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Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche"
Publie le samedi 17 février 2007 par Open-Publishing16 commentaires
Le promoteur des "Nouveaux philosophes" revient sur le cas Glucksmann, défend Ségolène Royal malgré tout et refuse de diaboliser Nicolas Sarkozy
de Claude Askolovitch
Le Nouvel Observateur. - Vous êtes toujours de gauche ?
Bernard-Henri Lévy.- Oui, naturellement. La gauche est mon univers fondateur. Mon père a été jeune communiste. Il s’est engagé pour l’Espagne républicaine. On ne renie pas si facilement des choses comme cela. Alors, bien sûr, je dialogue avec la gauche. J’ai passé ma vie à batailler pour une gauche libérale, antitotalitaire. Mais bon, on ne se dispute vraiment qu’avec les siens. Mon rapport avec la gauche, c’est trente ans de guerres continuelles doublées d’une fidélité inentamable.
N. O. - Des guerres ?
B.-H. Lévy. - Oui, bien sûr. Contre la gauche antilibérale, qui sacrifie la liberté à l’égalité. Contre la gauche qui, dans les années 1970, tenait les dissidents pour des complices de la réaction et expliquait que les chars de Brejnev venaient sauver les Afghans du Moyen Age. Contre cette gauche qui, aujourd’hui, voit Israël comme un cancer et les Etats-Unis comme la maison du diable. Contre cette gauche qui accueille Tariq Ramadan et courtise les islamistes. Contre la gauche nationaliste et anti-européenne. Contre ces maurrassiens déguisés en hommes de gauche tel Chevènement, que je dénonçais déjà en 1981 dans « le Matin de Paris » et que je retrouve, hélas ! près de Ségolène Royal fustigeant le « capitalisme mondialisé » qu’incarnerait Sarkozy...
N. O. - Vous comprenez le sarkozysme d’André Glucksmann ?
B.-H. Lévy. - André Glucksmann est un ami. Et nous avons partagé trop de combats pour que je puisse traiter son acte avec désinvolture. Mais, non, je ne le comprends pas bien. Sarko n’est ni un salaud ni un facho - ça, c’est ce que dit la gauche quand elle n’a rien à dire. Mais, pour moi, l’engagement des intellectuels dans une campagne électorale suppose trois principes. Primo, on n’est pas des suiveurs, des godillots - on laisse ça à Doc Gynéco. Secundo, on s’engage par défaut, faute de mieux, et avec méfiance : je n’imagine pas Sartre sacrant un candidat avec la ferveur de ceux qui aujourd’hui rejoignent Sarkozy. Et puis il y a le timing : les intellectuels sont des flibustiers, des braqueurs, des gens qui posent des conditions, qui exercent une pression maximale et qui doivent se prononcer le plus tard possible, après avoir obtenu le maximum de butin : des gestes forts et des engagements sur l’essentiel. Nicolas Hulot a très bien compris ce principe.
N. O. - Que demandez-vous aux candidats ?
B.-H. Lévy . - Par exemple de remettre la France au coeur de l’Europe. Et des engagements forts sur la laïcité. L’assurance d’une fermeté absolue envers l’islamisme radical et l’Iran.
N. O. - C’est un programme « néoconservateur » à la française ?
B.-H. Lévy. - C’est un programme de gauche minimum. Sauf si l’on trouve « progressiste » la complaisance envers l’islamisme, ou prometteuse l’alliance entre Chávez et Ahmadinejad...
N. O. - Glucksmann peut-il avoir raison de parier sur une droite moderne et atlantiste ?
B.-H. Lévy. - Le Sarkozy ministre de l’Intérieur qui a notabilisé l’UOIF n’était pas d’une laïcité irréprochable... Et d’une manière générale je crois qu’un héritier de Blum comprendra mieux l’absolue priorité des droits de l’homme qu’un disciple d’Adam Smith, pour qui la loi du commerce prime sur la politique et sur la défense des persécutés. Je reconnais à Nicolas Sarkozy ses propos forts sur le Darfour ou la Tchétchénie. Mais Royal à Villepinte n’a pas été en reste. Et quand elle a évoqué l’assassinat, à Moscou, d’Anna Politkovskaïa, c’était un vrai moment d’émotion. Et puis, comment dire, j’ai de la mémoire. Au moment de la Bosnie, j’avais deux adversaires : Mitterrand, sans doute, mais plus encore Balladur et Juppé.
