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Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste".
Publie le vendredi 10 décembre 2010 par Open-Publishing14 commentaires
Le congrès annuel du Parti de gauche va s’ouvrir sur une belle ambiguïté. Popularisée par Jean-Luc Mélenchon, la "révolution par les urnes" est censée porter la même radicalité que Besancenot (la révolution)… tout en étant réaliste. La révolution, la vraie, c’est fini n’est-ce pas ? Après l’échec des révolutions du siècle passé admettons honnêtement que la question se discute. Alors vive la "révolution par les urnes" ? Holà ! Qu’on prouve fausse l’affirmation que ce fromage est du roquefort implique… que ce n’en est pas. Mais si on affirme que c’est du gruyère, il faut le prouver à nouveau frais. Le difficulté d’en faire la preuve dans le livre Qu’ils s’en aillent tous montre que ce n’est pas chose aisée.
Laissons de côté les pays lointains où les conditions sont très différentes. Où donc nos camarades du Parti de gauche, avec qui nous partageons nombre de combats de tous les jours et c’est heureux, ont-il vu possible une "révolution par les urnes" dans notre beau pays de France ? Aucune des Républiques successives, y compris la première, chère à Mélenchon, ne s’est installée par "les urnes". Des révolutions, de tout type (ratée, réussie, inachevée, réprimée), on n’en manque pas. "Par les urnes", pas une seule. On a eu en revanche trois secousses brutales en 80 ans : juin 1936, 1944, mai 1968. On peut les relier à l’essentiel des grandes conquête sociales.
Le Front Populaire, 1936. La droite perd les élections. "Modération" dit Blum ! Mais la grève démarre, s’étend, puis explose. C’est d’elle (et d’elle seule) que procèdent tous les succès sociaux, dont les fameux congés payés et la semaine de 40 heures qui n’étaient pas dans le programme du front électoral de gauche.
La Libération. Tous les acquis sociaux sont contenus dans le programme du Conseil national de la Résistance. Loin "des urnes", il lui a fallu une guerre mondiale (excusez du peu) et la Résistance. Certes, il ne s’agit pas d’un programme socialiste. Mais il prévoit quand même, entre autres, la nationalisation de l’énergie, des assurances et des banques, la création de la Sécurité sociale, le droit de vote pour les femmes. Et ces points seront engagés dès la mise en place du gouvernement, et avant toute élection.
Mai 68. Qui se souvient que les élections de juin 1968 ont vu un raz-de-marée historique en faveur de la droite ? Et en l’occurrence la mémoire populaire a raison. Elections ou pas, le "Joli mai" a bouleversé les consciences et les rapports de force, et, indépendamment même des maigres avancées des accords de Grenelle, le ton sera donné pour plus de dix ans. La poussée du mouvement des femmes arrachera le droit à l’avortement… d’un gouvernement de droite. Même la construction du PS d’Epinay et son succès de 1981 ne sont que les ombres portées du grand ébranlement.
Et au regard de ces succès historiques, qu’est-ce que "les urnes" ont apporté ? 1981 ? Allons… Soyons beaux joueurs et admettons des avancées notables (la cinquième semaine de congés payés, la retraite à 60 ans que nous défendons aujourd’hui). Plus l’épisode singulier que constitue l’abolition de la peine de mort. Puis les longues années du renoncement, de la trahison des promesses, et enfin le basculement dans la gestion libérale dure. Et ceci jusqu’au gouvernement de la gauche plurielle. Fin, le 21 avril 2002, dans la catastrophe, pour cette "révolution par les urnes".
Sans doute pour ses partisans cet épisode n’est pas la "révolution par les urnes" attendue. Donc confirmation : la "révolution par les urnes" n’a jamais montré le bout de son nez. C’est en fait une recherche et un espoir pour le futur ? Bien irréaliste ! En effet : écoutez les discours de Blum, puis ceux de Dominique Strauss-Kahn ou de Martine Aubry. Vous sentez la différence ? Comment ce qui n’a pas été possible avec les socialistes de l’époque, entièrement dans le cadre "des urnes" évidemment, mais qui gardaient encore la référence prolétarienne au cœur, pourrait l’être aujourd’hui avec des sociolibéraux décomplexés, n’ayant toujours pas tiré le bilan des désastreuses années Mitterrand/Jospin ? D’où une conclusion têtue : la révolution, c’est… la révolution, bouleversement général impossible à imaginer dans les institutions en place. Et une autre conclusion qui ne l’est pas moins : si tu veux obtenir des réformes (pour peu qu’elles aient une certaine ambition), prépare la révolution !
