches déja riches au départ et augmente le nombre de pauvres ,passés en 20 ans de 33 millions à 67 millions à ce jour en 2006 : c’est ça la croissance donc la croissance produit des pauvres alors ?
    en Inde pour produire des crevettes exportées en amérique donc pour des produits d’importation des hectares de terres sont devenues infertiles pendant ce même temps les paysans dépossédés se sont suicidés par centaine mais les américains ont continués de manger des crevettes !
    autre exemple : la trés fameuse perche du Nil souvenez vous : le Cauchemar de Darwin
    ou est la croissance ou est la décroissance ? grâce à cette production industrielle ayant détruit un environnement humain et végétal trés diversifié on a produit beaucoup de richesse ailleurs et de la destruction et désolation sur place ;
    le mec qui a ecrit cet article ne comprend pas que la décroissance c’est essayer de faire vivre tout le monde correctement plutot que tout pour les uns et rien pour les pauvres,
    mais un article sur la décroissance qui ne cite pas S. Latouche est un article baclé qui veut juste
    essayer de dire que la richesse se créé de manière exponentielle voire spontanée ,
    simplement la richesse se partage la richesse humaine et le partage seul fera vivre les hommes sur la terre au lieu de faire croire au miracle
    pourquoi tout ces mecs peu documentés essaient ils de mettre une dimension mystique à la richesse ?
    il ya trop de gens outrageusement riches qui consomment énormément et leur faire baisser leur niveau de vie peut permettre à d’autres de survivre , est ce si grave que leur demander de partager eux qui souvent prient des dieux prêchant le partage !
    Et le Monde publie cela c’est tout dire de l’ état imbécile de la presse en france !