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Le "oui" du PS au traité européen conforte Chirac pour le référendum de 2005
Publie le mardi 31 mai 2005 par Open-Publishingde Delphine Girard
Les militants socialistes ont approuvé à une large majorité (près de 59 %) la Constitution européenne. Ce vote renforce l’autorité de François Hollande et clarifie les perspectives du parti pour 2007.
Euphorie rue de Solférino, soulagement dans les rangs de la majorité : le vote des militants socialistes, qui se sont prononcés mercredi soir à près de 59 % en faveur de la Constitution européenne, a éclairci d’un coup la vie politique française, suspendue depuis des mois au résultat de la consultation interne des adhérents PS sur le traité européen.
La large victoire du "oui" rejaillit d’abord sur François Hollande, dont l’autorité sort renforcée, donnant au Premier secrétaire une stature de présidentiable pour 2007. "Cette victoire démocratique, venant après celles, au plan électoral, du printemps dernier, en annonce d’autres qui, j’espère, seront aussi belles, plus belles encore", a déclaré François Hollande jeudi. Il a lancé un appel à l’unité du parti, dont les blessures, après les âpres débats de la campagne, auront du mal à se refermer. "Notre position, celle que les socialistes ont choisie à une forte majorité, devient la position de tous les socialistes", a-t-il affirmé.
Sévère défaite. La défaite est sévère pour le numéro deux du parti, Laurent Fabius, qui a pris "acte avec regret" et voit ses ambitions sérieusement compromises pour la présidentielle de 2007. La victoire des tenants du "oui" est d’autant plus éclatante que le taux de participation pour ce référendum des militants a atteint un niveau record de 80 %, jamais égalé, pour une consultation interne, dans l’histoire du parti socialiste. "Les militants sont beaucoup plus motivés au PS qu’à l’UMP, puisque l’élection de Sarkozy dimanche au Bourget n’a suscité qu’un taux de participation de 53,2 %", ironisait hier un membre de la direction du PS.
Le président Chirac a qualifié jeudi de "bonne nouvelle pour l’Europe" le résultat du référendum interne du parti socialiste. Bonne pour l’Europe, la nouvelle l’est aussi pour le chef de l’Etat, dont les chances de sortir victorieux du référendum national sur la Constitution prévu, pour l’instant, au second semestre 2005 sortent renforcées par le vote largement majoritaire des militants socialistes en faveur du traité. Si le "non" l’avait emporté au PS, la référendum national risquait de se transformer l’an prochain en "troisième tour" sanction contre le gouvernement, après l’échec des régionales et des européennes en 2004.
Dans les milieux gouvernementaux, on laisse entendre que le président de la République pourrait être tenté d’avancer au printemps 2005 le référendum national pour profiter de la dynamique en faveur de la Constitution créée par le vote socialiste. Moins confiant que l’UMP, pour qui le résultat de la consultation PS est de bon augure pour le référendum national, Hervé Morin, le président du groupe UDF à l’Assemblée, "ne partage pas l’euphorie ambiante" et souligne "l’incertitude très lourde qui pèse sur le référendum de 2005". Le souvenir de Maastricht en 1992 nourrit certaines craintes. Le traité avait été adopté d’une courte majorité de 51,05 %, en dépit du soutien des deux principaux partis de la majorité PS et de l’opposition. Au-delà du débat strictement européen, la nette victoire des partisans du "oui" au référendum interne va peser sur l’évolution du parti socialiste, entraînant sans doute un remaniement de ses instances dirigeantes et une clarification de sa ligne politique. Ces lourds sujets seront débattus dès samedi à Paris au conseil national du parti. Laurent Fabius va-t-il rester numéro deux ? "C’est à lui d’en décider", a commenté hier Martine Aubry. La maire de Lille pourrait faire son retour au bureau national, d’autres personnalités comme Manuel Valls ou Marie-Noëlle Lienemann, qui ont fait campagne pour le "non", pouvant en être écartés. Plus encore qu’une bataille d’hommes, le vote du 1er décembre donne au parti socialiste l’occasion de trancher le débat récurrent sur son orientation réformiste ou radicale.
Réformisme assumé. "Le moment est venu de mettre fin à cette longue période où nous avons vécu un Bad Godesberg rampant", affirmait dernièrement Dominique Strauss-Kahn, faisant allusion à cette période de l’histoire où, en 1959, les socialistes allemands avaient rompu avec le marxisme. La victoire du oui au traité européen ancre définitivement le Parti socialiste français, comme ses homologues européens, dans un réformisme assumé et revendiqué, dont le projet pour 2007 portera la marque.
La Tribune 3/12/2004