Ainsi, même inaboutie, la mobilisation sur les retraites aura des effets majeurs dans le rapport de force avec le pouvoir. Le plus grave aurait été une défaite sans la lutte. Le défi a été relevé, et c’est de la plus haute importance. Or, au moment où se posait la question de l’extension sur le terrain de la grève, Jean-Luc Mélenchon, solidaire pourtant avec nous des grévistes, bataillait pour… les urnes, par un référendum cette fois-ci. Mais comment obtenir de M. Sarkozy un référendum qui évidemment n’aurait que confirmé le désaveu que montrait déjà la rue ? Si ce n’est justement… par la rue et la mobilisation sociale ! On n’en sort pas : la révolution par les urnes, à la mode référendaire en l’occurrence, c’est un couteau sans dents.
Il n’y a pas l’ombre d’un doute que dans un pays comme le nôtre, les élections sont d’une importance décisive pour l’expression des évolutions politiques et idéologiques. De même la présence institutionnelle y est un enjeu majeur. La combinaison de l’activité dans les deux sphères est à discuter, à redéfinir en permanence. Nul ne sait à quoi ressemblerait une révolution dans le futur. Certainement pas un coup de tonnerre dans un ciel serein, un "grand soir" qui n’a jamais existé dans aucune révolution passée. L’important dans ce débat est que dans tous les cas et de toutes manières, c’est en dehors de la sphère parlementaire que se joue le rapport de force principal. De ceci, en tout cas, le passé en atteste. On peut défendre que ce qui fut vrai est devenu faux. Mais de révolution par "les urnes", point.
Réactualisation de l’illusion réformiste, le "mélenchonisme" est mille fois préférable au réalisme froid des énarques socialistes. Mais pour ce qui est de changer de système, si le chemin qui mène à la Rome écosocialiste est difficile à tracer, celui de Mélenchon est à coup sûr une impasse.
Ingrid Hayes, Samy Johsua, membres du conseil politique du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
Messages
1. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 10 décembre 2010, 18:32, par yapadaxan
Tin, quand j’étais jeune et imberbe, j’étais loin de me douter que je serais un jour d’accord avec Joshua. A l’époque, il dirigeait le Parti des Travailleurs, si je me souviens bien ; moi, j’étais au PCF...
Mais aujourd’hui, je souscris pleinement à ce qu’écrit cet auteur...
Si seulement toutes les forces de gauche et d’extrême-gauche savaient ENFIN s’unir à créer cette force politique révolutionnaire qui manque tant dans les luttes ! Voir le dernier mouvement de grèves contre la réforme Woerth/Sarko...
Tout comme si les discussions pouvaient débuter, au plan mondial, pour envisager ENFIN réellement la Vème Internationale, non pour fonder des partis jumeaux, voire clônés, mais au contraire pour fédérer les diversités, faire que les situations nationales originales sachent se hisser à l’université du but révolutionnaire par la solution des problématiques nationales et/ou régionales...
1. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 10 décembre 2010, 19:32
D’accord avec le principal de ces analyses, cependant depuis 1924, la SFIO toujours flanquée des "modérés" Radicaux et le PCF ont connu une progression régulière jusqu’à 1936. Pourquoi ne pas faire du "Front de Gauche " un Front de la Gauche anticapitaliste ? Pour ne pas laisser le terrain libre aux gestionnaires du Capital ? Mélenchon ou un autre qu’importe pourvu que nous soyons visibles sur un terrain qui nous est hostile à tous. Que nous tirions tous enfin les leçons de l’émiettement de la gauche anticapitaliste de ces dernières années qui précipite la perte de tous nos acquis sociaux. Le PCF est ne train de perdre sa raison d’être, le NPA n’a jamais convaincu de son efficacité et de ses qualités de rassembleur sur des bases de classes : être anticapitaliste est facile à dire mais veut-on réellement l’abolir en faisant des propositions qui interdisent tout retour en arrière pour une société socialiste ? "Dépasser" le Capitalisme ne veut rien dire, c’est une manière pour des dirigeants du PCF de saborder tout espoir révolutionnaire en rendant service au Capitalisme et à ses serviteurs socio-libéraux et socio-démocrates. pourquoi ne pas déborder sur la gauche nos directions respectives autour du "front de Gauche" ? Je rêve.
2. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 10 décembre 2010, 22:04, par jaja
déborder sur la gauche nos directions respectives autour du "front de Gauche" ?
sérieusement, Melanchon va déborder sur la gauche les directions respectives ( même celle du NPA ou de LO ? )
trêves de plaisenteries !!
bien sûr que nous sommes dans une époque pas follichonne ; est ce une raison pour se raccrocher au premier tribun venu ( d’ailleur venu de très loin ...... )
le problème c’est pas de faire un bon score aux élections ; le problème c’est d’arriver à arrêter la chute vers le précipice ; et de ce point de vue, l’aventure électorale est une impasse .............
3. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 11 décembre 2010, 11:31
"""
le NPA n’a jamais convaincu de son efficacité et de ses qualités de rassembleur sur des bases de classes : être anticapitaliste est facile à dire mais veut-on réellement l’abolir en faisant des propositions qui interdisent tout retour en arrière pour une société socialiste ? """
je mefous de savoir si le NPA convainc ou pas !
le PS convainc plus que le NPA,le PCF et alors ?
on doit juger une politique au nombres de voix ?
curieux tout de même que pour répondre à un articke qui démontre que JAMAIS les urnes n’ont abouti à une révolution,tu réponds : :
ben essayons encore une fois !!
,et qui plus est avec un individu dont n’importe quel homme attaché un tant soit peu aux idées de morale et de valeur humaine ,ne peut que rejeter .
ni dieu,ni tribun ,ni césar !!
apparemment c’est pas, mais alors pas encore compris tu tout par des militants de gauche,c’est assez effrayant pour la suite !
2. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 10 décembre 2010, 22:45
Mélenchon, c’était bien un sous-ministre du gouvernement Jospin qui privatisait ?
3. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 11 décembre 2010, 11:53, par Copas
le problème de la fausse route institutionnelle ne vient pas tant des forces de départ, ni de leurs alliances (même si ces deux questions pèsent), ni même forcement du meilleur programme à présenter mais de la nature même des institutions telles qu’elles sont et des contre-poids qu’on y oppose.
L’ensemble des forces qui ont posé substantiellement leurs fesses sur les sièges institutionnels ont vu leurs relations avec leurs objectifs originels se distendre et tous suivre le chemin vers des politiques pro-capitalistes .
Quelques réformes progressistes ont été votées ici ou là, mais globalement c’est le cadre des règles du capitalisme qui, pas à pas et concretement a été intégré.
Également, l’ensemble de ces forces, en même temps qu’elles se diluaient dans les places institutionnelles , estompaient également l’ensemble des rapports de classe, l’ensemble de l’esprit et la pratique du changement par les organisations de la classe .
Et ce n’était pas tant par leur point de départ, ni leurs principes, mais par une pratique au concret mettant au centre de fait le militantisme électoral liée à des succès réels en termes de conquêtes électorales.
Où autrement dit, ce n’est pas la participation qui posait problème mais l’usage réel et substantiel de postes électifs, et les espérances liées.
Il est saisissant de voir l’ensemble des forces nées au XXeme siècle (ou 19eme) qui ont été happées, digérées,
Dés qu’on prend un peu de recul on a le vertige de voir tant de partis devenir finalement des partis de l’arc institutionnel bourgeois.
Des origines du radicalisme, puis de la social-démocratie, puis des partis communistes, puis des verts , etc, tous ces mouvements se sont coulés dans les édifices institutionnels au point d’avoir leurs stratégies d’origine renversées : la stratégie réformiste gouverne les politiques menées.
La trajectoire récente la plus tendue est celle des verts, en Allemagne et en France, partis pourtant de puissants contre-poids démocratiques internes et d’une mystique autogestionnaire, qui sont maintenant des partis de l’arc institutionnel bourgeois au point de ne plus se rendre compte de la gravité d’un vote de soutien à l’OTAN et à l’indéfectible amitié avec le capitalisme américain .
Cette histoire (l’absorption des partis populaires par les édifices institutionnels) est donc massive et profonde.
La poussée de l’intégration institutionnelle produisit également souvent des mixtes avec la poussée de nomenclaturistes dans les partis et forces en question, c’est à dire de la cristallisation de couches sociales aux interets spécifiques liés d’une part à une domination hiérarchique sur la classe populaire et d’autre part d’interets matériels communs structurés avec une idéologie commune fondée sur un rôle de couche intermédiaire entre les deux grandes classes et viscéralement attachée à la paix entre les classes (la négo).
Le réformisme nomenclaturisé à une peur panique de ce qui rompt le deal entre les classes dont il est le gardien. Quand la classe bourgeoise qui le choye brutalise la classe populaire le réformisme nomenclaturisé tourne en rond et est désemparé et inutile.
