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Le PS : Afghanistan, morne plaine

Publie le lundi 25 août 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

La présence française en Afghanistan divise le PS

L’Afghanistan, après le traité européen de Lisbonne et la réforme constitutionnelle ? Le débat parlementaire qui sera consacré, le 22 septembre, à la question de l’engagement militaire français dans ce pays risque d’engendrer un nouvel étalage de divisions au sein du PS. Alors qu’Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire a proposé "à tous les partis de gauche", samedi 23 août, de se voir "au plus vite" afin d’organiser une manifestation pour "réclamer le retrait des troupes françaises d’Afghanistan", ce mot d’ordre provoque des remous au PS.

Plusieurs voix se sont élevées en faveur d’un désengagement. Dans une lettre adressée à Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l’Assemblée nationale, Gérard Bapt, député fabiusien de Haute-Garonne, réclame "un débat (…) sur la présence française en Afghanistan". Il prône l’adoption "d’une position claire qui demanderait le désengagement pur et simple de nos forces". Alors qu’Henri Emmanuelli préconise lui aussi de "sortir d’un engrenage dangereux", d’autres dirigeants refusent d’envisager d’emblée une telle issue.

"SENS DE NOTRE PRÉSENCE"

Pierre Moscovici, secrétaire national du PS chargé des questions internationales, admet que la mort de dix soldats français dans une embuscade tendue par les talibans invite "à nous poser la question du sens de notre présence en Afghanistan". Mais s’il dénonce "la volte-face" de Nicolas Sarkozy, qui s’était prononcé en faveur du retrait avant d’être élu, le député du Doubs reste favorable à la présence française. "S’il s’agit, précise-t-il, comme cela avait été décidé en 2001 par le gouvernement Jospin, sous la présidence de Jacques Chirac, d’appuyer les forces régulières afghanes, de les former afin qu’elles puissent lutter avec une plus grande efficacité contre les talibans". "Nous voulons autant que la droite lutter contre le terrorisme", a lancé M. Moscovici, dimanche 24 août, lors de la fête de la rose de Frangy-en-Bresse.

Afin d’éviter que les socialistes offrent le spectacle de leurs désaccords à l’issue d’un débat parlementaire dont ils ont eux-mêmes réclamé la tenue, François Hollande veut créer les conditions d’un consensus. "Les risques que nous avions dénoncés en avril lors du débat autour de la motion de censure se sont hélas confirmés. La stratégie actuelle n’empêche pas les talibans de gagner du terrain. Il ne faudrait pas que cet échec conduise à l’amplifier davantage", note le premier secrétaire. Hostile à "une militarisation accrue" de la présence française, il estime que "l’Afghanistan a besoin de la France" et se dit favorable à "une discussion avec l’ensemble de nos alliés mais aussi à davantage de dialogue politique, comme au renforcement de la lutte contre la culture du pavot et la corruption".

"Certains veulent un retrait de notre présence militaire ? La question se posera si l’on nous entraîne vers l’escalade", considère M.Hollande, qui veut éviter que le PS s’enferme dans le dilemme "retrait total et immédiat ou envoi de renforts, synonyme d’enlisement". "Si Nicolas Sarkozy maintient le changement de cap qu’il a impulsé et ne reconsidère pas la stratégie de la France en Afghanistan, alors les socialistes voteront contre le texte du gouvernement fin septembre", prévient-il.

La question de la présence française en Afghanistan pourrait également semer le trouble dans la majorité. Lors du "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI", dimanche, Dominique de Villepin s’est interrogé sur "la durée de notre présence là-bas". "Trouvons les clés d’une solution politique qui nous permette d’agir de façon plus indirecte, d’établir [un] calendrier de retrait de façon à ne pas nous enliser dans une guerre que nous ne pouvons pas gagner sur le terrain", a souhaité l’ancien premier ministre.

Jean-Michel Normand (Le Monde)
 http://www.lemonde.fr/politique/art...

Messages

  • Et la France profonde découvre qu’elle est en guerre

    Par Fausto Giudice Le 22 aout 2008 Basta !

    Le 20 Août, en pleines vacances, alors que le bon peuple de France se traînait nonchalamment entre les pages bondées et les écrans de télé pour suivre les prouesses des athlètes à Pékin, tentant de maîtriser le stress qui commençait à le prendre à l’idée qu’il allait bientôt devoir reprendre le chemin du « travailler plus pour gagner moins », la nouvelle a éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein : 10 valeureux jeunes soldats français sont morts dans le lointain Afghanistan, dans une embuscade tendue par les horribles Talibans à 50 km à peine de Kaboul. Ce qui a porté à 22 le nombre de soldats français tués depuis 2002. ce qui est peu par rapport aux 100 soldats britanniques tués. Et n’est rien par rapport aux milliers d’Afghans tués. Et par Afghans, j’entends hommes armés, hommes désarmés, femmes, enfants, vieillards.

