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Le poète Nazim Hikmet retrouve sa nationalité turque à titre posthume
Publie le jeudi 8 janvier 2009 par Open-PublishingLe poète Nazim Hikmet retrouve sa nationalité turque à titre posthume
ANKARA |Lundi 5 Janvier 2009
Le poète Nazim Hikmet, l’une des plus importantes figures de la littérature turque du XXe siècle, s’est de nouveau vu accorder lundi à titre posthume la nationalité turque dont il avait été déchu en 1951 pour marxisme, a annoncé le porte-parole du gouvernement Cemil Ciçek.
Nazim Hikmet est l’une des plus importantes figures de la littérature turque du XXe siècle, et l’un des premiers poètes turcs à utiliser des vers plus ou moins libres. Hikmet est devenu, de son vivant, un des poètes turcs les plus connus à l’Ouest et ses travaux ont été rapidement traduits dans différentes langues.
Cependant, dans son propre pays, il fut condamné pour marxisme et demeura en Turquie, même après sa mort, un personnage controversé. Il passa quelque 17 années en prison et baptisa la poésie le plus sanglant des arts. Ses écrits soulignent la critique sociale et il est le premier écrivain turc à avoir évoqué le génocide arménien. Il proclama au début des années 1930 que l’artiste est l’ingénieur de l’âme humaine.
Il est né à Salonique (actuellement en Grèce). Son père, Nazim Hikmet Bey était un fonctionnaire et sa mère, Aisha Dshalila, un peintre. Il était le petit-fils d’un pacha ottoman. Il étudia brièvement au lycée francophone Galatasaray à Istanbul et étudia par la suite même à l’école navale turque — mais fut réformé après son premier embarquement en raison de son état de santé. Durant la guerre d’indépendance, il rejoignit Atatürk en Anatolie et ensuite travailla comme enseignant à Bolu. Il étudia la sociologie à l’université de Moscou (1921-1928) et devint membre du parti communiste turc dans les années vingt.
Après son retour en Turquie en 1928, sans visa, Hikmet écrivit des articles pour des journaux et des périodiques, des scénarios et des pièces. Il fut condamné à la prison à cause de son retour irrégulier mais bénéficia d’une amnistie générale en 1935. En 1938, il fut condamné à 28 ans et 4 mois de prison pour « activités anti-nazies et anti-franquistes ». Il passa les douze années suivantes en prison, période pendant laquelle il se maria en deuxièmes noces avec Münevver Andaç.
Il reçut le prix international de la paix en 1955. Déchu de la nationalité turque, il termina sa vie en exil comme citoyen polonais. Cette dernière lui a été rendue de façon posthume le 5 janvier 2009, suite à un conseil des ministres reconnaissant que les crimes dont on l’accusait alors ne sont plus considérés aujourd’hui comme tels. [1] Il mourut d’une crise cardiaque à Moscou et fut enterré au prestigieux cimetière de Novodevitchi.

La grande humanité
La grande humanité voyage sur le pont des navires
Dans les trains en troisième classe
Sur les routes à pied
La grande humanité
La grande humanité va au travail à huit ans
Elle se marie à vingt
Meurt à quarante
La grande humanité
Le pain suffit à tous sauf à la grande humanité
Le riz aussi
Le sucre aussi
Le tissu aussi
Le livre aussi
Cela suffit à tous sauf à la grande humanité
Il n’y a pas d’ombre sur la terre de la grande humanité
Pas de lanternes dans ses rues
Pas de vitres à ses fenêtres
Mais elle a son espoir la grande humanité
On ne peut vivre sans espoir.
(1958)

Enfant il n’a pas arraché les ailes des mouches
accroché des boites de conserve à la queue des chats
ni emprisonné les cafards dans les boites d’allumettes
ou détruit des fourmilières
il a grandi
et toutes ces choses on les lui fit
j’étais à son chevet quand il mourut
récite un poème, dit-il, sur le soleil et sur la mer
sur les cuves atomiques et les lunes artificielles
sur la grandeur de l’humanité.
Nâzim HIKMET ** Il neige dans la nuit ** (1958)
source le matin de geneve-Wikipedia
remerciements speciaux a Pasquale.
Makhno