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Le libéralisme façon François Bayrou de Grégory Marin

Publie le samedi 24 février 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Le candidat de l’UDF à la présidentielle laisse entendre qu’il pourrait gouverner avec la gauche, mais son programme décrit une vision de la société empruntée à la droite.

Dopé par des sondages qui le créditent de 16 % d’intentions de vote, François Bayrou en conclut que sa stratégie de « troisième voie » est payante. Mais il a beau fanfaronner en déclarant qu’il ne « rentrerait pas au bercail » de la droite, son programme décline les propositions les plus libérales de l’UMP de Nicolas Sarkozy. Des points qu’il aura du mal à faire accepter par d’éventuels partenaires de gauche.

Maîtrise du déficit au détriment du service public

La réduction du déficit public, nouveau cheval de bataille de François Bayrou. Une obsession nouvelle, qui devrait selon lui être celle de tout candidat à la présidentielle puisqu’il veut « obliger tous les gouvernements successifs à partir de maintenant à assumer les dépenses courantes de l’État sans emprunter, sans augmenter la dette », a-t-il déclaré la semaine dernière sur RMC. Dans l’émission À vous de juger, sur France 2, il s’est donné « trois ans pour supprimer le déficit de fonctionnement de l’État », sur la base de « 20 milliards d’euros par an » de réduction. La forme que prendrait cette « guerre aux déficits et à la dette » ? Premièrement, « l’inscription dans la Constitution de l’interdiction de présenter un budget en déficit de fonctionnement ». Deuxièmement, « toute baisse des prélèvements obligatoires doit être compensée par des économies », estime Hervé Morin, bras droit de François Bayrou.

La recette est clairement de droite : la baisse de l’impôt, des cotisations obligatoires des organismes sociaux et des cotisations parafiscales (des professionnels et entreprises) s’accompagne d’une « remise à plat » de la « structure publique ». François Bayrou entend donc mettre la fonction publique au régime sec : « Il y a à faire des économies et ne pas remplacer des fonctionnaires dans les secteurs où l’État n’est pas indispensable. » Dans la foulée, il met la pression sur les rescapés de cette administration affaiblie, leur réclamant « un effort de productivité de 2 % par an pendant six à huit ans ».

véritable Casse de la politique de l’emploi

Engagement également pris devant les caméras de France 2 lors de l’émission À vous de juger, un « dispositif, dont le coût est évalué à 6 milliards d’euros, permettant à chaque entreprise, quelle que soit sa taille, de créer deux emplois nouveaux sans charges (hormis les 10 % pour les retraites) pour une durée de cinq ans ». La baisse des charges patronales a coûté 22 milliards de recettes à l’État en 2006. Non seulement cette politique ne favorise pas la création d’emplois, mais elle affaiblit le système de protection sociale en le privant de financement. Dans la même veine, l’UDF dispute à Nicolas Sarkozy la proposition de majoration des heures supplémentaires, « afin d’inciter ceux qui veulent gagner plus à travailler plus ». Le parti centriste propose 35 %, l’UMP 25 %, sans tenir compte ni l’un ni l’autre du dépassement : au-delà de huit heures supplémentaires, la majoration, selon le Code du travail est de 50 %.

Le document de référence du droit du travail est la cible du candidat UDF, favorable à ce que « la durée du travail (soit) négociée branche par branche car les contraintes horaires ne sont pas les mêmes d’un secteur d’activité à un autre ». La fixation du temps de travail, une prérogative de l’État que François Bayrou veut abandonner aux patrons. Ce n’est pas sa seule concession : selon son site Internet, « l’UDF défend pendant cette campagne un contrat de travail unique à droits renforcés dans le temps ». Un air de déjà-vu ? La proposition est la même que celle de Nicolas Sarkozy. Pour couronner le tout, le candidat UDF entend revenir insidieusement sur les acquis sociaux, prônant non pas leur réforme brutale, mais la « mise en extinction progressive » des régimes spéciaux de retraite, excluant « les nouveaux entrants dans l’entreprise » de ces « avantages » souvent dus à la pénibilité du travail.

