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Le Parti Socialiste est-il devenu un parti de droite ?

Publie le lundi 27 novembre 2006 par Open-Publishing
14 commentaires

http://laurentfabius2007.over-blog.com

Paru dans FMDS

C’est la thèse d’un certain nombre de camarades. Pour eux, la désignation de Ségolène Royal par les adhérents du Parti Socialiste signifie que ce parti serait devenu un parti de droite. Cela me paraît totalement erroné : comment le principal parti de la gauche aurait-il pu se transformer en un parti de droite en une nuit alors que la société allait en sens contraire depuis 2002 ? Car c’est bien vers la gauche que se dirige la société française. Bien sûr, pas unilatéralement et avec de multiples contradictions, mais la tendance est là : il suffit d’observer.

Déjà en 2002, les électeurs de gauche et de l’extrême gauche étaient plus nombreux qu’en 1997. Simplement, avec 10 % des suffrages pour Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, le centre de gravité de la gauche s’était déplacé vers la gauche.

En 2003, des millions de personnes sont descendues dans la rue et ont mené une lutte de plusieurs mois contre la mise à mal de nos retraites par répartition. Le lâchage du mouvement ascendant par la direction de la CFDT n’avait pas réussi à entamer la mobilisation. Le 25 mai 2003, la mobilisation nationale à Paris dépassait le million de manifestants. Le 13 mai 1968 et en janvier 1994, les organisateurs avaient annoncé 1 millions de manifestants. Avec le même système de comptabilisation, les 5 cortèges parisiens qui convergeaient dépassaient largement le million de manifestants. Mais les directions syndicales (qui connaissent la symbolique des chiffres et voulaient différer l’affrontement) ont annoncé 600 000 manifestants seulement. Avec l’annonce d’un million de manifestants, la mobilisation serait repartie de plus belle, l’annonce de 600 000 a cassé le mouvement et Fillon a pu faire voter sa loi.

En 2004, la droite subissait trois défaites électorales écrasantes : aux Régionales, aux Européennes et même aux cantonales où les enjeux locaux pèsent pourtant d’un autre poids.

En 2005, la victoire du « non » au référendum (65 % des électeurs de gauche et 60 % des électeurs du PS avaient voté « non ») montrait de nouveau que l’opposition au libéralisme était majoritaire à gauche.

En 2006, la mobilisation de la jeunesse et des salariés obligeait de Villepin à retirer le CPE. La différence avec la mobilisation de 2003 était triple. D’abord, la direction du principal syndicat étudiant (l’Unef) avait la volonté de gagner et a su organiser démocratiquement la jeunesse étudiante pour en faire le fer de lance intransigeant de la mobilisation. Ensuite, la direction de la CGT avait conscience de la signification d’une nouvelle défaite du mouvement social pour l’existence même du contrat de travail. Enfin, la proximité des élections de 2007 aiguisait les contradictions au sein de la droite et la rendait plus vulnérables. Dans ces conditions, la direction de la CFDT elle-même n’a pas pu quitter le mouvement...

En réalité, les camarades qui considèrent que le Parti Socialiste est devenu un parti de droite confondent le parti lui-même et l’appareil du parti. C’est pourtant un cas de figure classique de voir les appareils aller à droite quand les « masses » vont à gauche.

Que s’est-il passé d’autre en 1968 lorsque l’appareil du PCF (malgré toutes les contradictions à la base du parti) a volé au secours de la Vème République en faisant tout pour arrêter la grève générale et la circonscrire à des revendications qui ne soient que sociales ?

A la Libération, l’appareil du PCF avait cassé le mouvement de grève. Son dirigeant, Maurice Thorez (allié en cela à la direction de la SFIO) avait alors assené que la grève était « l’arme des trusts ».

Quant au Front Populaire de 1936, il avait pour objectif de canaliser la montée impétueuse de la combativité ouvrière en réalisant l’unité de deux partis de gauche (le PCF et la SFIO) avec un parti de droite, le Parti Radical, sur les bases programmatiques de ce dernier parti. Ni les 40 heures, ni les congés payés ne figuraient dans ce programme. C’est la grève générale de juin 1936, encouragée par la victoire du Front Populaire que les salariés ont considéré comme leur victoire, qui a imposé ces mesures.