N. O. - Y a-t-il une continuité entre la naissance des nouveaux philosophes, leur critique du communisme, et le virage à droite d’un Glucksmann ?
B.-H. Lévy. - Attendez ! Pour moi, la vraie gauche, c’est aussi le combat contre le communisme. C’est d’abord l’antitotalitarisme. Et « le Nouvel Observateur » a été à nos côtés dans ce combat. Alors, après, il y a les trajectoires, les inquiétudes individuelles... Un exemple : les banlieues incendiées de novembre 2005. J’ai des amis qui n’ont voulu y voir qu’un soulèvement de barbares sous-tendu par l’islamisme. Je ne les ai pas suivis. Oui, il y avait de la violence dans ces émeutes. Oui, il y avait de la barbarie. Mais pas tellement plus - et même finalement beaucoup moins ! - que dans d’autres mouvements insurrectionnels type Commune de Paris, où, je vous le rappelle, on a quand même incendié non pas la bagnole du voisin ou la maternelle du coin, mais la bibliothèque des Tuileries et ses 250 000 ouvrages ! Les mouvements sociaux ne prennent pas leurs ordres à la Fondation Saint-Simon. Ils n’en portent pas moins un vrai message.
N. O. - On vous a reproché votre silence social. Votre existence d’aristocrate des idées, insensible à la misère du monde.
B.-H. Lévy. - Qui m’a reproché cela ? Les amis de M. Bourdieu et du « Monde diplomatique » ? Alain Badiou ? Je ne les ai pas entendus, eux, quand on massacrait les Bosniaques, ou les Tchétchènes, ou les femmes algériennes, ou les Irakiens anti-Saddam. Comme si la misère du monde, hors des frontières de la France ou hors des cadres rassurants de l’antiaméricanisme, ne les concernait plus...
N. O. - Vous allez accompagner Ségolène Royal ?
B.-H. Lévy. - Je vous le répète : un intellectuel est là pour interpeller, pas pour accompagner. Mais j’ai rencontré Ségolène Royal. Longuement. Les médias, après l’avoir idolâtrée, sont devenus très injustes à son endroit, et parfois même insultants. Cette phrase sur la justice chinoise, par exemple, tirée de son contexte, alors qu’elle s’est démenée pour mettre en avant la question des dissidents. Elle vaut mieux que sa caricature. Même si, naturellement, je reste circonspect, perplexe, face à son discours.
N. O. - Pourquoi perplexe ?
B.-H. Lévy. - Parce qu’il y a deux Ségolène. Prenez cette question des droits de l’homme justement. Ce qui m’a frappé, quand je l’ai vue, c’est son obstination à parler des « droits humains » pour ne pas dire « droits de l’homme »... Or ce n’est pas une simple question de vocabulaire. Les droits de l’homme, c’est l’étendard de la gauche antitotalitaire. C’est notre drapeau. Et tout le bla-bla, dans une partie de son entourage, sur ces droits de l’homme qui seraient les droits d’un Occident repu qui chercherait à imposer ses Lumières au reste de la planète, sent son relativisme culturel, son tiers-mondisme rance, son altermondialisme, et au total sa méconnaissance de cette grande avancée que fut, dans l’histoire de la gauche, l’antitotalitarisme. Mais, là aussi, Ségolène Royal s’est démarquée à Villepinte en prononçant des mots forts - à propos de la Russie et de la Chine notamment - sur l’universalité des valeurs démocratiques.