La mystique du grand soir électoral, dans les appareils politiques, a remplacé la mystique du grand soir. Mais elle ne se résume pas à cela, le mal est plus profond. Mais ce grand soir électoral demeure puissant dans l’ensemble de ce mal profond du mouvement de libération de la classe populaire.
Il faut rappeler le coût de cette mystique électorale, sans recadrage avec contre-pouvoir puissant et réel, en dehors des jeux nomenclaturistes bourgeois, il peut être également humainement effroyable.
La guerre de 14 fut également, par certains aspects, objet de ces naufrages politiques de forces de transformation du monde.
Nous ne comptons plus les guerres coloniales et impérialistes menées par des partis de gauche, en coalition ou pas.
Et ces questions ne viennent pas tant d’une "méchante âme" des partis et dirigeants de gauche (même si des coups de pieds au cul...), mais de leur intégration dans les institutions des appareils d’état et leur transformation en honnêtes dirigeants servant le capitalisme et sa domination.
Ou autrement, venus changer le monde ce sont les postes qui les ont changé et reformatés. Mais ce déplacement c’est effectué par une palette de chemins tournant tous autour d’une nomenclaturisation et d’une caporalisation des masses.
La dernière grande réaction (grande du point de vue international et des forces politiques en mouvement) pour essayer de contrebalancer cette digestion des forces populaires inaptes à démocratiser radicalement les dispositifs divers institutionnels des états, fut la création de l’internationale communiste.
Cette réaction vint d’une révolution et surtout d’une terrible boucherie à laquelle participèrent tous les grands partis de gauche de l’époque . C’est à dire que les partisans de la transition pacifique et réformiste (opposés à la mystique sanglante des révolutionnaires) en même temps qu’ils caporalisaient le mouvement social-démocrate participèrent dans un élan touchant au plus formidable massacre international de l’histoire (à cette époque).
Ce cadre de critique, relations avec les institutions, analyse des institutions et leurs mécanismes de digestion des corps étrangers à la bourgeoisie, nomenclaturisation de dirigeants, relation hierarchique avec les masses, nous permettent de regarder nos dernières poulardes de la décennie en matière de réformisme.
Le réformisme et sa variante électoraliste actuelle, celle exprimée par le parti de gauche, développe de façon logique son orientation qui a des traits tout à fait ressemblants au parti communiste même si les trajectoires des deux forces n’ont pas même profondeur historique.
Le Parti de gauche, comme le PCF (sa direction tout au moins), développent des stratégies communes tendues vers la conquête de places institutionnelles et logiquement accompagnent le mouvement social sans souhaiter que celui-ci prenne une dimension qui, de fait, le place en candidat au pouvoir politique.
Cet éclairage nous l’avons eu à l’époque de création du front de gauche avec la participation de cette alliance aux tentatives dures d’éviter une expression du potentiel de colère accumulé déjà.
Ainsi, à cette époque, ce front de gauche tout frais, n’eut de cesse de brailler contre la grève générale et de dire que le débouché d’une immense colère était d’élire des députés au parlement européen.
Leurs efforts touchants (je parle là des appareils, la réalité des militants est plus contrastée) rejoignirent finalement les efforts de dispersion des directions syndicales de l’époque dans lesquelles, sur le fond, de mêmes logiques travaillaient les rendant inaptes à la résistance à une bourgeoisie déchainée et ayant changé de braquet.
Récemment rebelote, au moment où la bataille a atteint un paroxysme, que beaucoup constataient que pour gagner il fallait passer à une étape supérieure de la bataille sociale, nos bons amis ayant par ailleurs leurs militants souvent dans la bataille en cours, sont revenus sur la scène pour barrer politiquement les chances de gagner, en braillant à nouveau contre la grève générale et en poussant une pétition pour un référendum sur les retraites, deux contre-feux marquant finalement une vieille histoire de la relation aux mouvements de masse.
La critique de la stratégie du front de gauche là dessus est aisée. Qu’elle se déploie au travers de l’histoire comme au concret, ça ne marche jamais.
Pour autant, cette critique ne se conçoit que si une stratégie de changement révolutionnaire existe, et pas seulement articulée autour d’un grand soir.
Ou, autrement dit, la seule critique même argumentée, couplée à une logique de lutte ne traitant pas d’une stratégie alternative liée à des formes d’organisation de masse susceptibles d’être à hauteur du défi et pouvant être candidates au pouvoir, fait apparaitre des partis et mouvements révolutionnaires comme de simples "messieurs +" de la gauche.
