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Le monde merveilleux de l’Education nationale
Publie le mardi 15 juin 2010 par Open-Publishing5 commentaires
Compte rendu de la réunion de préparation à l’oral du bac professionnel, 14 Juin 2010
Cette réunion avec les inspectrices s’est tenue pour expliquer aux enseignants de Lettres Histoire Géographie dont je suis, le déroulement et les modalités de l’oral de rattrapage prévu les 7 et 8 juillet...Un peu court ? Ne commencez pas à chipoter sur les détails... On est dans le Monde Merveilleux de l’EDUCNAT !!!
Comme nous l’a dit l’inspectrice, les profs ont les obligations et les devoirs de tous fonctionnaires, et quand un texte est publié au BO (bulletin officiel), il a force de loi Donc, on obéit, on ne pense pas !
Nous devons donc faire passer un oral à nos bacs pro, pour qu’ils soient comme les généraux... C’est bien. On est tout à fait d’accord pour le revaloriser notre bac-pro !
Sauf, que nos élèves, ben ils le savent même pas vraiment qu’ils passent un oral ! L’année dernière, ça c’est tellement mal passé entre délire et improvisation, qu’on ne sait plus quoi leur dire aux élèves.... Enfin on leur a dit, qu’il en était peut être question, parce que nous non plus on ne savait pas vraiment. Et tout à coup, vlan, BO du 8 Mai, (2010, oui !) c’est fait c’est écrit, donc, c’est "la loi, c’est notre devoir de fonctionnaires"...et réunion pour les détails...
Alors là, je me permets un conseil : parents, munissez vous toujours du dernier BO, parce que à la vitesse ou vont les choses, ben, faut faire gaffe !Vos enfants peuvent changer de programme, de méthode, de modalités d’examen, d’un jour à l’autre ! Les profs, ils sont comme vous, ils le découvrent dans le BO, ou chez les éditeurs qu’on prévient en avance, eux !
Bon, pour le 7 ou le 8 juillet, comme les inspectrices l’ont expliqué aujourd’hui 14 juin, il faut que nous préparions 5 sujets d’histoire et 5 de géo, avec documents couleur s’il vous plait !
Trois "questions larges", pas problématisées, c’est à dire une question du programme, (mais attention pas trop large quand même) et deux sur un document unique et ce, dans les deux matières. Enfin 10 en tout...
Il faut préciser que nos élèves, nous les préparons, selon notre programme, à une épreuve écrite, qu’ils ne sont pas spécialement à l’aise dans nos matières, et que notre démarche repose sur la confrontation de documents On est donc un peu retournés en entendant à quoi va ressembler leur épreuve.
Mais, il reste les sujets de français…
Les voici : "Apres avoir présenté une œuvre, le plus précisément possible, (titre- auteur -époque de publication -propos de l’œuvre), vous expliquerez ce qui vous a intéressé dans cette étude dont vous présenterez les principales lignes de force", ou bien la même chose, mais avec "groupement de textes" au lieu de "œuvre".
(J’ai le droit de l’écrire, c’est dans le BO, donc, pas secret…)
La, on est assommé…..parce que, figurez vous, pour cette épreuve, il n’y a pas de documents. L’œuvre, ou le groupement de textes, c’est dans sa mémoire que l’élève va les chercher…
Je crains que souvent, entre l’examinateur et l’élève, il faille 15mn entières pour comprendre de quelle œuvre on parle !Genre, le roman ou joue tel acteur célèbre, vous voyez ce que je veux dire M’dame ! Même qui se fait tuer à la fin ! Et pour le groupement de textes… ? Je n’ose y penser… !
Bon, vous avez compris : on est dans l’improvisation, et comme nous l’a dit une des inspectrices, on « compte sur notre savoir faire pédagogique, pour tirer le meilleur des candidats »
Mais ce n’est pas fini. Parce que après avoir entendu le type de sujet auquel les élèves vont être soumis, on s’est inquiété du déroulement…
Les candidats bénéficient de 15mn de préparation ; puis sont interrogés 15mn. Quand l’élève va arriver, il va tirer au sort dans le chapeau du prof- ou sac auchan qu’elle a dit la Madame- , enfin, on se débrouille...les sujets préparés vite fait bien fait, chacun de son coté, recopiés sur des petits papiers pliés en deux....( éducation....nationale vous avez dit ?).
Donc il tire au sort un des sujets personnels du prof (bravo l’égalité des chances…)
Il peut alors tomber sur l’un des sujets d’histoire ou de géo ou de français...
Bon, il a le petit papier, ben, comme il y a toutes les chances qu’il ne sache pas trop de quoi il retourne, vous lui expliquer, que ben c’est comme ça ! C’est l’oral ! Et on compte sur votre pédagogie, pour qu’il comprenne vite…
De deux choses l’une :
– Soit le candidat est brillant- ben voyons, il n’a pas été préparé à l’oral, et rappelons qu’il vient d’échouer à l’examen -et vous le laissez s’exprimer les 15 mn entières, subjugué que vous etes...On nous l’a dit, si l’élève est bon, « pas la peine de lui poser de questions, vous écoutez son exposé durant le temps imparti » ; c’est tout.