C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui, la société française va vers la gauche mais l’appareil du principal parti de gauche, le Parti Socialiste, va vers la droite.

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Messages

  • La désignation "droite" ou "gauche" n’a pas trop de sens. Le PS est devenu, mais il l’était depuis bien longtemps, un pur gestionnaire du capitalisme - le PC lui a d’aileurs bien tenu la main, et encore récemment avec une certaine MGB. Il y a bien longtemps qu’il n’y a plus rien à espérer du PS... pas plus que du PC qui veut se refaire, sur le tard, un virginité.

    Ramon

  • Ben Oui, le Parti Socialiste est un parti de droite.

    Le PS a avoué être de droite le jour où il a décidé de voter Oui.

    Quant à savoir ce qu’est la droite et la gauche, puisque même ici certains semblent ne plus le savoir :

    Karl Marx disait que le moteur de l’histoire, c’est la lutte de classe. Et je trouve qu’il a tout à fait raison !

    La droite, c’est les partisans de la bourgeoisie, et la gauche, c’est les partisans du prolétariat (au sens généralisé).

  • Quant au Front Populaire de 1936, il avait pour objectif de canaliser la montée impétueuse de la combativité ouvrière en réalisant l’unité de deux partis de gauche (le PCF et la SFIO) avec un parti de droite, le Parti Radical, sur les bases programmatiques de ce dernier parti. Ni les 40 heures, ni les congés payés ne figuraient dans ce programme. C’est la grève générale de juin 1936, encouragée par la victoire du Front Populaire que les salariés ont considéré comme leur victoire, qui a imposé ces mesures.

    C’est beau de reprendre l’Histoire pour son compte...
    Le Front Populaire c’est l’union du PCF, de la SFIO et du Parti Radical pour contrer la montée du fascisme des années 30 (Hitler pour l’Allemagne et Mussolini pour l’Italie).
    Quand à la relation entre la SFIO et le PCF on ne peut pas vraiment dire qu’il y avait une réelle unité entre eux à l’époque surtout vu les différents ideologiques qu’ils avaient.
    De plus le rapprochement entre deux partis à cette époque se serait plutot faite entre le Parti Radical et la SFIO qui gouvernaient qu’avec le PCF qui soutenait le programme du Front Populaire (Pain, Paix, Liberté contre Faim, Guerre, Fascisme) mais qui refusa de participer au gouvernement de Front Populaire et resta dans son role contestataire de l’époque.

    A bon entendeurs...

  • Choisir Sarkozy ou Royal, c’est comme choisir Blair ou Bush

  • Si votre concept du clivage gauche/droite se limite à l’anti-capitalisme contre le non-anti-capitalisme, alors effectivement, le PS peut être traité de parti de "droite" puisse qu’il "accepte" le capitalisme (ce qui n’est pas nouveau entre nous soit dit). Reste que pour moi l’important n’est pas tant que notre système économique soit capitaliste ou pas ; on vois bien que le communisme - idée au combien noble - est devenu un enfer pour les peuples de Russie, de Chine, de Cuba, etc. et qu’a l’inverse, le capitalisme - idée au combien injuste - n’est finalement pas ce que l’humanité a fait de pire (on peut pas dire qu’on vis beaucoup plus mal qu’il a 50 ans). Donc, pour moi, le système économique n’est vraiment pas le plus important ! Ce qui m’importe c’est que nous vivions en paix, dans une société protectrice, égalitaire, solidaire et soucieuse de respect de notre planète. C’est la société que cherche concrètement à mettre en place le PS et sa candidate, et effectivement, ça ne passe pas forcement par un anti-capitalisme extrémiste comme le prônent certains.

    Il est tellement plus facile de se réfugier derrière des idées nobles qu’on sait ne pas à avoir à appliquer concrètement comme le fait l’extrême-gauche que de chercher des solutions réalistes allant le plus loin possible vers notre idéal humaniste. Je suis vraiment très déçu de l’extrême-gauche qui au lieu d’essayer d’enrichir le débat social (je parle pas de suivre le PS comme un toutou, hein) en faisant des propositions concrètes que pourraient reprendre la gauche "gouvernementale", ne cherche à exister que dans une confrontation frontale stérile avec les méchants capitalistes et les pourris du pouvoir (sic) quand ils ne sont pas carrément en train de se chamailler entre eux.