Alors, on peut faire le front intelligent, l’air de nous avons une stratégie, ça n’empêche, les recrutements se font sur ces ambiguïtés et rassemblent de plus en plus de militants qui à un moment passeront du radicalisme à une version plus molle de la gauche (style PC ou PdG).
Développer une stratégie de conquête du pouvoir par la classe populaire (et non de conquête par le parti) nécessite bien plus que du radicalisme de lutte .
C’est devenu une question indispensable actuellement
Et ça ne se fera pas sans un coup de pied dans les assemblages politiques existants pour recomposer politiquement au travers d’une stratégie lisible et compréhensible.
L’absence de stratégie des révolutionnaires, le flou pour rassembler plus large, rassemble moins , crée de la confusion et au total affaiblit politiquement le camp révolutionnaire.
Il ne peut y avoir de programme politique commun entre révolutionnaires organisés et réformistes organisés, et ça ne veut pas dire qu’il n’y a jamais de batailles communes.
Les cadres communs de bataille se situent ailleurs que sur le terrain de l’enkystage institutionnel .
Il est plus qu’urgent de définir une stratégie à cette fin, qui permette de se diriger vers des organisations de masse du mouvement social, unitaires et démocratiques , ayant potentiel d’être ces cadres qui favorisent les évolutions politiques dans les dynamiques des batailles sans les caporalisations et fragmentations (10 syndicats...) qui permettent au réformisme organisé de déplacer le curseur vers l’impasse institutionnelle.
La critique de l’impasse institutionnelle ne peut se faire sans l’expression d’une stratégie lisible alternative qui ne soit pas qu’abstraite.
Au moment où les résistances sociales à la bourgeoisie en Europe viennent de franchir un cran en Europe cette année, avec des batailles de plus en plus massives et sévères, l’alternative démocratique révolutionnaire est indispensable, une stratégie concrète qui permette en même temps de résister et de prendre la contre-offensive est indispensable.
Ce redéploiement des forces révolutionnaires ne peut essayer de feindre que le champ de manœuvre est celui qui réunit les révolutionnaires et des forces de gauche rances, vieillies avant même la bataille comme le parti de gauche et sans grande influence sur le mouvement social.
Ca ne signifie pas qu’il n’y ait pas de discussions à avoir avec le parti de gauche ou le PCF (s’adresser d’abord à leurs militants serait déjà mieux, car ils sont l’enjeu, leurs "chefs" ne sont pas fiables), mais qu’on en exagère d’une façon énorme l’importance.
L’essentiel est ailleurs et de ce point de vue, malgré une situation de l’affrontement entre les classes qui s’accélère , je suis désolé de dire que le NPA n’a pas progressé politiquement , tout en ayant même régressé sur certains points, tandis que ses militants dans le cours du mouvement social ont eu tendance à progresser politiquement.
Il y a actuellement un moment particulier lié à l’échec provisoire du mouvement social qui implique un reflux des forces et un peu de désespérance dans un univers de haine de classe renforcée.
Ces moments de ressac du mouvement social sont importants pour préparer les nouveaux assauts de notre classe quand un parti, un mouvement , est en état de marche autour d’une stratégie.
C’est là qu’une stratégie lisible et compréhensible,sa définition, est importante, car elle permet alors d’aider réellement une classe à progresser en conscience et en organisation.
Se tourner, au nom du ressac, à nouveau vers des forces peu puissantes (PC et PdG) dirigées par des gens qui spontanément aux moments clés du mouvement de masse se mettent en travers , ne parait pas fructueux.
Beaucoup parlent toujours du limousin, où une alliance électorale particulière avait permis un arc de forces PD-PdG et NPA avec un succès particulier en termes d’élus.
Cela a -t-il servi spécifiquement localement à renforcer le mouvement social dans la bataille que nous venons de vivre ? Probablement un petit peu, mais de façon très peu audible et visible.
Cette région a t-elle accouchée d’un mouvement plus massif qu’ailleurs ? mieux organisé ? plus démocratique ?
Retour à une stratégie qui ne soit pas qu’une belle voiture qu’on ne sort que les jours de fête, une chanson de fin de meeting.
Il existe en France, de la place pour un parti révolutionnaire de masse utile à la classe populaire (pas pour la caporaliser).
C’est possible depuis l’effondrement du PCF et la sortie du PS du "mouvement ouvrier", car ces deux phénomènes se sont faits avec le maintien d’un potentiel important de radicalité dans la classe populaire.
Mais si par certains aspects il peut y avoir des flous politiques, ça ne peut se faire sans stratégie claire et lisible qui mette au centre une classe et la construction des organisations de masse de celle-ci comme postulantes à se dresser comme pouvoir concurrent de la bourgeoisie.
