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Le festival des Vieilles Charrues ne sera pas perturbé.
Publie le mardi 15 juillet 2003 par Open-PublishingLes responsables des festivals bretons, réunis hier à Carhaix, se serrent les coudes et sont toujours prêts à mobiliser les bénévoles pour assurer le bon déroulement des manifestations, face à d’éventuelles actions des intermittents.
Jérôme Fouquet
La CGT du spectacle de Bretagne a renoncé, hier, à perturber les Vieilles Charrues, alors que les organisateurs de festivals bretons sont prêts à faire à nouveau appel à la population pour assurer le bon déroulement de leurs manifestations.
Ouf ! Les organisateurs et les bénévoles du festival des Vieilles Charrues (à Carhaix, de vendredi à dimanche) peuvent respirer. Hier, l’Union de Bretagne des syndicats du spectacle CGT a appelé à suspendre toutes les actions des intermittents visant le festival finistérien. « Constatant la situation extrêmement tendue existant dans la ville de Carhaix, l’Ubsac-CGT estime que la sécurité physique même des artistes et des techniciens en lutte ne peut plus être garantie en raison d’éléments organisés en véritables milices, constituées sous l’impulsion de certaines personnalités locales. »
« Milice », un terme controversé
« Nous ne voulons pas aller au clash avec la population », ajoutait Patrice Paichereau, le délégué de l’Ubsac-CGT, sans doute également conscient d’un rapport de force qui, à Carhaix, a nettement tourné en faveur du festival, durant ce week-end prolongé. Après la mobilisation d’une chaîne humaine de 3 000 personnes, les bénévoles du festival en gardent les entrées depuis samedi afin de prévenir toute intrusion des intermittents.
Une formule qui a fait des émules. Hier, les responsables de plusieurs festivals de Bretagne se sont retrouvés à la mairie de Carhaix. Il y avait, avec les Vieilles Charrues, le Festival Interceltique de Lorient, celui du Bout du Monde de Crozon, le Festival de Cornouaille de Quimper, La Saint-Loup de Guingamp et le Festival des Arts de la Rue de Morlaix. Cela pour annoncer « qu’une solidarité sans faille allait unir leurs différentes manifestations de l’été face aux mensonges, annonces de blocages, voire de menaces de sabotages » dont ils accusent la CGT. En se disant « fort d’un soutien populaire et pacifique ». En soulignant que les bénévoles carhaisiens « resteront mobilisés avec les bénévoles des autres festivals pour que toutes les manifestations de l’été en Bretagne aient bel et bien lieu ». Un avertissement très précis à ceux qui seraient tentés de jouer les trouble-fête.
Si la tension est retombée sur le terrain, elle est toujours présente dans les déclarations, les bénévoles de Carhaix n’ayant pas du tout apprécié le terme de « milices » et se sentant « profondément insultés ».
Reste maintenant à organiser la prise de parole des intermittents lors de festivals qui se sont dits solidaires de leurs problèmes. Les responsables des festivals bretons s’y sont engagés hier, mais en affichant leur préférence pour les intermittents locaux au détriment des responsables syndicaux CGT régionaux. « Les revendications légitimes s’exprimeront en lien avec les intermittents salariés sur chaque festival » et « il appartient aux intermittents travaillant sur chaque fête de se positionner sur la grève et à eux seuls. »
L’Ubsac-CGT, de son côté, pose ses conditions. L’information ne saurait être donnée « bien évidemment, par un quelconque organisateur, la situation simultanée d’employeur et de défenseur de ses salariés ouvrant la porte à trop d’ambiguïtés ». Hormis l’information, la « captation d’images » par des sociétés audiovisuelles accusées de recourir « abusivement » à l’intermittence serait « particulièrement indécente ». Enfin, les organisateurs qui ne l’ont pas fait sont invités à rejoindre la convention collective de la chanson, du jazz, de la variété et des musiques actuelles et à ne travailler qu’avec des entreprises qui l’ont signée.
Comme on le voit, le chantier du dialogue social, mis en avant, hier, par Jacques Chirac, est loin d’être bouclé...