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Le fisc de Bush double le patrimoine des super riches

Publie le samedi 18 juin 2005 par Open-Publishing

de Arturo Zampaglione traduit de l’italien par karl&rosa

Il avait l’air en grande forme, David Rockefeller, tandis qu’il se promenait dans le jardin magique des sculptures et dans les salles à peine restructurées du MoMa, le musée d’art contemporain de New York, en saluant des centaines d’amies parées de bijoux, d’hommes politiques en smoking, de ténors de la finance, qui étaient là mardi dernier pour fêter son anniversaire. Dernier petit enfant de John D. Rockefeller, souche de la famille-symbole de la richesse capitaliste, David a atteint la cible des 90 ans, mais il est toujours lucide, guilleret (grâce aussi à la gym et au golf) et orgueilleux de son rôle de mécène et de philanthrope.

Au MoMa - une vieille passion de famille - David Rockefeller a déjà promis 100 millions de dollars (outre les 5 millions qu’il verse annuellement) et il a demandé à ses amis d’en faire autant. L’appel a été aussitôt entendu. Dans les caisses du musée, projeté par Yoshio Taniguchi, sont en train de pleuvoir des dizaines de millions. 75% de la restructuration du musée, d’un coût de 840 millions, ont été soutenus par les membres du board dont fait partie Gianluigi Gabetti de l’Ifil. Et même le dîner de gala de l’anniversaire, qui a coûté jusqu’à 90.000 dollars pour chaque table de dix invités, a permis de collecter 3 millions de dollars.

En plus de confirmer la propension philanthropique du capitalisme USA, la soirée de Rockefeller au MoMa a allumé les projecteurs sur la "nouvelle" classe des "hyper riches", comme l’appelle le New York Times dans une belle enquête sur la société américaine. Depuis les temps du grand-père de David, les Etats-Unis ont été un foyer de milliardaires, qui en subissaient la fascination et les idéalisaient : comme dans Le Grand Gatsby de F.S. Fitzgerald. Mais ces dernières années le processus d’enrichissement s’est accéléré et une ligne de partage presque paradoxale entre les riches et les "hyper riches" s’est créée en même temps.

Dans la microbande du 0,1% des Américains les plus riches il y a 145.000 contribuables avec des revenus annuels supérieurs à 1,6 millions de dollars et avec une moyenne de 3 millions de dollars, ce qui est deux fois et demi supérieur au chiffre d’il y a vingt ans. Dans la même période, les familles avec un patrimoine supérieur à 10 millions de dollars ont augmenté, en déduisant l’inflation, de 409%. Et les revenus des "hyper riches" représentent 7,4% du revenu national.

Il suffit de faire un tour parmi les villas de la petite île atlantique de Nantucket (comme l’a fait le New York Times), ou de visiter d’autres paradis ghettos, ou de participer à un dîner de gala du MoMa, pour comprendre que la "hyper richesse" n’est pas une prérogative de la vieille aristocratie financière à la Rockefeller. Seulement 37 des 400 milliardaires du hit-parade de Forbes doivent leurs fortunes à l’héritage de famille (parmi ceux-ci David, dont le patrimoine est évalué autour de 2,5 milliards).

Les autres - décidément majoritaires - sont des self-made-men, qui ont chevauché avec succès quelques booms de secteur, en commençant par la new economy. Mais derrière l’explosion des "hyper riches" il y a aussi un choix politique : malgré les assurances d’un sens contraire données pendant sa dernière campagne présidentielle, les réductions fiscales de George W. Bush ont favorisé surtout les "hyper riches", en consolidant leur nouveau rôle dans la société.

a.zampaglione@repubblica.it