Un parti de type nouveau peu être utile à cela , à condition d’être au travail réellement en traitant de la centralité du prolétariat moderne.
Le courant dont est issu en partie le NPA a mené des batailles politiques minoritaires face à de puissantes organisations politiques réformistes de la classe populaire pendant des dizaines d’années, au point d’en attraper certains défauts trop saillants : fléchissement sur la question institutionnelle, fléchissement vis à vis de petits partis réformistes qu’on remet en selle par l’importance qu’on leur donne (on les regarde avec les lunettes du passé), stratégies de contournement de l’implantation dans la classe populaire (alors qu’existe toujours de grands boulevards menant au cœur maintenant sans que le passage se soit refermé).
La construction d’un parti révolutionnaire en France demeure toujours une donnée lourde et vitale pour le mouvement social.
4. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 11 décembre 2010, 16:18, par richard PALAO
LA REVOLUTION NE SE FERA PAS PAR LES URNES , peut-être, encore qu il a fallu que CHAVEZ ET MORALES remportent les élections pour commencer à mettre en place des mesures révolutionnaires ( nationalisation , autogestion, réforme des retraites etc) alors qu en FRANCE le programme du CNR n a été que partiellement mis en application parce qu une majorité de droite à siégée à l assemblée jusqu en 1981 , idem pour les conquêtes de mai 68 ET pour les quelques avancées sociales du gouvernement JOSPIN , les 35 h et le fond de réserve des retraites , remis en cause ou dilapidé par les gouvernements de droite qui remportent les élections et utilisent les élections pour mettre en place la révolution capitaliste qui écrase tout et qui pour certains est en train d écrire la fin de l histoire .
s il existait une recette pour faire la révolution dans une économie mondialisée cela se saurait , opposer les luttes et les élections ne me parait pas pertinent ,il me semble plus juste de dire qu il faut préparer une victoire électorale de la vraie gauche par des luttes multiformes à partir des revendications de la base et avec des formes d action décidées par cette base , établir un programme de réforme s attaquant radicalement au capitalisme avec cette base et exiger des partis de la gauche anticapitaliste qu ils l appliquent s ils sont élus , car je pense que si LA REVOLUTION NE SE FERA PAS PAR LES URNES , IL EST ILLUSOIRE DE DIRE QU ELLE PEUT SE FAIRE SANS LES URNES .
Il s agit ni de sacraliser les élections ni de les minimiser , j attends de ceux qui pensent que l on peut faire la révolution sans les urnes ( je respecte leur point de vue et suis prêt à changer d avis s ils arrivent à ma convaincre ) me décrivent un peu plus précisemment le processus qu’ ils envisagent car à ce jour je reste sur ma faim , tant leur démonstration reste flou et relève plutôt de l incantation .
1. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 12 décembre 2010, 02:09, par luis
Très simple : comme en 36, en 45 ou en 68, il faut s’imposer par la force.
Comme au Vénézuéla, en Bolivie, en Equateur, la mobilitation et grève générale,
armée quand nécessaire, ont mis par terre les tentatives de coup d’Etat.
Sans ces mobilisations, des milliers de militants seraient ce jour torturés devant leurs enfants. Comme au Chili, pauvre Chili du grand mais réveur Allende, désarmé par la "révolution par les urnes".
Alors oui, on peut profiter d’une élection pour contrer la propagande bourgeoise,
y compris sur les institutions, vendue depuis l’UMP jusqu’au PC.
On peut aussi se compter. Constater que le nombre ne sert à rien sans la force.
Dernière démo en France : 2005.
Ailleurs dans le monde, je peux en citer tous les mois.
Pourtant, les politiciens professionnels continuent à vendre leur drogue réformiste,
celle qui les conduit aux fastes, ors et prébendes de la république.
Pour faire céder la bourgeoisie, prendre conscience de notre force, juqu’à s’en débarasser,
la seule réponse, c’est frapper ensemble, par tous les moyens que la situation exige :
grèves, bloquages, tout ce qui affaiblit, puis paralyse l’Etat.
Dans la crise en cours, nos réformistes cachent les enjeux derrière l’alternance de 2012.
Ils tirent dans le dos du peuple, comme ils l’ont fait avec le référendum,
pour arrêter la grève générale.
2. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 12 décembre 2010, 12:41, par CDL
Nous voulons une gauche offensive en capacité de changer les choses.
Cela suppose pour beaucoup de monde le refus d’une gauche de droite qui s’agenouille devant les marchés et le refus d’une extrême-gauche qui campe en dehors du pouvoir d’ Etat.