N. O. - On voit plus Ségolène comme une « conservatrice » que comme une gauchiste...
B.-H. Lévy. - On peut être « conservatrice » et « gauchiste » à la fois. L’un des thèmes qui fait le lien, c’est l’opposition entre le « vrai peuple » et les « élites ». Ou la tonalité nauséabonde du texte du député PS Eric Besson qui présente Sarkozy comme un « néoconservateur américain avec un passeport français ». Là encore, Chevènement n’est pas loin. On est au bord de l’« idéologie française », tout près de la matrice où s’enfantent les deux pétainismes, de gauche et de droite... De deux choses l’une : ou bien Ségolène Royal se sert de cette ambiguïté pour ramener l’électorat noniste vers la gauche moderne et vers l’Europe - et alors, bravo ! c’est de bonne guerre, et c’est surtout de la bonne politique ! Ou bien elle est dupe et adopte, au nom du PS, la vision du monde des antilibéraux, et alors elle fera perdre à la gauche l’acquis de trente ans de combat.
N. O. - Comment conjurer ce risque ?
B.-H. Lévy. - Ne rien laisser passer. Et jusqu’au bout, de l’intérieur, harceler cette gauche qui balance entre ses deux identités.
Messages
1. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 17 février 2007, 21:06
VIVE LA PHILOSOPHIE MODERNE !! TZ.
1. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 17 février 2007, 21:26
Oui ,il est encore beaucoup plus démoli que ce que je croyais,quel tissus de contradiction.
2. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 17 février 2007, 21:25
Que dire de ces bofs qui se prennent pour plus que tout en se qualifiant d’intellectuels, eux qui ne sont que de la mousse parisienne. Les médias se servent d’eux, et eux prennent la monaie en retour. ASSEZ de parler de ces gens !
3. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 17 février 2007, 21:50
Bon, je dois dire que j’ai bien peu de respect pour le statut d’intellectuel de BHL et que ses chemises et ses tartes des "gloup gloup entartons les fameux cornichons" m’ont beaucoup amusé... mais je lui sais gré de la préface à "Ma Cavale" de Battisti. C’est le seul acte d’homme de gauche que j’accepte de sa part... et il n’était guère obligé de la rédiger, cette préface ! Derrière le rien de la posture médiatique et le rien de l’apparence, cet acte (la préface),m’a interrogé et m’interroge tioujours sur ce qu’il y a vraiment.
Daniel
1. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 17 février 2007, 23:26
d’abord pour un "intelectuel(??!!..)"parler de communisme en l’assimilant a du totalitarisme je trouve que c’est au minimun une faute.ce monsieur ferait mieux de relire ses classique !d’autre part il est interessant de pleurer les bosniaque mais je lui sugere d’aller vivre au moins un an dans une cite avec le smic ou moins et la on pourras parler d’antiliberalisme et de communisme.decidement je pense que ce monsieur n’a d’intello que son porte feille !
jean-françois,villiers sur orge
4. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 17 février 2007, 23:29
Bravo BHL ! Enfin un intellectuel qui ne se renie pas ( et ne se rallie pas ) . Un reproche toutefois :c’est à juste titre que SR a utilisé l’expression " droits humains " qui est une revendication des féministes depuis 30 ans ! L’expression "droits humains " est d’ailleurs utilisée par les anglais, les espagnols, les italiens ......
1. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 01:56
L’expression "Droit de l’homme et du citoyen" remplacée par "Droit Humain", c’est beaucoup plus que moderniser le langage, c’est remplacer un concept par un autre.
Il n’y a pas de comparaison possible entre la langue anglaise et la langue française à ce propos.
En anglais, Human Right signifie droit de l’homme.
Parce que Right of a man ne signifirait que le droit d’un individu.
L’expression "Droit Humain" subsituée à "Droit de l’homme" permet d’en atténuer la portée universelle.
Bon, et puis dire que la vraie gauche est anti-communiste, c’est de la tarte à la crême moins fraiche que la dernière que BHL s’est prise dans la tronche.