Imposition d’un nouveau traité européen

François Bayrou appelle de ses voeux l’adoption d’un nouveau traité constitutionnel européen (TCE) « substantiel, simple et compréhensible par tous », ne prenant en compte que les aspects « d’ordre démocratique et du fonctionnement des institutions ». Bayrou refuse de prendre en compte les voix du « non », lui qui s’est battu pour l’adoption de la première version du TCE. « Il faut aussi qu’on pense aux 45 % qui ont voté « oui » et n’ont pas de porte-parole dans le débat français », lâchait-il en mai 2006. Il a gardé une haine farouche envers les électeurs qui ont mal voté : n’estimait-il pas, peu avant le scrutin du 29 mai 2005, que « soit tout s’arrête et il n’y a plus de constitution européenne », soit « on nous demandera de voter une seconde fois » ? C’est ce second vote qu’il entend imposer aux Français. Curieuse conception de la démocratie...

http://humanite.presse.fr/

http://ulrichsavary.gauchepopulaire.fr/

Messages

  • Pour le programme voir celui de la gauche populaire.

    Mais la définition de libéral alors la c’est le bouquet !Libéral en matiére économique cela veut dire plus de contraintes,salaires en fonction de l’offre et de la demande,pas de contrainte de durée du travail,pas de sécu,ni de protection du travail.Pas d’état sauf pour la police et l’armée(on comprend pourquoi)privatisation de tout ce qui peu rapporter de l’argent et engendrer des profits.

    On parle aussi d’anarcho-libéralisme.Et c’est le chemin que prend le MEDEF.

    Et il ne faut pas confondre avec"libéral"politique du 19eme siécle qui luttait pour la démocratie.

    Comme quoi on peut faire dire ce que l’on veut aux mots le MEDEF et les capitalistes étant des spécialistes.

    Jean Claude des Landes

    • Le Bayrou nous refait chaque fois le coup avant chaque élection, il crie son indépendance vis-a-vis de l’UMP comme il l’as fait pour le RPR, il prone une autre politique que la droite, mais qui se révéle être aussi libérale.

      Il agite ses petits poings musclés mais comme chaque fois il s’alignera pour avoir les voix de l’UMP aux législatives ou a d’autre élections, il suffit de voir le nombre de maires, députés, sénateurs, voir aussi dans les conseils régionaux et généraux le nombre d’élus du parti dit centriste grace aux voix des électeurs de l’UMP.

      Bon nombre d’électeurs de centre droit ou centre gauche croient que voter Bayrou c’est être moderne et que celui va faire une autre politique, pour eux la désillusion va leur revenir dans le coin de la figure sans trop attendre (1 mois aprés les présidentielles il y aura les législatives, et là on verra les alliances UMP/UDF refleurir) et Bayrou n’aura d’autre solution si il veut avoir des élus, qu’a avaler son slogan d’indépendance et rentrer dans le rang pour 5 ans.

      SUPERYETI

  • Bonjour,

    Je sais que ce n’est pas l’endroit pour dire ça. Mais et si sa démarche était sincère ?

    Je n’ai pas vu l’émission d’hier, mais j’ai pris le temps de regarder cette vidéo :
    http://blpwebzine.blogs.com/politicshow/2006/10/politicshow_fut.html

    J’ai vu aussi la vidéo où il a présenté son programme pour l’éducation sur son site, ça ne me paraissait pas aussi creux que les grands discours avec pancartes des autres "grands" candidats.

    Et si on écoute ici, on voit que son parcours a commencé dans la non-violence :
    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/fabriquenew/

    On ne peut pas distribuer les richesses que l’on n’a pas créés. D’une part, s’il a dit que le budget ne devait pas être en déficit, c’est en déficit de fonctionnement uniquement. Cela permet toujours de faire des investissements. D’autre part, il permet un déficit les années de récessions ce qui permet des relances.

    Dépenser pour le courant de l’argent qu’on n’a pas, fait qu’après on paye des intérêts. Et on a encore moins d’argent à dépenser. Tous ceux qui ont connu Cétélem ou Aurore... comprennent. Si on doit s’endetter autant que ce soit pour un appartement.

    Pour moi vouloir gérer l’état d’une façon similaire ne me paraît pas absurde.

    C’est sûr ça fait moins sexy que des promesses "financées par la croissance car quand je serai président(e) il y aura plus de croissance", qui est toujours le fond de commerce des 2 principaux partis.

    Merci de votre lecture.