Qui entend cela ?
3. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 12 décembre 2010, 14:23, par Roberto Ferrario
heeee Christian tu a fume de la "bonne" ? En dehors du pouvoir d’ Etat ????
Tu nous chant quoi la ? Toi que tu te parle de plein de chose a propos de ATTAC et la tu nous fait une éloge totale "du pouvoir d’ Etat" ???
De quel "pouvoir" tu parle ? Toi le "révolutionnaire" d’ATTAC... du "pouvoir d’État bourgeoise ???
E bien on comprend mieux la politique de ATTAC maintenait...
4. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 12 décembre 2010, 15:06, par LL
Excuse moi, mais ça signifie quoi en français correct "être en capacité" ?
Moi je connais "être capable", "vouloir", "pouvoir", mais "être en capacité " pour moi ça signifie être en première année de capacité à la fac (quand tu n’as peu ton bachot, tu commences par faire deux ans de capacité...)...
C’est un détail certes, mais si vous voulez vraiment changer le monde, commencez par changer votre façon de le dire, vous aurez une chance de changer votre façon de le voir et peut être une chance de le changer tout court.
Tant que vous vous en tenez à la récitation convenue des gimmicks de la novlangue de goooooooche, vous n’êtes pas crédibles.
LL
5. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 12 décembre 2010, 16:21, par Copas
T’as raison Roberto, il y a des fois des cris du coeur spontanés de gars qui ont l’arsenal politique pour qu’on comprenne de quoi on parle.
la phrase est éloquente :
On parle là bien du pouvoir d’état.
A ma connaissance, en dehors des anars, personne ne nie qu’existe et existera des formes de pouvoir d’état dans lesquels il y a plus ou moins de choses à faire bénéfiques au pouvoir des travailleurs et à résoudre une multiplicités de problèmes.
Il faut donc serrer le reproche et comprendre ce qu’il vise.
On a compris le reproche fait à la gauche de droite (la gauche bourgeoise autrement dit), mais pas bien celui fait à "l’extreme gauche".
D’autant plus que les mécanismes qui font que la gauche de droite est devenue de droite ne sont pas explorés.
Et c’est là que le bas blesse.
Sans la compréhension de la nature de classe du pouvoir d’état tel qu’il est (on ne parle pas d’une abstraction) on ne comprend pas comment des partis de gauche deviennent de droite, ou, autrement dit, comment le pouvoir d’état (tel qu’il est et non une construction théorique) transforme ceux qui y participent.
Ca vient d’un type d’organisation construit autour des besoins de la bourgeoisie pour être un exécutif de la bourgeoisie.
Sans comprehension de ce qu’est ce pouvoir, sa structure, ses limites, les interventions en son sein sont impossibles et transforment ceux venus le transformer.
Du moins c’est l’histoire des gauches sous le capitalisme, comme d’ailleurs l’histoire des mouvements révolutionnaires qui ont appliqués les méthodes de commandement du capitalisme sur le peuple .
De ce point de vue, entre les dérives nomenclaturistes qui expliquent leur retour au capitalisme et leur transformation en bourgeoisie et les gouvernements de gauche tels qu’ils sont et furent (derniers avatars les gouvernements Zapatero et PASOK), il y a un continuum commun, une même relation à la classe populaire (un dictature sur la classe populaire) ;
Amender et comprendre les raisons de cela ne part pas du tout ou rien mais comprendre que pour diner à la table du pouvoir d’état tel qu’il est , il faut certes une longue cuiller, mais également un puissant protecteur avec ses organisations extérieures non dépendantes de ce pouvoir qui surveille les ébats avec un gros gourdin.
afin qu’on ne puisse dire :
6. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 12 décembre 2010, 16:37, par Copas
la réponse floutée était contre-feu à cela de Luis :
C’est beaucoup plus clair ainsi.
Et c’est à cela que l’ami "en capacité de " répond (sans argumentation de ce qui est possible ou pas , et à quelles conditions, dans les institutions telles qu’elles sont). Les catastrophes arrivent souvent quand on nie l’aimantation, la structure, les méthodes, la nature capitaliste d’un pouvoir d’état tel qu’il est.
Le mouvement social a une chair indéniable, il s’agit de l’écarter et de cogner sur les orientations qui pourraient lui donner un rôle politique central, afin de sauver l’état...tel qu’il est.
C’est d’ailleurs le complément habituel de la politique réformiste habituelle (il y a des réformismes qui ne sont pas forcement électoralistes) : le crédo d’une politique dans le pouvoir d’état se complète de coups de bâton contre le pouvoir populaire.
