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Le reporter palestinien primé... privé de prix

Publie le jeudi 2 octobre 2008 par Open-Publishing
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de Philippe SIMON

Mahmud Hams ne peut sortir de Gaza. Il devait se rendre à Bayeux pour venir chercher le Prix des correspondants de guerre, gagné en 2007.
Vous avez reçu le prix Bayeux 2007 de la photo, prix du jury et prix du public. Que vous a apporté ce prix ?

C’est un prix très important, surtout au Proche-Orient, car il est très connu des journalistes qui couvrent les conflits. J’en suis très fier. Le prix Bayeux permet d’être reconnu parmi les nombreux autres photographes qui couvrent la région. Il vient aussi couronner le travail dangereux que l’on réalise chaque jour.

Vous ne pourrez pas venir chercher votre prix, lors de la prochaine édition du Prix, du 6 au 11 octobre...

Les Israéliens ne m’ont pas donné l’autorisation d’aller en Jordanie pour me rendre à Paris, malgré un visa délivré par le consulat de France à Jérusalem. J’attendais avec impatience mon voyage dans un pays que je voulais vraiment visiter. Malheureusement, ceci est le lot quotidien des Palestiniens de Gaza qui ne peuvent pas voyager. En 2006, je n’avais pas non plus pu me rendre en Chine pour recevoir un prix.

La photo pour laquelle vous avez été récompensé est forte. Dans quelles conditions l’avez-vous prise ?

Les F-16 israéliens ont bombardé à trois reprises un bâtiment du Hamas dans le centre de Gaza. Entre deux raids, les gens sont revenus. Soudain, ils se sont mis à courir parce qu’un avion venait de tirer un missile. J’ai pris position pour les photographier, sans penser au reste. À ce moment-là, je n’ai pas vu la roquette ; j’ai seulement entendu une explosion.

Autour de moi, des gens étaient étendus sur le sol en sang. Quand je suis rentré au bureau, j’ai découvert que j’avais pris en photo le missile.

Que pouvez-vous nous dire de votre travail au quotidien, à Gaza ?

Gaza est l’un des endroits les plus difficiles quand vous êtes un photographe. C’est un lieu à risques en raison des incursions et des raids israéliens. En avril, un de mes amis, Fadel Chanaa, photographe de l’agence Reuter, a été tué par un char israélien. La situation a été aussi rendue très dangereuse à cause des affrontements internes entre les combattants du Hamas et du Fatah.

Propos recueillis par mail par Philippe SIMON.

• Pratique. Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, 15e édition, du 6 au 11 octobre, à Bayeux (Calvados). Expositions, tables-ronde, forum, salon du livre. Site internet : « www.prixbayeux.org ».

Source : Ouest-France

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