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Le logement en milieu rural, dures réalités !

Publie le lundi 17 décembre 2007 par Open-Publishing
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de Michel MENGNEAU

Sans occulter les problèmes cruciaux qui sont par posés le logement des sans-papier, des mal-logés, de ceux qui ne sont pas logés du tout, à l’heure où ces problèmes sont exacerbés une autre forme de disparition du logement social voit le jour et s’augmente inexorablement en milieu rural, pourtant à priori moins touché par les flux migratoires et la dispersion des populations.

On y assiste de façon apparemment anodine et pour diverses raisons plus ou moins valables à la disparition de maisons louables, voire d’appartements aux loyers modérés.

Nous prendrons pour exemple une petite commune de l’ouest /sud-ouest en bordure d’une zone touristique, rattachée à une commune plus importante dont le maire est socialiste. D’ailleurs, pour en situer l’état d’esprit, lors du référendum pour le TCE le vote de cette commune seule fut environ à 70% pour le non.

Seulement voilà, lors de du transfert de la mairie dans d’autre locaux soi-disant mieux adaptés, s’est posé le problème de l’ancienne mairie laissée vacante. Encore à peu près en bon état, suffisamment spacieuse, c’eût été une bonne occasion pour que la commune se dote de deux ou trois logements sociaux. Et bien non, ils l’ont vendu, fort cher, de surcroît à des anglais. Il va sans dire que d’autres maisons se trouvant libre et à vendre du fait de la disparition d’un nombre important d’anciens, les promoteurs anglo-saxon s’en sont donnés à coeur joie. Ce qui eut pour conséquence de faire augmenter encore plus le cours exponentiel de l’immobilier. Pour la population locale en générale, en particulier afin de redonner de la vie à ce village en y faisant venir des jeunes aux moyens limités qui auraient voulu restaurer, habiter dans des maisons traditionnelles, trouver de quoi se loger, c’est devenu totalement impossible.

Ne voulant pas que cet état de chose perdure, plusieurs habitants en firent la remarque. Où
c’est beaucoup plus grave ce fut dans la réponse pleine de sous-entendus des responsables municipaux : Oui, mais vous savez, la location....

De plus, la municipalité après avoir observé que cette petite commune étant seule située en bordure d’un espace naturel remarquable sa vocation serait essentiellement touristique. Donc subventions à tout va pour les gîtes ruraux et autres formes d’hébergements campagnards. Que l’on veuille faire connaître sa région en favorisant l’accueil de ses visiteurs n’est pas forcément une mauvaise chose en soi. Mais où c’est plus gênant c’est l’abus qui en est fait, surtout lorsque des gens ayant une autre vision de la vie veulent aménager leur grange pour y faire des appartements aux loyers à bas prix se voient alors refuser un quelconque subside.

Une fois de plus certains en firent la remarque. Une fois de plus la réponse fut du même acabit que la première : Oui, mais vous savez, ça permet la rénovation de l’habitat rural !....
Arguments d’autant plus fallacieux dans la mesure où l’on assiste à une uniformisation des maisons, toutes en pierres apparentes ou autres apparences extérieures bien déterminées, volets de la même couleur. Les siècles avaient pourtant construit un habitat diversifié donnant un charme un peu hétéroclite.

Le pire sans doute c’est que ce genre d’attitude conduit à créer des endroits dont vont pouvoir en jouir uniquement une couche sociale déjà aisée de la population, conduisant les autres, moins nantis, vers des quartiers qui leurs seront réservés, donc « ghettoïsation ».
On fit alors la remarque : dans des cas comme celui-ci – qui sont de plus en plus nombreux et qui méritent une attention particulière -, ne serait-il pas justifié de mettre en place un système de régulation ? Que se soit par un texte législatif approprié ou autres formes déterminées.

La réponse, une fois de plus, fut aussi désespérante que les précédentes.

Oui mais, vous savez, ça touche à la liberté individuelle....

Certes, la liberté individuelle est importante. Mais un vieux dicton populaire n’ayant pas perdu son bon sens moralisateur dit : « la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres ! ».

N’ayons donc pas peur, dans de telles circonstances qui mènent à la déstructuration du milieu rural aux profits de quelques nantis et dans le cas cité de le diriger de façon obsessionnelle que vers la solution touristique, de vouloir imposer quelques codes de bonne conduite.

Toutes ces raisons évoquées, liées aussi à la totale disparition des petits et moyens agriculteurs, engendrent une désertification importante de l’espace rural, avec les conséquences que l’on connaît : fini le petit commerce, de moins en moins de service public, plus du tout d’école laïque, etc.

Cet exemple est celui d’une municipalité socialiste....

Le problème n’est pas tant la couleur politique de cette municipalité, mais dans la répartition absolument inique des richesses pour lesquelles le sens du mot « collectivité » est totalement absout. L’on ressent d’ailleurs aucunement un quelconque relent de conscience ou de perception du véritable bien public dans l’attitude de beaucoup de nos dirigeants. Et l’on assiste à des tas de faux-semblants médiatisés qui ne sont qu’une suite de mesures d’apparats.

En se rappropriant l’espace rural, le désengorgement des villes commencerait à être effectif. D’autant que beaucoup de maisons sont encore libre ou vont l’être.

Mais pour cela, en tentant de faire évoluer les mentalités, il faut concevoir une société différente. Plus proche, plus solidaire ou la capitalisation ne sera plus un let-motive. Revenir à une industrie plus artisanale, donc plus dispersée, pareil pour le commerce ce qui permettrait sa disparité et la proximité, c’est à travers ces pistes que pourra sans doute se construire la société de demain…

Messages

  • Je crois que vous touchez à travers votre article un phénomène largement répandu en milieu rural . Mais pour éviter les dérives que vous décrivez il reste la possibilité pour les habitants d’excercer un droit de ragard sur le "PLU "de sa localité et surtout de ne pas hésiter à rendre visite à son maire car en cette période électorale il ne doit pas être insensible à vos(nos) remarques etc. En tout cas bravo pour cet exposé.