Est-ce que c’est ce qui sous-tends le raisonnement de notre ami ? On peut le penser quand on voit à quoi il répond.
5. Le Parti de Gauche - "La réactualisation de l’illusion réformiste"., 13 décembre 2010, 14:56, par richard PALAO
certains continuent de s accrocher à l’idée de pouvoir , en plus des luttes classiques , utiliser la lutte armée pour faire la révolution ; ce mythe est encore tenace alors qu au cours des 50 dernières années toutes les tentatives de prendre le pouvoir par les armes ont échoué ( je ne parle pas des guerres de libération comme l ALGERIE OU LE VIET NAM) Pour ma part je crois que la révolution , dans ce monde ou l économie est mondialisée se fera par le contrôle des travailleurs sur les circuits de distribution, les moyens de production, les banques et par la construction de réseaux alternatifs etc ...on a vu pendant la réforme des retraites combien il était difficile d ’organiser la solidarité avec les travailleurs qui occupaient les raffineries , on est donc très loin de la possibilié d ’organiser une lutte armée ( d aiileurs avec des armes trouvées ou ?)
Comme il faut bien se servir des expériences du passé pour éclairer l’avenir , je me souviens que de jeunes gauchistes hurlaient : " VIVE LE PEEUUPLE EN AAAARMES !!!" lors des manifs qui ont suivi le putch militaire de PINOCHET contre le gouvernement ALLENDE . Ces jeunes gens pensaient sincèrement qu’en distribuant des fusils aux travailleurs , ALLENDE , aurait pu empêcher ce coup d’état .
J’en profite pour dire que ceux qui prétendent qu’ ALLENDE a désarmé les travailleurs les travailleurs émettent un contre-vérité , car pour le DESARMER encore aurait’il fallu que ce peuple ait détenu des armes ...
Ceux qui avancent de telles hypothèses n’ont pas bien mesuré le rapport de force qui existait à cette époque : les USA n’ ont jamais admis la victoire de L UNITE POPULAIRE ET ONT TOUT DE SUITE DECIDES DE L ECRASER PAR TOUS LES MOYENS , de plus ils ont choisi le CHILI pour en faire le laboratoire de la politique ultra-libérale prèconisée par FREEDMAN et ses chicagos boys , politiques qu ils entendaient mettre en place dans tous les pays en voie de développement puis de la mondialiser . L enjeu dépassait donc largement les frontières du CHILI , ce qui explique les moyens considérables mis en oeuvre pour assurer le succès du putch : des centaines de conseillers militaires et économiques envoyés sur place avant et après le coup d état , des millions de dollars débloqués , la mobilisation de la CIA ...( lire LA STRATEGIE DU CHOC de NAOMI KLEIN )
Distribuer des armes aux travailleurs n’aurait fait que retarder de quelques jours la victoire des putchistes mais aurait entrainé un bain de sang encore plus important et une répression encore plus féroce .
Le gouvernement ALLENDE a certes commis des erreurs politiques notamment en mettant en place trop tardivement des réformes structurelles donnant davantage de pouvoir aux travailleurs et en accordant une trop grande confiance à la loyauté d une armée qui c est exact ne s était jamais rebellée jusqu à cette époque contrairement aux autres armées en AMSUD .Mais on ne peut pas lui reprocher d’avoir permis l écrasement de sa révolution par les forces brutales et conjuguées de l’ armée chilienne et des USA .
J’ ai souvent discuté de la possibilité de mener la lutte armée contre PINOCHET avec mes amis chiliens réfugiés dans le loiret ( je parle couramment l’espagnol) en particulier avec les trois que j ai hébergé quelque temps chez-moi ( deux militants du MIR et un du PCC) : leur réponse c’était souvent un sourire étonné qui me renvoyait mes illusions en pleine figure mais qui gentiment voulait me dire : ne parle pas de ce que tu n’ as pas vécu et ne peut donc pas comprendre , puis ils m expliquaient que seuls une poignée de militants étaient près à se battre jusqu au bout y compris les armes à la main mais que la très grande majorité du peuple étaient appeurée , désorientée et sous l état de choc qu j évoque plus haut et donc dans l incapacité de résister .
A chaque fois que quelques uns sur BC évoquent la possibilité de prendre lesARMES , je pense à ces camarades chiliens et je me demande si ces théoriciens de la révolution savent de quoi ils parlent et s’ils ont bien mesurer les forces que le capitalisme est prêt à mettre en face de nous pour préserver sa domination .