– Soit il n’est pas trop brillant, et là, vous intervenez : vous ne le laissez pas répéter 15 fois, ben, j’aime ce livre parce qu’il est super génial, mais vous lui posez des questions sur une œuvre ou un groupement de textes que vous n’avez pas sous les yeux, ni l’élève d’ailleurs.
Je n’imaginais un oral de français sous cette forme…
Mr Châtel, vous m’ouvrez les yeux sur un monde que je ne soupçonnais pas !Mais je ne suis pas encline à vous en remercier pour autant…
Bon voila...Vous saluez et vous prenez 5 mn pour réfléchir et le noter .Et, « au suivant ! »
Oui, parce que vous interrogez durant 6heures, soit 18 élèves dans la même journée, à la queue leu leu, sans pose, sauf pour déjeuner quand même qu’elle a dit !
Ouf...Merci m’dame ! Si en plus on n’avait pas mangé, il y avait de quoi se suicider direct !...
Je crois que mon inspectrice, avec mes questions à la con, qui me semblaient pourtant de bon sens, ben elle m’apprécie plus trop...Heureusement, elle m’a déjà inspectée il y a 4 ou5 mois...quoique, comme ils ont aussi reformé la notation, je n’ai encore reçu que le rapport, mais pas la note !
Maman, j’ai peur !! Pourquoi suis-je devenue fonctionnaire ?? Avec mon mauvais esprit, ça va mal finir !!!
C’est pour bientôt les suicides en salle des profs, ou en salle de classe….
Messages
1. Le monde merveilleux de l’Education nationale, 15 juin 2010, 20:18
En dehors de cet exemple de stupidité de l’oral ainsi annoncé, une chose qui m’a toujours étonné dans l’EN, c’est le degré de facilité qu’ont la plupart des inspecteurs ( primaire et secondaire) pour toujours être d’accord avec le gouvernement, les gouvernements et donc le ministre sévissant sous le régime.
J’ai vu des inspecteurs défendre ardemment une directive, un projet et le critiquer l’année d’après car le ministre n’était pas le même.
Un inspecteur m’a même dit " si on ne fait pas de politique, on peut être inspecteur" quand je l’interrogeais sur les orientations possibles pour "évoluer" dans les carrières. Au moins, c’est honnête sa réponse !
Mais comment peut-on toujours être d’accord ? Comment peut-on ne pas réagir quand on travaille avec des enfants, des lycéens, des collégiens ? Quand on travaille en ZEP ? Quand on est chaque jour face au reflet de la société et de tous ses problèmes qu’on prend en pleine tronche ?
Peut-être en étant inspecteur ? .....C’est un rôle particulier que d’être "grand serviteur de l’Etat !" en général .... faut-il être sourd , aveugle et sans idées, sans sentiments, sans ...conscience ?
1. Le monde merveilleux de l’Education nationale, 15 juin 2010, 20:40
Les inspecteurs(trices) ne sont pas toujours d’accord, ils(elles) sont carriéristes avec des dents qui rayent les parquets.
2. Le monde merveilleux de l’Education nationale, 16 juin 2010, 06:21, par Vincent Crosetti
Ils (elles) ont aussi (et surtout) une sale mentalité de "petits chefs"... Si t’as pas une "tête" et/ou des idées qui ne leur "reviennent" pas, tu morfles un maximum... Pour admirer le plus bel (et réaliste) spécimen de cette engeance, référez-vous au film de Bertrand Tavernier (ça commence aujourd’hui) avec entre autres la séquence (anthologique) de l’inspection d’un directeur de maternelle d’un réalisme confondant !!! Et pour cause le scénariste n’est autre que Dominique Sampiero lui-même instituteur puis directeur ayant "comme par hasard" subi le même genre de "déboires" au cours de sa carrière... Les autres enseignants du commun comme moi, savent de quoi il en retourne !!!...
2. Le monde merveilleux de l’Education nationale, 16 juin 2010, 00:39, par dramstein
Merci pour l’info, je passe les oraux du caplp en juillet, ça donne envie ! ^^
3. Le monde merveilleux de l’Education nationale, 16 juin 2010, 19:15
Merci de ces infos, et je voudrais rebondir sur un détail : vous dites que les éditeurs sont informés avant les profs, et c’est vrai, alors que les programmes devraient être élaborés par ceux qui vont les enseigner !
Je trouve toujours regrettable qu’on n’utilise pas plus cette puissance des éditeurs, les seules personnes que nos dirigeants écoutent.
Je veux parler de boycott. Personne ne peut imposer à un collège ou un lycée de changer de manuel scolaire.
Si les profs étaient appelés par leurs syndicats à ne changer les manuels que quand ils sauront sur quel pied danser et quand ils jugeront les programmes bien faits, les éditeurs feraient un gros caca-culotte et ils demanderaient à nos ministres et hauts fonctionnaires d’arrêter les conneries.
Et ils seraient écoutés, eux !
Pareil, pour les retraites ! Si les actifs étaient appelés par leurs syndicats à vivre comme avec leur future retraite décotée, à éviter en priorité les commerçants, artisans, représentants et autres gnangnans qui applaudissent quand on saque les salariés, les princes qui nous gouvernent commenceraient à s’inquiéter. D’autant qu’on peut tenir indéfiniment, au contraire d’une grève.
Mais je ne compte pas sur les Français pour savoir tenir un boycott.
Donc, les programmes scolaires continueront d’être faits en dépit du bon sens et nos retraites seront réduites.