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Le petit peuple de Buenos Aires en révolte contre sa police
Publie le mercredi 21 juillet 2004 par Open-Publishing1 commentaire
Cinq commissariats de la capitale attaqués par des mécontents, en juin.
Par Antoine BIGO
Au sud de la ville, bordant le Riachuelo, fleuve égout à ciel ouvert, s’étend le quartier de La Boca. Les chauffeurs de taxi répugnent à y emmener leurs clients après la tombée du jour car, derrière le caminito, pâté de maisons aux façades bariolées à vocation touristique, s’étend un entrelacs de ruelles aux baraques brinquebalantes et aux ateliers abandonnés. Pour se préserver des inondations, les trottoirs font parfois un mètre de haut et la nuit, l’absence d’éclairage rend la zone inquiétante. Ce quartier d’origine italienne est très populaire dans toute l’Argentine pour abriter la Bombonera (la bonbonnière), le stade de Boca Juniors, l’équipe phare du pays .
Violence. Mais la crise économique et les choix de la municipalité de Buenos Aires, qui a concentré ses investissements plutôt vers le nord de la capitale, ont fait basculer La Boca dans la pauvreté et récemment dans la violence après l’occupation et le pillage par un groupe de piqueteros (1), ces chômeurs qui n’ont rien à perdre, d’un commissariat de police. Dans le climat d’insécurité et de fronde permanente qui s’est installé dans le pays depuis le début du mois de juin, cette mise à sac a traumatisé les Argentins et provoqué la réaction du ministre de la Défense, José Pampuro, qui a évoqué « des attitudes qui transforment l’Argentine en un pays violent ».
Dans la nuit du 25 au 26 juin, un militant de la FTV (Federation Tierra y Vivienda), responsable d’une cantine populaire de La Boca, est assassiné dans des conditions douteuses. Aussitôt, un groupe de voisins et de militants de la FTV marche sur le commissariat, la rage au ventre : « On y allait pour foutre le feu car ce sont les policiers du quartier qui sont les responsables de ce meurtre ou au moins les complices », raconte un habitant de La Boca. Les piqueteros de la FTV ont pris d’assaut le commissariat parce qu’ils considéraient que l’assassin présumé de leur collègue était protégé par la police. De fait, le suspect, mi-dealer mi-indic, était recherché depuis trois ans pour un vol à main armée dans la banlieue de Buenos Aires. Finalement, il a très vite été arrêté et le commissaire, qui n’a pas pu empêcher l’occupation pendant neuf heures de son poste de police, a été démis de ses fonctions. En juin, cinq commissariats de la capitale ou de la province de Buenos Aires ont été attaqués par des militants politiques d’extrême gauche ou des piqueteros, mais aussi, plus grave, par des voisins, des amis ou la famille de victimes de bavures policières venus eux-mêmes « se faire justice ».
Caillassage. « Le dimanche, les policiers m’ont raconté trois versions différentes : d’abord qu’ils ne savaient rien, puis quelques heures plus tard que mon fils était détenu et enfin, en début d’après-midi, qu’il fallait que j’aille reconnaître son corps à la morgue », raconte Roberto Lucerna. Cette mort douteuse à la sortie d’une discothèque a entraîné le caillassage d’un commissariat de La Matanza, banlieue de l’ouest de la capitale, et l’incendie d’un véhicule de police. Malgré la purge effectuée par les autorités quelque 600 fonctionnaires, dont la plupart de hauts responsables , les bavures de la police, son incompétence, ses liens avec la mafia locale n’ont jamais été aussi évidents pour les habitants de Buenos Aires et de son agglomération. Plus grave, le président de la République lui-même, Nestor Kirchner, n’a pas confiance dans ses forces de l’ordre. Accusé de passivité devant les incessantes coupures de routes et prises de bâtiments publics ou d’entreprises privées, comme McDonald ou Repsol, le chef de l’Etat avoue son impuissance : « Je ne vais pas réprimer avec cette police à la gâchette facile. »
Frondes populaires. Désabusé, Roberto Guerni, un commerçant de la banlieue Sud raconte : « J’ai été dévalisé deux fois cette année. Je ne suis pas allé porter plainte pour deux raisons. D’abord parce que cela ne sert à rien et surtout parce que j’ai peur de me retrouver au commissariat devant les hommes qui m’ont dérobé la caisse. » Sur les 250 000 plaintes reçues chaque année dans le Grand Buenos Aires (13 millions d’habitants), seules 2 % d’entre elles font l’objet d’un jugement. De quoi expliquer les frondes populaires qui embrasent régulièrement la capitale dont les habitants sont confrontés à la fois à une police qu’ils craignent, à une justice lente et inefficace et à des protestations sociales permanentes de groupes de piqueteros qui coupent les accès à la capitale, occupent le centre-ville et investissent les gares ou les stations de métro.
(1) Piqueteros vient du français « piquet » (de grève). Ce sont des chômeurs qui coupent les routes. Ne pouvant se syndiquer, puisque sans travail, ils se sont organisés en mouvements sociaux qui dépendent de partis politiques d’extrême gauche manipulés par les péronistes.
Messages
1. > Le petit peuple de Buenos Aires en révolte contre sa police, 21 juillet 2004, 19:46
manipulé par les péronistes
pauvre plumitif de libérachions les piqueteros argentins sont les premiers a ne pas faire confiance aux péronistes dont ils sont les premiers a avoir subi(es) les régressions sociales et la corruption
libérachions le journal aux ordres et a la botte comme d’habitude