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Le mal du siécle

Publie le mercredi 24 janvier 2007 par Open-Publishing
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Msn, « chats », forums, jeux vidéos, dromomanie sentimentalo-sexuelle, consommation cannabique, achats névrotiques et télévision à hautes doses… les activités qui meublent quotidiennement les existences modernes dégueulent d’un ennui permanent et poisseux.

Ces pathétiques hochets infantiles sont les uniques bouées qu’ont trouvées les néo-humains occidentaux pour tenter de distraire un peu leur oisiveté aboulique tout en s’exposant le moins possible au réel, à ses contraintes, ses responsabilités, ses difficultés, ses fatigues, ses déceptions, ses violences, et ses exigences.

Trop nourrie, trop agréablement chauffée et facilement vêtue et choyée, occupée au mieux 35 heures par semaine par des « jobs » du tertiaire qui ne sont bien souvent que des fictions de travail, la masse des néo-bourgeois du troisième millénaire se retrouve trop vite face à elle-même et au vide abyssal et angoissant ouvert sous ses pieds par la religion de l’individu-roi et de sa soi-disant « liberté » toute puissante qui n’est en réalité que son arrachement à la Tradition et donc aux obligations et règles qu’elle induisait et dont l’observance remplissait et rythmait des existences ordonnées autour de ce précieux et complexe enchevêtrement de devoirs, de solidarités, de labeurs, de dévotions, d’assistance aux anciens et de transmission aux nouveaux.

Désormais, l’individu ne vaut que par lui-même, exclusivement, et par les plaisirs personnels qu’il peut tirer de ses jours. Réduit à cet hédonisme sans transcendance, l’homme, une fois passés les premiers et éphémères enthousiasmes de l’ivresse et de la déréliction, s’ennuie comme un rat mort.

Coupé de l’art (car l’art n’est pas qu’une jouissance sensuelle ou une mise en scène d’un « concept » mais une tension vers Dieu et l’absolu qu’il incarne…), écarté de la littérature (quel sens pourrait avoir ces mots du passé ou d’un autre pour celui qui se pense une individualité sans comparaison, unique et sans attaches, pur produit de sa seule volonté ?), incapable d’aimer un autre que lui-même (pas d’amour véritable sans désir de construction et d’enfantement, c’est-à-dire sans volonté d’inscription dans une lignée intemporelle…), le zombie contemporain ne peut plus que s’agiter aussi frénétiquement que pathétiquement pour tenter de masquer sa déshérence et son malheur aux yeux des « autres », cette armée de clones devenus juges ultimes.

70 ans ou 80 ans de cette existence, passés sur un bout de terre sans signification charnelle, vautré dans un confort cotonneux sans passé, sans identité, sans aspirations ni horizon transcendant sa finitude, cela ne peut pas avoir le moindre sens. Il faut alors beaucoup d’alcool, beaucoup de médicaments, beaucoup d’amant(e)s de passage, de partouzes, de séances de psy, de néo-boudhisme scientologue et de bougisme exotisant pour supporter cette vacuité.

L’homme a besoin d’être plus grand que lui-même. L’époque le lui interdit, c’est la raison principale pour laquelle il est impérieux et vital de la combattre et de la terrasser.

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