Il évite soigneusement de faire référence au droit humain de ne pas recevoir une bombe propre pro-américaine sur sa maison de terroriste Irakien de 4 ans.
jyd.
2. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 08:51
Je crois jyd que tu t’enflammes sur l’expression droits humain.
Pourquoi ne pourrait-on pas comparer le français et l’anglais, dont beaucoup de constructions proviennent duu français par l’apport des Normand à partir de 1066 et de Guillaume le Conquérant ?????????
Droit de l’homme et du citoyen, ça date de 1789, et c’est donc dans la logique de l’époque. Les femmes ne pouvaient pas voter. Aujourd’hui elles peuvent, mais le droit de disposer de leur corps est sans cesse remis en cause par exemple. Citoyen ? Aujourd’hui, on parle tous les jours de sans-papiers, alors le doir du citoyen je m’en carre, car ce n’est pas un droit universel même sur notre petit territoir national. Et encore moins sur notre territoire du Nord Est Parisien qui connaît une rafle par jour en ce moment.
Réfléchit avant d’écrire.
Effectivement, parler de droits humains, c’est un autre concept, mais sur tous les plans, plus progressistes que les droits de l’homme et du citoyens. Commnt peut-on être moins universaliste qu’en englobant tous les êtres de notre espèce, de la naissance à la mort ! ???
3. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 19:35
"Réfléchit avant d’écrire."
"le droit du citoyen je m’en carre"
C’est justement ces deux affirmations qui constituent ma position.
Avec droit humain, qui ne veut plus rien dire, tu t’en fous de tout.
Avec droit de l’homme (qui n’est pas exclusif de la femme, sauf pour quelques crétins qui ne connaissent pas la forme générique du terme "homme" dans son acceptation asexuée), il s’agit justement d’un texte clair de 1789 qui explicite la différence entre un esclave et un homme libre.
Le terme "Droit humain" est vide de sens.
Je réflechis avant d’écrire.
Le droit des citoyens je m’en carre pas, désolé.
jyd.
5. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 00:03
"Oui, il y avait de la violence dans ces émeutes."
Superbe. Merci Bernard.
Pierre
1. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 01:58
Un seul mot PITOYABLE le BHL.
Vers la fin il dit :
Faudra qu’il m’explique comment en s’alignant sur une politique socialo-libérale, il compte garder les acquis de 30 ans de combat, mon pauvre BHL tu pédale dans la semoule.
Il dit aussi :
Faudra aussi qu’il m’explique le voyage de Sarko a Washington, quand celui-ci a ouvertement critiqué la France et sa politique de non-agréssion de l’Irak, BHL est vraiment aveugle si il ne voie pas les positions atlantistes du petit.
Il faudrai mieux que BHL continue d’écrire des navets et surtout qu’il n’éssaie pas d’expliquer la politique aux autres.
SUPERYETI
6. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 12:17
Ben va falloir crier plus fort alors, Bernard-Henri.....
La Louve Rouge
1. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 13:11
c’est de la pitié qu’il faut éprouver pour ce type.
J’ai jamais compris pourquoi il est pris au sérieux ce bonhomme.
İl se dit de gauche, mieux meme a sa conception de la gauche et extase se dit etre la gauche .C’est tout du self service. Qu’est que ca donne envie d’etre beau beau beauuu ,bon et con a la fois comme le chantait le sacré grand Jacques.
la pitié
2. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 17:24
Je ne crois qu’au bon sens populaire. BHL n’en n’a pas pour la simple raison qu’il protège son fric. Etre pour une gauche libérale, ça porte un nom : la droite.
3. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 18 février 2007, 18:12
C’est vrai on est tous sourds,mais même en criant personne y croit !
Jean Claude des Landes
7. Le cri de BHL : "Oui, je suis de gauche" , 19 février 2007, 22:44
oui il est plus tard que je ne pensais !