    Et le bon peuple a ainsi découvert que son armée était engagée en Afghanistan, et qu’elle y faisait la guerre. Il aura fallu six ans pour que les Français se rendent compte qu’ils étaient, à leur corps défendant, engagés dans une guerre.

    Une guerre mondiale ?
    Pas tout à a fait.

    Une guerre locale ?
    Pas non plus.

    Non, une « guerre des mondes ».

    Deux mondes s’opposent dans les montagnes et les plaines d’Afghanistan : d’un côté, il y a les bons, la « Coalition » regroupant 70 000 soldats d’une quarantaine de pays. Officiellement, ils ne sont pas là pour faire la guerre, mais pour faire la paix, pour reconstruire le pays et, surtout, pour libérer les femmes, ces malheureuses Afghanes enfermées dans des voiles-cages. De l’autre côté, il y a les « méchants », les barbus, les « terroristes », les « talibans », « Al Qaïda ». Donc, ces soldats sont aussi là pour combattre le terrorisme. C’est ce que George Bush appelle « la guerre mondiale contre le terrorisme », « Global war against terror ». Sauf que les "terroristes" afghans bénéficient apparemment du soutien d’une très grande partie d ela population.

    Depuis six ans que cette guerre dure, l’opinion française s’en est fichue comme de sa dernière culotte, de cette guerre qui n’est pas une guerre. La gauche et l’extrême-gauche n’ont pas organisé une seule manifestation. Rien, rien, rien. Silence radio et consensus total. Cela n’a guère été différent en Espagne et en Italie, où la gauche institutionnelle a retiré ses troupes d’Irak pour mieux les engager en Afghanistan. Il y a eu plus de remous en Allemagne, au Danemark, en Suède, en Norvège et au Canada, mais sans grandes incidences sur le cours des choses : « j’y suis, j’y reste », telle est la devise de la Coalition baptisée ISAF/FIAS.

    De fait, les alliés des USA sont chargés de boulot du soutien logistique et civil, en quelque sorte du « service au sol » pour les boys US qui, eux, font le sale boulot, ou du moins sont censés le faire, c’est-à-dire prenant sur eux de commettre crimes de guerre et autres bombardements de population civiles avec des bombes à l’uranium appauvri.
    Les Français et les Européens, eux, tentent de garder les mains propres et essayent plutôt de creuser des puits et d’accoucher des femmes.

    Mais qu’allaient donc faire les soldats français dans cette galère,, se demande soudain M. Dupont-Durand. Un « travail indispensable », a répondu le Président. Et son ministre Bockel d’appeler à « l’union nationale », disant que l’heure n’était pas aux critiques.

    C’est que la gauche et l’extrême-gauche semblent s‘être soudain réveillées : le PCF et la LCR demandent un retrait des troupes, le PS se contente de dire qu’il faudrait « rééxaminer la mission des soldats français en Afghanistan ». Le Front national est le plus virulent dans la dénonciation de cette guerre qui ne dit pas son nom.

    Le 21 Août 1968, il y a exactement quarante ans, les chars soviétiques et est-allemands du pacte de Varsovie pénétraient dans Prague, mettant fin à un printemps trop court. Les jeunes Tchèques écrivirent sur les murs : « Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous » et chantèrent aux soldats soviétiques une chanson de leur composition dont le refrain disait : « Ivan, rentre chez toi, Natacha t’attend ».

    Les résistants afghans devraient aller écrire sur les murs des baraquements français à Kaboul : « Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous. »

    Jean Jaurès, l’homme qui osa dire non à l’Union sacrée pour la guerre en 1914 et le paya de sa vie. Jean Jaurès, que le candidat Sarkozy se fit fort de citer dans ses discours écrits par Henri Guaino.

    Et les résistants afghans pourraient chanter : « Kevin, rentre chez toi, Jessica t’attend ».

    Fausto Giudice,

    Basta !, 2008

    http://azls.blogspot.com/

    www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=20080822&articleId=9911

    • D’autant que les Fores françaises n’ont pas donné beaucoup des leurs dans l’affaire. les Canadiens entre autres en sont à 98 morts, plus les blessés. Ils ont perdu encore trois des leurs, en compagnie de 3 Polonais et 3 de nationalité indéterminée, (Australiens ?), le lendemain de la mort des Français.

