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Le beaujolais nouveau est arrivé !

Publie le jeudi 20 novembre 2008 par Open-Publishing
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de Michel MENGNEAU

Pour donner un peu de baume au cœur à tous ceux qui souffrent, pour dérider les obsédé du CAC40, surtout pour rompre la morosité ambiante, offrons nous un petit temps de poésie sans prétention.

A condition de ne pas en abuser, l’arrivée du beaujolais nouveau est une tradition française somme toute assez sympathique. Souvent cela donne l’occasion de petites fêtes entre copines et copains où chacun y va de son appréciation sur le goût et la qualité du cru et de l’année. Fleurisse alors des comparaisons florales, fruitières, etc., donnant un peu de charme allant même parfois vers une note poétique.

Puisque la poésie est l’un des plaisirs de la vie, en fêtant l’avènement du beaujolais pourquoi ne pas remettre aussi au goût du jour quelques poèmes oubliés.

D’autant qu’en plongeant au début du XIVéme siècle avec cet auteur oublié, on fait on fait par la même occasion la découverte des racines d’un nom commun.

On ne sait pas très exactement quand naquit Olivier Basselin, peut-être 1350, on sait simplement qu’il quitta ce bas monde en 1418, le cœur heureux et le nez rouge.
C’est donc par les vers de ce poète, plutôt chansonnier d’ailleurs, que soi-disant nous vient le mot : Vaudeville.

Ce rimailleur de talent avait pour habitude de donner le nom de Vau aux petits poèmes qu’il composait. Comme il habitait Vire l’on vit ces poésies légères devenir des Vau-de Vire, et l’on suppose que cela devint « Vaudeville » par extension.

Voici donc un petit Vau qui sonne bien pour fêter le Beaujolais nouveau.

Ne voyez d’ailleurs dans ce court poème que matière d’amusement et de dérision. Que personne n’y voit donc une quelconque ode à la « pôchetronnerie », mais plutôt un clin d’œil au rouge-nez de Coluche !

« Vau-de-Vire à mon nez »
 
Beau nez, dont les rubis ont couté maintes pipes,
De vin blanc et de clairet
Et duquel la couleur richement participe
Du rouge et du violet.
Gros nez, qui te regarde à travers un grand verre
Te juge encore plus beau :
Tu ne ressemble point au nez de quelque hère
Qui ne boit que de l’eau
Un coq d’Inde sa gorge à toi semblable porte,
Combien de riche gens
N’ont pas si riche nez ! Pour te peindre en la sorte,
Il faut beaucoup de temps.
Dont on t’a peint ainsi plus rouge qu’une guisne,
En buvant du meilleur.
On dit qu’il nuit au yeux ! mais seront-ils les maitres ?
Le vin est guérison
De mes maux : j’aime mieux perdre les deux fenestres
Que perdre la maison.

Je le répète il est nullement dans mon intention de faire l’apologie de l’alcoolisme, au contraire.

Si le vin peut être un plaisir à la limite roboratif, sa consommation doit alors rester un moment privilégié où l’abus est à bannir, évitant ainsi une accoutumance qui est néfaste pour l’individu lui-même et malheureusement trop souvent pour son entourage aussi. Je m’adresse ici particulièrement au jeune qui confonde parfois plaisir et défonce !

La fièvre du samedi soir n’est pas de la poésie, donc gardons ce Vau pour la bonne bouche et mettons les abus au fond d’un tiroir à l’abri des tentations.

Mais que tout cela n’empêche quiconque de goûter le Beaujolais !

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