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Le placard aux momies

Publie le dimanche 9 novembre 2008 par Open-Publishing

Usure des modèles et des hommes : de l’obsolescence des formations partisanes à l’apparition inéluctable d’une nouvelle respiration politique.

S’il y a une image susceptible de s’imposer dès lors que l’on évoque les derniers soubresauts du PS, prochainement en état de mort clinique, c’est celle du Musée des Antiquités égyptiennes du Caire, du temps où il était encore cet étonnant capharnaüm qui le rendait si attachant : un bazar insensé.

Le spectacle d’ombres chinoises ou d’automates déglingués (le choix est ouvert) qui se déroule depuis plusieurs mois au sein du PS démontre que c’est l’oligarchie institutionnalisée (phénomène constaté dans toutes les formations politiques sans exception) qui prétend en assurer le renouvellement qui conduit en réalité ce type de structure au dépérissement puis à sa disparition pure et simple.

Où l’on voit que la phylogenèse est implacable puisqu’après trois présidentielles perdues coup sur coup, le Parti socialiste écartelé entre six programmes politiques ne réussira pas la rénovation après laquelle il court pour retrouver une voix et un poids face à ses adversaires avant l’élection présidentielle de 2012.

Est-ce à dire pour autant que l’actuelle formation au pouvoir sera quant à elle protégée ? Nullement.

Des chercheurs comme Katz et Mair ont en effet montré que les perspectives d’évolution des organisations partisanes vers le modèle du parti cartel, véritable plaie institutionnelle, loin de prédisposer à une mixité des mobilisations politiques et sociales, suggèrent au contraire une institutionnalisation accrue, une moindre prise en compte des intérêts de la société civile, des pratiques militantes appauvries par une professionnalisation politique, et une dépendance financière et institutionnelle accrue à l’égard de l’Etat.

A ce stade, qui touche tous les partis sans exception, le ver est donc dans le fruit.

Si la crise de la représentation politique procède de l’incapacité de l’Etat, fondé sur une conception atomiste du mandat, à prendre en charge les différentes communautés (Amselle, 2000), la même hypothèse, comme l’observe très justement Laurent Olivier (in Les partis politiques saisis par les logiques militantes du mouvement social. « Mouvementisation » et désinstitutionnalisation partisane. L’exemple français. Laurent Olivier GREP, Université de Nancy 2) peut être proposée pour les partis politiques.

"Traditionnellement, remarque-t-il (nous citons) la participation des militants et le pluralisme étaient encadrés selon une logique d’intégration. Mais les responsables des partis s’efforcent de clôturer, de réifier leur organisation en homogénéisant ses causes, notamment grâce à une unité programmatique."

Or, c’est là que le bât blesse dans la mesure où quels que soient les unités programmatiques, proposées ou mises en place pour assurer la pérennité des formations partisanes (soit pour se maintenir au pouvoir , soit pour le conquérir), les rénovations nationales, les ralliements, toutes ces actions sont vouées à l’échec parce que menées par des têtes de listes usées, fatiguées, démonétisées, qui n’ont pas compris que le véritable problème de leurs partis respectifs était elles-mêmes.

Au moment où devant le plébiscite planétaire qui a anticipé l’élection du charismatique Barack Obama la presse s’interroge sur l’impossibilté de trouver un "Obama français", chacun perçoit bien, pour peu qu’il réfléchisse un instant, que les scissions politiques en cours et les cadenassages partisans ouvrent un immense espace de reconstruction à des forces nouvelles transdiciplinaires qui ne sont ni de Droite, ni de Gauche, ni Centristes, mais tout simplement...politiquement, économiquement et socialement nouvelles et métissées.

Un nouveau paradigme est donc très probablement en train de se mettre en place qui va conduire les simulacres qui s’agitent encore au nom du PS, de l’UMP, du MoDem etc...et qui s’évertuent à tenter de maintenir à flot les formations politiques actuelles dans leur ensemble à rejoindre enfin la place qui les attend inéluctablement : le placard aux momies.