      Personne n’en a fait un fromage.

      Faut dire que les Français jusqu’ici étaient plutôt placés dans des zones calmes et affectés au maintien de l’ordre civil, ou servaient l’entretien logistique des aménagements routiers, (Génie). Et c’est peut-être pour ça qu’ils y ont envoyé des combattants si novices.

      Le problème c’est qu’il n’y a plus de zones calmes. Les résistants, (Talibans et autres), sont partout et Kaboul est "undersiege".

      Entre parenthèse je trouve bizarre :

      1. Qu’il n’y ait pas eu de mort français au combat "avant". Y en a eu mais dans des accidents hors combat.

      2. Que l’Armée française ne dispose sur place que de combattants aussi novices. Le plus vieux était un sergent-chef de 33 ans, ce qui est assez étonnant car à 33 ans ont a déja les certificats pour être adjudant-chef.

      3. l’Unité engagée a été identifiée par les autorités militaires comme faisant partie d’une opération de renseignement. En général ce type d’opération ne dépend pas d’un RPIMA mais plutôt de régiments spécialisés dont les éléments sont hautement qualifiés. (Dragons, Hussards ou Commandos Héliportés, "CHOC").

      4. Qu’on ait mis 10 heures pour les désengager sur une route principale et à 30 km de Kaboul.

      5. Sans compter les rumeurs de "friendly-fire" qui n’ont pas été confirmées.

      On aurait voulu le faire exprès qu’on n’aurait pas fait mieux.

      G.L.

    • Henri Emmanuelli, député (PS) des Landes : "Il faut changer de stratégie et mettre fin à notre participation"

      http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/08/25/henri-emmanuelli-depute-ps-des-landes-il-faut-changer-de-strategie-et-mettre-fin-a-notre-participation_1087547_823448.html

      Le retrait non, la révision stratégique oui", a déclaré Pierre Moscovici à propos de l’Afghanistan. Partagez-vous cette position ?

      La position de M.Moscovici n’est pas celle du PS. Pourquoi dire non au retrait ? La question est d’abord de savoir ce que l’on va faire en Afghanistan. Notre présence militaire est un non-sens en l’absence d’objectifs identifiés. La logique actuelle conduit à un renforcement inéluctable des effectifs. Il faut changer de stratégie et mettre fin à notre participation.

      Que nous soyons engagés au côté des forces de l’ONU afin d’aider l’Afghanistan à recouvrer les moyens de sa souveraineté n’est pas criticable. Mais que nous soyons engagés dans une opération de maintien de l’ordre définie par les Américains dans le cadre de l’OTAN, ça, non. Je demande que l’on respecte la position que nous avions exprimée en présentant une motion de censure contre le gouvernement en avril.

      Souhaitez-vous que le PS prenne position en faveur du retrait des troupes françaises en Afghanistan ?

      Il y a le PS et il y a l’opinion publique. Déjà, le PS n’a pas tenu compte de l’opinion publique au moment du référendum européen. On a vu les conséquences. Si l’opinion publique ne comprend pas la présence militaire française en Afghanistan, ce n’est pas par lâcheté, c’est parce qu’elle fait preuve de bon sens. J’ose espérer que le PS ne restera pas en deçà du bon sens.

      Un retrait ne signifierait-il pas, comme l’a dit Nicolas Sarkozy, "renoncer à défendre nos valeurs, laisser les barbares triompher" ?

      C’est une erreur grave de croire qu’on peut imposer la démocratie par la force. Le propre d’une démocratie est d’être l’expression d’une volonté majoritaire. La "lutte contre le terrorisme" est un concept idéologique inventé par George Bush, dont l’objectif est indéterminé et qui relève de l’esprit des croisades. L’axe du bien contre le mal, qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis affligé de voir que la France verse dans cette aventure. Il semblerait que le néoconservatisme américain ait réussi à franchir l’Atlantique.

      Je crois que l’on nous cache beaucoup de choses sur la réalité en Afghanistan. Que représente le pouvoir central ? Qui est M.Karzaï [le président afghan], une marionnette installée au pouvoir par ses puissants parrains ? Personne n’a jamais gagné une guerre en Afghanistan. Les forces étrangères sont vécues, de plus en plus, comme une armée d’occupation et l’on voit s’organiser les premières manifestations de la population contre leur présence. Quand on nous agite la menace des risques d’attentats sur le territoire français si les talibans reprenaient le pouvoir, c’est hélas l’inverse qui est vraisemblable. La présence militaire française en Afghanistan risque de susciter des vocations.
      Propos recueillis par Patrick Roger