    Pour vous montrer le ridicule de votre question, j’en pose une à mon tour : Les maires d’extrême gauche sont t’ils de droite parce qu’ils acceptent de gouverner dans un système capitaliste ? Et puis, qu’est-ce que la France à gagné du succès relatif de l’extrême-gauche qui a permis au PS de se faire éliminer en 2002 et à Chirac de rempiler ?

  • C’est pas nouveau qu’il est à droite le PS.
    Je relis souvent ce texte de Serge Halimi écrit au lendemain du 21/04/02 :
    http://www.homme-moderne.org/societe/media/halimi/honte.html

    DE QUI FAUT-IL AVOIR HONTE ?

    Dimanche 21 avril, bien des électeurs hostiles à l’extrême droite se sont demandé : pourquoi nous détestent-ils tant ?
    Ils ?
    Les 36% de chômeurs qui ont voté Le Pen ou Mégret.
    Les 28% d’ouvriers qui ont voté Le Pen ou Megret.
    Et Le Pen est également arrivé en tête chez les intérimaires et chez les jeunes de 18 à 24 ans, très largement.

    [...]

    Honte ? Non.
    Ou alors, il fallait avoir honte avant.
    Quand, par exemple, en 1998, Lionel Jospin a refusé de revaloriser les minimas sociaux, comme le lui demandaient les chômeurs en lutte, alors même que deux ans plus tard son ministre des finances, Laurent Fabius, baisserait l’impôt sur le revenu acquitté par les plus riches.
    C’était la première fois dans l’histoire de la gauche au pouvoir qu’un gouvernement socialiste réduisait la tranche marginale de l’IRPP.
    C’est à ce moment-là qu’on attendait que BHL, Jean-Marie Colombani le directeur du Monde, Pierre Arditti, Karl Zéro et quelques autres nous disent qu’ils avaient « honte d’être Français ».

    Résumant un peu brutalement le bilan du gouvernement de la gauche plurielle, un syndicaliste a expliqué il y a quelques semaines : « Le bilan de Jospin : un RMI à 2402 francs en 1997 et à 2660 francs cinq ans plus tard. »
    C’est de cela qu’il fallait avoir honte.

    Dans la Revue socialiste, organe théorique du PS, le rédacteur en chef, se gargarisait l’année dernière des réussites du gouvernement de la « gauche plurielle » : « En matière de privatisations, la "gauche plurielle" a réalisé en trois ans un programme plus important que n’importe quel autre gouvernement français. »
    C’est de cela qu’il fallait avoir honte, de cet abaissement devant les forces du marché et de l’argent.

    Il y a cinq ans, au moment de l’arrivée au pouvoir de la gauche plurielle, Alain Bocquet, président du groupe communiste, déclarait sur France Inter : « Je souhaite que le mouvement populaire ne pose pas les valises dès lundi matin. Oser s’attaquer à la dictature des marchés financiers. Si on ne s’attaque pas au mur de l’argent, tout le reste est de l’illusion. »
    Ce mur de l’argent, on l’a conforté.
    C’est de cela qu’il faut avoir honte

    Il y a quelques mois, DSK dont on nous disait qu’il serait peut-être le premier ministre d’un président Jospin, théorisait : « Il faut, pour l’emporter, se tourner davantage vers les classes moyennes. » C’est-à-dire ceux qui disposent « d’un patrimoine immobilier et quelquefois financier, qui sont les signes de leur attachement à l’"économie de marché". »
    Quant aux autres, ceux, sans patrimoine financier, qui en partie ont voté Le Pen dimanche 21 avril, Dominique Strauss Kahn nous disait : « Du groupe le plus défavorisé, on ne peut malheureusement pas toujours attendre une participation sereine à une démocratie parlementaire. Non pas qu’il se désintéresse de l’Histoire, mais ses irruptions s’y manifestent parfois dans la violence. »

    Quand un dirigeant de gauche s’intéresse davantage à ceux « qui disposent d’un patrimoine financier » qu’au « groupe le plus défavorisé », pas étonnant que l’irruption de ce groupe dans l’arène électorale ne soit pas tout à fait sereine.
    Et ce n’est pas d’abord d’eux, les plus défavorisés, qu’il faut avoir honte.

    Jean-Michel (PCF)