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Le conflit se durcit en Guadeloupe

Publie le mardi 17 février 2009 par Open-Publishing
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Le conflit se durcit en Guadeloupe
AP via libre belgique

Mis en ligne le 16/02/2009

Le mouvement s’est aussi poursuivi en Martinique, qui en est à son douzième jour de grève générale. Environ 3.000 manifestants ont défilé lundi matin dans les rues de Fort-de-France, alors que les négociations devaient reprendre en préfecture entre les syndicats du « collectif du 5-Février » et les représentants de la grande distribution.
Nicolas Sarkozy a décidé lundi d’intervenir directement sur la situation en Guadeloupe, où les forces de l’ordre ont procédé pour la première fois en un mois de conflit à plusieurs dizaines d’interpellations pour lever un barrage routier, suscitant la colère sur l’île antillaise. Le président de la République, qui s’était jusque-là tenu en retrait sur le dossier, a fait savoir par un communiqué qu’il recevrait jeudi les présidents des collectivités locales et les parlementaires des départements d’outre-mer pour « faire un point sur la situation de ces territoires dans le contexte de la crise économique ».

Cette annonce intervient quelques heures après une intervention des forces de l’ordre de Guadeloupe en huit endroits pour lever des barrages routiers tenus par plusieurs centaines de personnes au total, selon le préfet Nicolas Desforges.

Sur l’un d’eux, au Gosier, des manifestants étaient cagoulés et des jets de pierre ont visé les gendarmes, qui ont procédé à une cinquantaine d’interpellations. Selon lui, douze personnes ont été placées en garde à vue, les autres étant relâchées après un contrôle d’identité. « C’est la première fois qu’on a ce contact un peu rugueux », a observé le préfet, interrogé par téléphone. « L’Etat français, dès qu’il n’a pas de réponse, c’est la répression », a accusé de son côté Elie Domota, le leader du collectif Liyannaj kont pwofitasyon (LKP, Ensemble contre l’exploitation).

Il a lui fait état de « plus de 80 arrestations » et affirmé que certains manifestants ont reçu des coups. Selon la préfecture, seul le syndicaliste Alex Lollia s’est plaint de douleurs. Conduit à l’hôpital pour un examen, il en est dans un premier temps ressorti, mais a été admis à nouveau quelques heures plus tard à la demande de son cardiologue.

Depuis la métropole, François Fillon a justifié cette intervention en expliquant qu’on « ne doit pas faire de barrage sur les routes, on ne doit pas bloquer les stations-service ». « Ca ne fait pas partie des moyens légaux d’expression », a sermonné le Premier ministre, promettant que l’Etat continuerait à assurer la « liberté de circulation » sur l’île.

L’accrochage intervient après plusieurs mises en garde de part et d’autre, sur fond de blocage des négociations sur le plan social. « Nous ferons respecter l’Etat de droit si besoin est. Avec fermeté mais sans brutalité », prévenait ainsi le ministre de l’Outre-mer Yves Jégo. Jeudi dernier, Elie Domota avait averti que « si quelqu’un blesse un membre du LKP ou un manifestant guadeloupéen, il y aura des morts ».

Le président socialiste du conseil régional Victorin Lurel a appelé lundi la population au calme et à demandé à l’Etat d’éviter « une attitude de répression ». « La matraque ne remplacera jamais la table des négociations », plaide-t-il dans un communiqué, jugeant que « la mobilisation pour obtenir la satisfaction des légitimes revendications peut se poursuivre sans en arriver à des violences dont la Guadeloupe toute entière souffrirait ».

Dans le même mouvement, il continue de dénoncer « le reniement du gouvernement », qu’il invite à « répondre dans les plus brefs délais » aux attentes des manifestants. Ceux-ci demandent une hausse des plus bas salaires, que le gouvernement se refuse à financer après avoir laissé entendre qu’il consentirait des exonérations de cotisations sociales.

Le gouvernement renvoie désormais la balle dans le camp du patronat, mais le président du Medef de Guadeloupe Willy Angèle demande « qu’on arrête de se défausser sur nous ». Il a affirmé à l’Associated Press que les entreprises « sont allées au maximum de ce que peut supporter notre économie ». Le conflit a déjà coûté quelque 800 emplois sur l’île et 8.000 à 12.000 pourraient disparaître au total, calcule-t-il.

Le Nouveau parti anticapitaliste, qui avait appelé à prendre exemple sur le mouvement de grève générale déclenché le 20 janvier, a condamné « énergiquement l’escalade de la violence ». La CGT et la FSU ont elles aussi dénoncé la « répression ». A Paris, une manifestation de soutien était organisée en fin d’après-midi.

Le mouvement s’est aussi poursuivi en Martinique, qui en est à son douzième jour de grève générale. Environ 3.000 manifestants ont défilé lundi matin dans les rues de Fort-de-France, alors que les négociations devaient reprendre en préfecture entre les syndicats du « collectif du 5-Février » et les représentants de la grande distribution

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